Infusion mortelle

Quentin Bodin

J'ai un désert à fleurir sur l'étendue de mon océan d'albâtre
Où sévit par toi, Néant, le bleuâtre d'une terre en désordre
Et je suis morne de voir que mon noyer ne fait que mordre
Les marbres sculptés qui se tordent et ma peau au devenir de mulâtre.

Laissez moi être, Ô Dieu, l'architecte de mon royaume, pour que
Je puisse au mouron rouge, cueillir à Chloé l'auréole de l'oeillet
Et arracher à mes poumons fibreux l'arbre maudit de mes alvéoles
Pour ainsi sentir le parfum des anémones et leurs tristes secrets.

Je veux tel un roi sans trône vaguer au sentier des indicibles
Pour lire aux frontières du visible les partitions des muets
Et pleurer l'hétimasie des passions où ne figure qu'un feuillet
Pour signer d'un point dernier le battement des sensibles.

J'aspire ainsi à être de mes mains de porphyre le meurtrier de Satan
Pour qu'au sentier rouge je puisse étaler sur les champs le désastre
Des coquelicots, inhibant mon sang et appelant l'ancolie des astres
A m'amener de ses gants butiner l'ultime souffle du trèfle blanc.


                                                                                       Bodin Quentin

Signaler ce texte