Infirme au coeur solide
Jean Claude Blanc
Infirme au cœur solide
L'amour s'éprouve par le drame
Pour ne pas y perdre son âme
Encore faut-il avoir la flamme
Un de mes proches, n'est pas gâté
Git sur une chaise, handicapé
Fatalité, discret, servi
Chéri, choyé de sa compagne
Mais son mal être, il le subit
Perdu la tête, sans doute à vie
Est de ces gens, que rien n'épargne
Plus un mot ne sort de sa bouche
Réagit plus quand on le touche
Juste un clin d'œil de connivence
A son aimée, pour sa présence
La cinquantaine, soudain la foudre
Lui est tombée sur les neurones
Dès lors, relié au goutte à goutte
Résiste, survie, que pour la forme
Elle, se dévoue pour son athlète
Rumine sa peine dans sa tête
Si elle prenait, poudre d'escampette
Lui serait casé, chez les plantes vertes
Se plaint jamais de ses soucis
On la voit pas dans le pays
Entre son boulot et son mari
A de quoi faire, jour et nuit
Certes, les épreuves nous grandissent
On s'en passerait de leurs supplices
Mais couple uni, jusqu'à la mort
Différemment, consolent leur sort
Fallu du temps, pour se comprendre
Réapprendre à communiquer
S'accommoder d'intimité
Sensualité, d'un autre genre
Heureusement, leur restent leurs yeux
Pas pour pleurer, mais faire des vœux
Un jour anxieux, un jour radieux
De vivre toujours, du mieux qu'on peut
Dans leur maison au bord des bois
Cachent leur poisse, personne les voit
Pas solitaires, mais solidaires
Partagent ensemble, leur galère
Preuve d'amour, on ne peut faire mieux
Blessés de la vie, en termes châtiés
Bien déglingués, pour les curieux
Qui craignent d'être contaminés
Bucheron bâtit comme un taureau
Coupe circuit, dans sa cervelle
L'admire encore, sa demoiselle
Même dans son cœur, le tient au chaud
Le sage prêtre, vous dirait
C'est en souffrant, qu'on devient meilleur
Car l'on entend vibrer son cœur
Voies du Seigneur, pas pénétrées
C'est difficile d'analyser
Les maux des autres, des affligés
Pas concernés, on pense qu'elle chance
Juste conscience, que fait la science
Est amnésique, l'humanité
Se voile la face, pour pas céder
A ses intimes anxiétés
Fragile, sensible, sans le montrer
Dans mon patelin, y'a sur les cimes
Un mien copain, victime de guigne
Il a chopé, un mauvais signe
Malgré son mal, se montre digne
Tellement modeste sa mignonne
Ne l'avoue pas, mais pète les plombs
Pour son angelot, prise de passion
Sacrée leçon, quelle nous donne
En est ainsi des malheureux
Juste un sourire, et un bon pieu
Leur file l'envie, de continuer
Croire au miracle, on sait jamais
De ce calvaire, de naguère
Me dis ma foi, ne vaut pas cher
En bonne santé, devrait me taire
Ma petite croix, est bien légère
Cher camarade, tu resteras
Chasseur alpin, beau militaire
Handicapé, je n'y crois pas
En frère d'arme, je te préfère
Quelle chance pour nous, tu ouvres la voie
Aux jeunes êtres, solidaires JC Blanc décembre 2014 (souvenir d'Ami cher)