Il attend

--mephisto--

Il attendIl attend, à l’heure, imperturbable. Revêt sa capuche, tranquille, regarde ses pompes. Ses nouvelles Puma, remplacées la veille. Non, il ne les vole pas lui, non. Il sort la maille, fixe la vendeuse, jette l’argent sur le comptoir. Prends toi ça poufiasse, ouais. La vraie vie, c’est ça p’tain.Sucette sortie, mains enfoncées dans son baggy. « Venez mes brebis, venez. » Chupa chups style va encore faire merveille. Venez, c’est l’heure. C’est toujours là que ça se passe, bien sûr. A droite derrière le mur, son territoire. Leur terre d’espoirs.La sonnette qui retentit ; on s’prépare, on sort le sac ; on ferme l’Eastpack. SSSSefyu suspendu à son oreille, l’autr’écouteur sorti, qui traîne par terre. Il les regarde se mouvoir du coin de ses Oakley vert  salamandre, la vipère scrutant ses proies.Dans un instant, ils seront là. Un par un, une par une devant lui. Progéniture bourgeoise s’apprêtant à s’acquitter avec délectation de ses poches trop remplies, trop lourdes pour elle. De liasses volumineuses, troquées contre des savonnettes trafiquées.Jackpot, l’ami Roby, qui prend aux riches, pour s’en donner à lui. Car, il n’a jamais rien reçu, lui. Il n‘est pas comme eux, lui. N’a besoin de personne, mène sa vie comme un bonhomme. Finie l’école, vive la Téci. Franchement, de quoi s’plaint-il ce petit.On le respecte, là ou il est. A trouvé sa place auprès des grands. Des forts. 14 piges, t’entends. De ceux, qui, comme lui, n’ont pas traîné…pour chômer. Il est de ceux qui ne traînent pas…pour dealer à tours de bras. Alors il attend, le regard vide. Qu’on vienne le voir. Qu’on lui demande, limite, ce qu’il fout là, dehors, par ce temps pourri. Qu’on s’intéresse un peu à sa vie. Un regard de plus que d’habitude, une remarque moins…banale. Qu’il se sente un peu moins sale. Un peu moins seul.Mais, rien ne change. Des zombies, j’vous le dis. Pas un mot, pas un sourire. Des transactions anonymes, qui s’enchainent depuis des s‘maines. Pourtant ce sont toujours les mêmes… qui sont là comme à chaque fois. Des gars comme lui quoi, ni plus, ni moins.Et puis y’a cette fille, là, qui lui plaît. Depuis l’début. Toute blanche et triste à souhaits. Fragile comme le verre. Qui tend la main tête baissée et ne fait que d’fixer par terre. Alors il espère. Il espère seulement que cette fois… elle les verra…ses nouvelles Puma.

Il attend, à l’heure, imperturbable. Revêt sa capuche, tranquille, regarde ses pompes. Ses nouvelles Puma, remplacées la veille. Non, il ne les vole pas lui, non. Il sort la maille, fixe la vendeuse, jette l’argent sur le comptoir. Prends toi ça poufiasse, ouais. La vraie vie, c’est ça p’tain.


Sucette sortie, mains enfoncées dans son baggy. « Venez mes brebis, venez. » Chupa chups style va encore faire merveille. Venez, c’est l’heure. C’est toujours là que ça se passe, bien sûr. A droite derrière le mur, son territoire. Leur terre d’espoirs.


La sonnette qui retentit ; on s’prépare, on sort le sac ; on ferme l’Eastpack. SSSSefyu suspendu à son oreille, l’autr’écouteur sorti, qui traîne par terre. Il les regarde se mouvoir du coin de ses Oakley vert  salamandre, la vipère scrutant ses proies.


Dans un instant, ils seront là. Un par un, une par une devant lui. Progéniture bourgeoise s’apprêtant à s’acquitter avec délectation de ses poches trop remplies, trop lourdes pour elle. De liasses volumineuses, troquées contre des savonnettes trafiquées.


Jackpot, l’ami Roby, qui prend aux riches, pour s’en donner à lui. Car, il n’a jamais rien reçu, lui. Il n‘est pas comme eux, lui. N’a besoin de personne, mène sa vie comme un bonhomme. Finie l’école, vive la Téci. Franchement, de quoi s’plaint-il ce petit.


On le respecte, là ou il est. A trouvé sa place auprès des grands. Des forts. 14 piges, t’entends. De ceux, qui, comme lui, n’ont pas traîné…pour chômer. Il est de ceux qui ne traînent pas…pour dealer à tours de bras.

Alors il attend, le regard vide. Qu’on vienne le voir. Qu’on lui demande, limite, ce qu’il fout là, dehors, par ce temps pourri. Qu’on s’intéresse un peu à sa vie. Un regard de plus que d’habitude, une remarque moins…banale. Qu’il se sente un peu moins sale. Un peu moins seul.


Mais, rien ne change. Des zombies, j’vous le dis. Pas un mot, pas un sourire. Des transactions anonymes, qui s’enchainent depuis des s‘maines. Pourtant ce sont toujours les mêmes… qui sont là comme à chaque fois. Des gars comme lui quoi, ni plus, ni moins.


Et puis y’a cette fille, là, qui lui plaît. Depuis l’début. Toute blanche et triste à souhaits. Fragile comme le verre. Qui tend la main tête baissée et ne fait que d’fixer par terre. Alors il espère. Il espère seulement que cette fois… elle les verra…ses nouvelles Puma.

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