Inversion des genres
Cecile Parmentier
INVERSION DES GENRES
ACTE I
SCENE 1 GUILLAUME, ALEXANDRA, BATRASSANOUR
(Entrée d’Alexandra non-chalament par la porte de la salle de bain, habillée d’un peignoir et se ressuyant les cheveux avec une serviette. Un ami, Guillaume, l’attend, assis dans un fauteuil, une revue dans les mains.)
GUILLAUME pose sa revue sur la table basse et regarde Alexandra avec de grands yeux. - Dépêche-toi Alexandra ! Tu vas encore être en retard à ton cours de yoga ! Tu n’as pas besoin de te laver des pieds à la tête et de faire des chichis pour aller transpirer. Au fait, ça fait combien de temps que tu le pratiques ?
ALEXANDRA qui s’arrête et le regarde droit dans les yeux. - Pratiquer quoi ?
GUILLAUME se lève et met les mains sur ses hanches. - Le yoga, Alexandra. Le yoga. Que veux-tu que ce soit d’autre ?
ALEXANDRA. - Ah ! Euh… Ca doit faire 6 mois environ. Pourquoi ? Je suis toujours aussi stressée ?
GUILLAUME amusé. - En fait, depuis que tu en fais, tu es métamorphosée. Au lieu de courir dans tous les sens, c’est tout juste si tu bouges. Tu es passé d’un extrême à l’autre. Tu as le sourire tout le temps mais tu es également toujours à l’ouest. C’est effarant, on croirait que tu perds la boule.
ALEXANDRA réajuste le peignoir autour de sa poitrine. - Merci du compliment, on peut dire que tu es sympa avec ta copine. Et je te remercie d’avoir accepté d’attendre le plombier à ma place. Du fait que je déraille, il me faut de l’aide, pas vrai ? De toute façon, dès que le cours est fini, je rentre directement à la maison.
(A part, s’adressant en direction du public)
Tu parles, c’est surtout le prof de yoga qui me détend et me fait tourner la tête. Il a une façon de faire qui est unique.
GUILLAUME se rasseyant. - Tant que je suis là, tu pourrais en profiter pour aller boire un coup avec une copine ! Ca te ferait sortir un peu et voir d’autres personnes que ton ordinateur et tes collègues.
ALEXANDRA lui tournant le dos se dirigeant vers la chambre. - Ce ne sont pas des copines que je recherche mais des hommes. J’en ai marre d’être seule. (Arrivé à la porte, elles se retourne une nouvelle fois.) Et encore, on ne peut plus vraiment parler d’homme, ils ont tendance à se conduire comme des femmes de nos jours. Les vrais hommes n’existent plus.
GUILLAUME se moquant. - Tu exagères ! Ce n’est pas parce que tes trois dernières conquêtes ont pleuré quand tu les as larguées et t’ont supplié de les reprendre pendant plusieurs semaines, qu’ils sont tous comme ça ! Il ne faut pas tout généraliser et apprendre à faire la part des choses. C’est peut-être toi qui les cherche en particuliers ces phénomènes. Oui, c’est peut être de ta faute après tout.
ALEXANDRA l’air grognon. – Je ne crois pas. C’est vrai qu’il y en a qui supplie plusieurs jours et d’autres, eux, qui agissent bizarrement. Le dernier en date m’a ordonné de payer l’addition entière au resto, pas la moitié. Et pas parce qu’il était fauché, il a simplement affirmé que ce n’était plus à l’homme de payer pour un rendez-vous mais à la femme. Egalité des sexes oblige. De toute façon, c’était nous qui l’avions voulu. On a demandé l’égalité des sexes, mais pas d’inverser les genres quand même.
GUILLAUME. - Les genres s’inversent par ce que vous les avez inversés. Depuis quand les femmes prennent-elles toutes les initiatives ? Depuis quand ce sont les femmes qui draguent, tout simplement ? L’homme ne sait plus comment réagir face à vous. On croirait que vous avez déjà pris la décision de tout gâcher à l’avance et de nous ridiculiser avant même qu’il y ait quoi que ce soit. On voudrait bien récupérer notre statut de mâle dominant mais vous ne nous en laisser jamais l’occasion.
ALEXANDRA allant s’asseoir sur un tabouret de bar. - On est bien obligé de faire le premier pas ! Les hommes sont devenus tellement timides qu’ils baissent les yeux et se sauvent dès qu’une femme les regarde. Timides ou niais !
GUILLAUME se relevant du fauteuil, en fait le tour et se rassoie, les mains dans les poches. - Vous nous faîtes peur. Voilà. Dans le temps, les hommes faisaient la cour, la femme flattée rougissait et pensait au mariage. Maintenant, si on a le malheur de vous regarder avec un peu d’intensité, vous nous collez une plainte pour harcèlement sexuel ou tentative de viol si on effleure votre main. Que veux-tu que l’on fasse ?
