Insomnie

Insomnie.

Insomnie, un mot bêtement formé d'une racine latine somniculus (celui qui dort), associée au préfixe privatif in. Au sens strict, c'est l'absence de sommeil. La médecine, la psychologie, la psychiatrie même développent comme à leur habitude de nombreuses théories plus ou moins fumeuses sur ses origines, ses sources profondes, le moyen de s'en débarrasser, ses effets à plus ou moins long terme, et donnent en pâture aux anxieux avides d'informations inutiles que nous sommes des brouettées de statistiques qui, une fois ingurgitées, mâchouillées, digérées puis recrachées nous laissent aussi ignorants qu'avant. Avec juste un peu plus mal au crâne peut-être...

Insomnie, un mot aux conséquences intéressantes, souvent portées à l'écran par les productions cinématographiques internationales, en particulier dans l'iconique et dorénavant culte Fight Club de David Fincher.

Insomnie. La journée qui suit une nuit sans sommeil est loooongue, chaque geste paraît plus lent, chaque tracas tellement plus fatiguant, et jamais la citation du huis clos de monsieur Sartre n'a été si vraie : l'enfer, c'est les autres.

Insomnie. La journée qui suit une seconde nuit passée à regarder le plafond, à écouter la respiration tranquille de sa compagne, à se lever lire le dernier tome de la geste des chevaliers dragons, à aller jouer avec la chienne qui n'en demandait pas tant, cette journée risque d'être fort longue aussi.

Deux nuits donc, sur la durée d'une vie, c'est infinitésimal. Peut-être sont-elles le début d'une longue série, ou peut-être vais-je réussir à assimiler la bombe reçue il y a deux jours. Qui sait ?

La bombe qui fait une nouvelle fois rugir le Raven dans sa cage. La bombe qui pourrait transformer Jack en Tyler Durden.

La bombe « involontaire » s'est présentée sous la forme d'apparence innocente d'un mot dans la langue de Shakespeare, un mot, un titre, un texte, une bombe. D'une justesse parfaite, chaque idée, chaque sensation, chaque sentiment se tenant fièrement à sa place exacte.

Le texte tourne en boucle depuis, inhibant mon sommeil, obérant les capacités opérationnelles de mon cerveau. Mathieu ou Raven ? Jack ou Tyler ? Combien de temps, de combien de nuits mon esprit aura-t-il besoin pour assimiler à nouveau ce que nous savions déjà, et que tu as exprimé par les mots d'une incroyable justesse de Matthew B. ?

Sans doute le temps nécessaire à calmer le Raven... Une histoire de mamilaine et papicoton le calmera sans doute, qui sait ?