Inespéré

On ne se fait pas prier, on charge le matos dans un combi et c'est parti, mon kiki ? Ben nous, quoi !

On arrive. Putain, ce n'est pas une salle, c'est une estrade grande comme un stade de foot, mais en plein air. Pas le genre barnum de jardin trois personnes, non, un truc de pros avec des rampes d'éclairage, en veux-tu en veut-là, tu te croirais aux Galeries Lafayette, c'est con, j'ai oublié ma carte de fidélité. Déjà, toute installée, l'arène, amplis bodybuildés, batterie dernier cri, micros, retours de scène, enfin tout, clef en main, il ne manque que les lions.

Et devant un champ vaste comme un océan de foot. Putain ! On ne va jamais remplir tout ça. Certes, on est venu avec la famille, mais on va manquer de tontons.

- Vous êtes qui, vous ?

- Quoi, nous ? On est le groupe ! Les artistes, quoi ?

A ce moment, il y a un autre mec qui se pointe. Je le reconnais, c'est Monsieur U two, en personne, mais tout seul.

« Hi guys ! » Nous dit Bono, en mauvais français.

- Vous n'êtes pas les « The Movers » nos chauffeurs de salle de foot ?

- Non ! Nous, on est « Les incorruptibles repentis » de Saint-Denis du neuf-trois.

- Connais pas !

- C'est normal ! On est incognito.

C'est alors que Roro, le batteur, nous dit.

- Merde, les gars, j'ai confondu les adresses avec mes baguettes.

Oui, il ne faut pas trop essayer de comprendre l'humour de Roro, il n'est pas fait pour ça. Lui, il est batteur, il frappe comme un sourd, mais toujours à côté du rythme.

Finalement, on était là, où, on ne nous attendait pas et pas là, où, on nous attendait plus. Dommage, on aurait déchiré ! On avait une de ces patates de gagneurs à mettre au moins 3 buts à zéro.