ALEXANDRA s’approchant langoureusement de Guillaume. - Et bien à ce rythme-là, une femme, si elle veut avoir un mari et fonder une famille, elle va devoir enlever un homme et le prendre de force.
(Elle le sert contre elle en l’aguichant puis repart vers la porte de la chambre en levant les bras)
Si on ne faisait rien, ce serait l’extinction de l’espèce humaine assurée. Même en vous donnant une autorisation verbale et en vous provoquant vous ne bougez plus. Il va bientôt falloir qu’on vous envoie un carton d’invitation avec accusé réception afin que vous fassiez le premier pas.
GUILLAUME avec un geste de dédain. - Allez Alexandra, trêve de discours. Vas t’habiller sinon tu vas vraiment être en retard. Tu ne comptes tout de même pas faire attendre ton prof de yoga.
ALEXANDRA avec un sursaut. - De quoi ? Je te signale que si je suis en retard, je reprendrai le cours en court de route et puis c’est tout. Ce n’est pas le prof qui va m’attendre. Et c’est toi qui me met en retard à discuter.
(Elle sort de scène vers sa chambre)
GUILLAUME face au public. - Oui, oui. Si tu crois que je ne suis pas au courant, tu te mets le dois dans l’œil.
(Guillaume allant dans la cuisine, va jusqu’au réfrigérateur et sort un jus de fruit.)
GUILLAUME se dit à lui-même, face au public. - Elle a beau dire que l’homme se féminise, les femmes se masculinisent également. Enjôleuses, volontaires, autoritaires, carriéristes, elles sont devenues aussi solides que nous. Sans compter qu’elles gagnent maintenant autant que nous et tiennent à nous le rappeler assez souvent. Alexandra peut toujours pester que les hommes sont des femmes, n’empêche qu’elle a toujours besoin de nous quand même. Au moins pour faire des enfants ou se faire plaisir. La preuve, avec son prof de yoga, je suis certain qu’il se passe quelque chose entre eux.
(Il se met assis au bar)
Elle va toujours chercher ailleurs ce qu’elle a à côté de chez elle. Toutes les femmes le font de toute façon. Elle a de la chance que je ne sache pas comment lui dire mes sentiments. A vrai dire, quand je l’entends parler, il vaut mieux peut être pour moi que je sois un ami plutôt qu’un petit copain. Elle est épuisante.
(On sonne à la porte d’entrée)
GUILLAUME criant dans la direction de la chambre. - Je vais ouvrir. Dépêche-toi de t’habiller Alexandra. Tu es en retard et le plombier est là.
(Ouvrant la porte, voix off)
Bonjour monsieur.
VOIX OFF DU PLOMBIER. - Bonjour, je suis monsieur Batrassanour, le plombier. Alors, elle est où la fuite ?
(Guillaume le fait rentrer.)
GUILLAUME. - Venez, entrez. C’est dans la cuisine. C’est l’arrivée d’eau du lave-vaisselle qui a lâchée. Je vais vous montrer.
(Il le conduit dans la cuisine)
BATRASSANOUR siffle d’admiration. - Bel appart, vous vivez seul ici ?
GUILLAUME sourit. - Non, non. Ce n’est pas mon appartement ! C’est celui de ma copine…
(Il s’arrête et regarde le plombier par-dessus son épaule et se rattrape rapidement)
C’est l’appartement d’une amie, elle va partir au yoga et m’a demandé de rester avec vous en attendant son retour. Vous la verrez quand elle aura enfin fini de se préparer
BATRASSANOUR hoche la tête. - Ah ! Bon. J’aurai pourtant juré que vous y habitiez.
(Alexandra rentre dans le salon en trombe et manque de renverser le plombier sur son passage. Le plombier regarde d’abord Alexandra puis Guillaume.)
ALEXANDRA. - Oups ! Pardon ! Je ne vous avais pas vu. Guillaume vous a dit ? Il faudra réparer la fuite à l’arrivée d’eau du lave-vaisselle. Je reviens dans à peu près 2 heures.
(S’adressant à Guillaume)
Tu t’occupes de tout pendant mon absence. De toute façon, je serai rentrée avant son départ pour le régler. A plus !
(Alexandra sort de scène à toute vitesse en claquant la porte d’entrée.)
SCENE 2 BATRASSANOUR, GUILLAUME
(Stupéfait, les 2 hommes se regardent un peu, en silence.)
(Le plombier réagit, avec un grand sourire, il lâche sa caisse et s’agite.)
