Instant fragile

Mélodie D'hondt

Nos deux peaux alanguies lézardent sous un soleil de plomb.

L'ombre du grand chêne vert ne nous a pas encore atteint et bientôt nous serons cuits à point. Le soleil nourri nos cœurs et brûle notre épiderme. Aucun bruit ne vient perturber notre sieste. L'odeur des herbes de Provence sur le barbecue empli nos narines.

Des insectes bourdonnent le long des lavandes dans une danse qui semble éternelle. Les yeux fermés, j'imagine les enfants qui jouent près de la fontaine.

Nous croquerons bientôt les olives juteuses préparées par tante Abélie. Je me réjouis d'avance des poissons grillés, légumes aromatisés et du jus des melons et oranges qui viendront bientôt rafraîchir mes papilles.

Les oiseaux s'égosillent dans un rythme perpétuel. Le jardin semble irréel, fixé dans un instant fantasmagorique. Je respire à pleins poumons, calmement pour emplir chacune de mes cellules des odeurs alléchantes qui me submergent de partout. Ma peau frissonne de plaisir. Mon souffle en est coupé parfois tellement c'est bon.

La peau brûlante de mon homme contre moi, j’hésite encore à me lever pour nous tartiner de crème solaire. J'aimerais que ce moment ne se termine jamais, restée lovée dans cette seconde parfaite à l’abri du mistral. les enfants et les oiseaux continuent leur danse sans se soucier de nos deux corps écrevisse.

J'ouvre un œil, les façades jaunes reflètent les ombres de ma famille réunie.

La terrasse est irradiée de lumière, je grave profondément ce souvenir en moi.

J'y reviendrai les jours de pluie.

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