Imposteur

Sans déconner, vous allez vraiment lire ça ?
Non mais honnêtement, je vous le déconseille, ya vraiment rien de bon dans tout ce fatras de mots enchevêtrés, vous allez perdre votre temps, votre curiosité va vous faire regretter de ne pas avoir donné plus de crédit à mes mises en garde, c'est une certitude, lâchez l'affaire tant qu'il est encore temps, il y a tant d'autres auteurs qui méritent d'être lus, ils vous apporteront des choses autrement plus profondes que ce verbiage abscons.

Non vraiment, vous ne voulez pas décrocher ?
Vous avez rempli tous vos devoirs de la journée ?
Vous avez quelques minutes à perdre ?
Personne ne vous attend ?

...

...

Il y a encore quelqu'un ?

...

Ca veut dire oui ?

Bon d'accord, alors il n'y a vraiment rien à faire, vous avez le nez collé sur l'écran et vous attendez la suite.

Pour commencer, je te tutoie.
Parce que tu es obstiné.
Ou complètement con.
Dans les deux cas, ça m'intéresse.
Je suis un imposteur.
Je brasse du vent, mais avec le sourire, et ça passe.
Je pense que tu ne retiendras pas grand chose de tout ça, je ne sais pas moi-même où je vais, comment je vais m'en sortir.
J'ai quand même l'air d'un con à bavasser comme ça tout seul en face de toi, à monopoliser ton attention - ceci dit je t'avais prévenu - à ne rien lâcher de moi, je n'ai rien à dire au point que ça devient le sujet principal de ce torchon.
Si je continue, je vais te perdre, ça serait dommage au point où on en est.
Reste !

...s'il te plaît..

On a pas fait tout ce chemin pour se laisser là dessus ?
Tu ne vas pas me laisser au milieu du gué ?
Ne me quitte pas !
NE ME QUITTE PAS !!!

Pas maintenant, on arrive au bout, je le sens.
Encore un petit effort, prends deux-trois minutes pour savourer ces derniers instants, les plus sublimes.
C'est toujours de ceux-là dont on se rappelle, qui laissent cette empreint émotionnelle qui ressurgit des années plus tard aux moments les plus improbables. C'est ça la grâce.

L'instant d'éternité.

Céleste étreinte.