BATRASSANOUR pointe Guillaume du doigt en le gigotant. - Mais… Vous êtes amoureux ! Voilà pourquoi j’avais l’impression que l’appartement vous appartenait ! Ma femme a fait la même chose quand je l’ai invité chez moi pour la première fois. Dès qu’elle est rentrée dedans, elle s’est vue vivre chez moi et ses yeux avaient une drôle de lueur. Vous avez le même regard en ce moment.
GUILLAUME. - Je ne suis pas une femme ! C’est la mode aujourd’hui de traiter les hommes de gonzesses ? Et je ne suis pas amoureux ! Je suis un peu attiré par elle, c’est vrai, mais je ne suis pas amoureux.
BATRASSANOUR levant les bras au ciel. - Je vous demande pardon ! Je n’ai pas voulu vous insulter. Vous avez juste le même regard que ma femme avait à l’époque.
GUILLAUME. - Désolé, mais c’est la tornade que vous avez vu passer tout à l’heure qui se plaignait encore il y a 5 minutes que les hommes n’étaient plus des hommes. Elle est persuadée qu’à la place de l’égalité des sexes, elles ont gagné l’échange des genres. Elle a le don de me mettre en rogne.
BATRASSANOUR lui coupant la parole en s’agenouillant devant le lave-vaisselle étouffant un rire. - Elle n'a pas tout à fait tort, vous savez.
GUILLAUME. - Qu’est ce qui vous fait dire ça ?
BATRASSANOUR. - A mon époque, les femmes, on osait les aborder. Regardez-vous un peu ! Vous êtes amoureux d’une magnifique jeune femme qui ne le sait pas, bien entendu ! Et vous rampez devant elle comme un toutou cherchant sa caresse. C’est pitoyable.
(se levant et imitant un chient haletant)
GUILLAUME. - Oh ! Je ne suis pas amoureux !
BATRASSANOUR. - Oui, oui. Vous pouvez toujours vous défendre comme vous le voulez. N’empêche que ce serait moi, il y a longtemps que je lui aurai parlé, que je l’aurai prise dans mes bras, renversée et embrassée. Il faut oser agir, enfin !
GUILLAUME. - Et vous auriez fait comment, vous, face à ce phénomène qui clame haut et fort qu’on n’a plus de couille ? Oui, elle ose ! Elle nous émascule avant de nous connaître. Et, on n’y peut rien du tout !
BATRASSANOUR ouvrant le meuble à droite du lave-vaisselle. - Mais enfin, comportez-vous comme un homme, bordel ! Prenez des initiatives, de l’assurance. Ce n’est pas un monstre ! Ce n’est qu’une femme après tout.
GUILLAUME s’asseyant au comptoir. - Vous êtes sûr ? Dans ce cas, c’est peut être ça le problème.
BATRASSANOUR. - Offrez-lui des fleurs, invitez-la au restaurant, dites-lui qu’elle est ravissante.
GUILLAUME. - C’est démodé tout ça ! Elle va se foutre de moi. Si elle ne se met pas en colère et m’accuse de vouloir la mettre dans mon lit.
BATRASSANOUR. - Mais justement. Elle se plaint de ce que les hommes sont devenus. L’ancienne méthode était peut-être pas mal du tout… une fois nuancée.
(se relevant et levant un doigt interrogateur)
Au fait, comment faites-vous pour draguer une femme ?
GUILLAUME se levant et se dandinant. - Je regarde la dame avec intensité et un grand sourire charmeur. Puis j’attends de voir sa réaction.
BATRASSANOUR. - Et ?
GUILLAUME allant s’asseoir sur le fauteuil. - Et j’attends qu’elle vienne me parler.
BATRASSANOUR. - Je suis navré de vous dire ça, mais votre copine, elle a tout à fait raison, en tout cas, en ce qui vous concerne. J’ose espérer que ce ne sont pas tout ceux de votre génération qui sont comme ça sinon c’est le dépeuplement assuré.
GUILLAUME. - Voilà que ça recommence. L’homme n’est pas une espèce en voie d’extinction. Au contraire.
BATRASSANOUR. - Pas si sûr. La bêtise humaine se propage très vite. C’est une véritable pandémie. Mais en ce qui vous concerne, comment voulez-vous qu’elle devine qu’elle vous intéresse si vous ne le lui dites pas ! Pour sûr, elle vous prend pour un voyeur.
(retournant sous le meuble)
Bon, et si part le plus grand des bonheurs, elle vient vous parler. Que faites-vous ?
GUILLAUME se rapprochant de la cuisine doucement. - Bonne question.
(Attend une réponse du plombier puis continue à avancer.)
Question à laquelle, je n’ai pas de réponse. A vrai dire, dans ce cas, je préfère les écouter parler et attendre.
