Insoumise

Fort heureusement pour elle, Barbara était intelligente.

Si au contact de son amant, elle redevenait une petite fille prête à se plier aux ordres, elle n'en perdait pas pour autant son sens de l'analyse.

Ainsi, quand il avait exigé d'elle qu'elle entre dans un bistrot, qu'elle se dirige vers un inconnu de son choix et qu'elle lui propose de le sucer, elle avait su décortiquer la demande. Pour être certain qu'elle exécute à la lettre la mission, il voulait entendre Barbara proposer sa bouche à un homme.

Armée de son kit mains libres, ravalant sa fierté, elle l'avait fait. Elle avait choisi un papy assis seul derrière son journal, et dans son petit trench de femme sérieuse elle s'était approchée, et lui avait poliment demandé "Excusez-moi monsieur, est-ce que je pourrais vous sucer ?"

Le type, totalement effaré n'avait pas pu répondre autre chose que « Mais ça ne va pas mademoiselle ! »

Elle était ressortie du café, triomphante !

Le Maître avait exigé d'elle, qu'elle fasse la demande… pas qu'elle fasse. Elle avait obéit mot à mot. Il ne pourrait donc pas la punir.

Vexé d'avoir été aussi bassement rabaissé à sa condition de simple pervers manipulateur, il ne s'était plus manifesté pendant huit jours. Barbara avait eu tout le temps de regretter cet affront, allant jusqu'à suggérer à son amant de définir désormais clairement ses désirs. Chaque mot ayant son importance, elle le satisferait à la lettre.

Comble de l'insupportable, celle qui était supposée être sa soumise lui apprenait à être un dominant, un guide, celui qu'elle pourrait suivre les yeux fermés tant elle se sentirait en confiance.

Il ne suffisait pas de balancer des ordres et des punitions, de s'autoproclamer Maitre, il fallait en avoir l'envergure et la droiture. Barbara déchantait.

Comme si après avoir arraché le papier et les rubans de son cadeau de Noël tant attendu, elle découvrait une pâle copie mal finie de l'objet de ses rêves.