Improvisation
voda
Il a voulu les villes pour réapprendre à vivre.
Les villes avec ces niches oú grouille la plèbe, ces entités oú s'accumulent et implosent des tonnes de matière grise en effervescence.
Il a voulu les villes car il n'était pas en état de vivre seul.
Il a voulu le bruit, la lumière et le mouvement de ces métropoles qui renfermaient tous ses espoirs, ses infinies possibilités de choix en solitaire face au regard des autres.
Il a voulu les villes car il était visionnaire. Démiurge mégalomaniaque, il désirait de tout son être construire des barrières protectrices, des observatoires au coeur de la cité, écouter le peuplement battre la cadence tous les matins et admirer les flux pendulaires se développer tels en organismes vivants à travers les artères urbaines.
Il a voulu les villes pour redevenir un homme...
Je vous remercie Loumir, d'autant plus que j'ai un point en commun avec Tesson.Un très beau compliment.
· Il y a environ 8 ans ·voda
Très beau !
· Il y a environ 8 ans ·Mais étrangement je suis renvoyée auprès de Sylvain Tesson et son exil sibérien : '' Dans les forêts de Sibérie''
Une autre façon d'explorer sa vie intérieure, se chercher, se trouver ou se retrouver...
Loumir
-
· Il y a plus de 8 ans ·Ma ville est une forêt souterraine,
ou c’est tout comme.
Je marche dans des rues étroites
qui n’en finissent pas.
Il y a des arbres en béton
qui portent plein d’étages.
Les gens vont et viennent
avec des parapluies,
un peu comme des champignons,
qui se pressent dans l’ombre.
Il y a des escaliers qui montent ,
d’autres qui descendent.
Ils n’arrivent pas à se décider .
Des feux de couleur à chaque carrefour,
pour faire joli aux croisements.
La lumière zigzague entre les façades,
et finit par être bue par les trottoirs.
Les enseignes clignotent dans les flaques,
on n’ose pas y poser le pied,
de peur de briser leur reflet.
De la vapeur flotte , indifférente:
un rideau horizontal qui attend l’annonce à la radio
» après dissipation des brumes matinales ».
Il y a aussi des petits tramways rouges
dont on peut deviner le parcours,
aux rails parallèles, et avec plein de voyageurs
serrés contre les autres comme s’ils se connaissaient
( ce qui est peut-être le cas ),
et qui se découpent en silhouette
dans les vitres grises.
Tout un bourdonnement,
mais qui n’a rien de celui d’une ruche,
donne la réplique au vent.
On n’y fait pas attention;
tout le monde parait bien trop pressé
d’aller travailler, pour s’en retourner le soir
avec des cernes sous les yeux.
Il faut établir un plan pour boucler la journée,
avoir fait quelques courses,
sans rien oublier pour bientôt retourner
dans son appartement.
On a garé la voiture, non sans difficulté,
ou arpenté quelques rues
depuis la dernière station du métro.
Il faut que je pense pour demain
à cirer mes chaussures:
La ville est une forêt souterraine
ou tout comme.
Il n’y a pas de racines
ou du moins on ne les voit pas,
mais il faut faire attention où on met les pieds.
Ce n’est pas vraiment la question de l’obscurité,
mais tout le monde doit arpenter
les grandes rues qui n’en finissent pas,
pour aller travailler.
On ne ne pose même pas la question,
on ne lève pas le nez.
Il y a seulement les touristes
pour regarder tout çà
d’un oeil étonné.
On se demande même comment
j’ai pu écrire tout ça.
Peut-être que je l’ai rêvé.
–
RC - mai 2016
rechab
Merci!Un plaisir de lire cette improvisation...
· Il y a plus de 8 ans ·voda
Ce texte me parle beaucoup, je me reconnaît dans certaines nuances, j'aime sa rapidité et les images qui s'en dégagent... Merci.
· Il y a presque 10 ans ·Aloysius Isidore Dambert D'eaucloret
"Il a voulu la ville pour redevenir un homme"
· Il y a presque 10 ans ·mais c'est près de l'Arbre que l'on devient Homme ...
akhesa