BATRASSANOUR venant de faire tomber quelque chose. - Oh, le con !
GUILLAUME. - Non mais dites–donc. Ca va pas ou quoi ?
BATRASSANOUR. - Non, non. Pas vous. Je me suis fait dégringoler la clef sur la main. Ne le prenez pas pour vous... Quoique.
GUILLAUME se racle la gorge. - Hum ! Ne vous gênez pas, surtout.
BATRASSANOUR. - Vous croyez vraiment être pris au sérieux en restant muet comme une carpe ? Vous n’avez plus 10 ans. Et encore, à cet âge vous étiez certainement moins timide que ça. A votre âge, c’est de la stupidité.
(Le téléphone portable de Guillaume sonne pour un message, il prend le portable dans sa poche et le regarde et va s’asseoir au bar.)
GUILLAUME remet le portable dans sa poche. - Son cours de yoga est annulé. Elle fait quelque course et revient aussitôt. Elle va être encore d’humeur massacrante et les hommes, ce qui veut dire surtout moi le premier, vont en prendre pour leur grade.
BATRASSANOUR. - Ah ça ! Le téléphone et l’Internet, il n’y a que ça qui fonctionne chez les jeunes. Vous ne savez plus vous parler en face. Vous ne lui avez vraiment jamais rien proposé à la demoiselle, ni frôler la main ou remis une mèche de cheveux ?
GUILLAUME. - Une mèche de cheveux ? Non. Elle serait capable de me mettre une raclée, et j’ai trop peur qu’elle me dise non.
BATRASSANOUR. - Ne venez pas vous plaindre si elle trouve quelqu’un ! Vous n’aurez que ce que vous méritez en agissant comme ça.
(Il se redresse et le regarde)
Qui ne tente rien, n’a rien. Ne bougez pas, je vais chercher un autre flexible. Parce que si le boulot n’avance pas c’est à moi qu’elle va mettre une raclée. Elle a l’air costaud quand même pour la taille qu’elle a.
( Il sort de l’appartement.)
GUILLAUME. - Je ne risque pas de bouger. Je suis là pour ça, attendre.
(Guillaume retourne s’asseoir sur le fauteuil et prend de nouveau la revue qu’il avait laissée tout à l’heure.)
Pour qui il se prend, lui. Il ne se rend pas compte ou quoi, il vient d’une autre époque. Je suis sûr qu’il n’est même pas avec quelqu’un et ose me donner des conseils.
(Se retournant vers le public)
C’est qu’ils commenceraient à me faire douter de ma virilité l’un comme l’autre ! Et puis, les femmes aussi, elles ont changé de toute façon. Elles veulent prendre notre place mais ne veulent pas que nous nous changions. Mais la question est là. Que vais-je dire à Alexandra, comment lui faire comprendre ? Et le prof de yoga comme concurrent. Ca va pas être simple cette histoire. Remarque, s’il elle revient si tôt, c’est peut être parce qu’elle a éjecté le yogi. (Se lève, tourne de nouveau en rond autour des divans l’air vague) Espérons, espérons.
(Retournant s’asseoir)
Si je demande un coup de main au plombier, il va encore me parler de son époque. C’était plus facile, c’est sûr. On ne parlait pas d’égalité homme-femme, chacun avait sa place, et tout le monde s’en contentait.
(Regarde le public)
Pas les femmes, je sais.
(Le plombier revient et file tout droit à la cuisine)
Je vais quand même lui demander comment il ferait. Sait-on jamais.
(Il se relève, va s’asseoir au bar et s’adresse au plombier qui revient)
Monsieur Batrassanour, vous pourriez m’aider à la reconquérir… (Batrassanour se racle la gorge)… oui, la conquérir plutôt.
BATRASSANOUR. - Vous n’allez pas encore me sortir que je suis démodé ou stupide ?
GUILLAUME. - Je vais essayer. Vous voulez un verre d’eau ou un jus de fruit ?
(Il va au réfrigérateur)
BATRASSANOUR. - Je veux bien un verre d’eau. Allez-y, poser des questions. Dites-moi d’abord ce que vous voudriez faire ?
GUILLAUME sort la bouteille d’eau et prend 2 verres dans le placard, les remplis et en donne un au plombier. - Je voudrais lui faire comprendre que j’ai des sentiments pour elle, sans pour autant lui faire peur. Mes sentiments sont sincères. Je ne veux pas qu’elle croit que je veux la mettre dans mon lit.
BATRASSANOUR boit une gorgée. - Mais c’est ce qui arrivera quand même. Il y arrivera un moment ou un autre où il en sera question ?
GUILLAUME. - Oui, mais pas tout de suite. Que je passe du statut de pote à celui de petit ami potentiel serait déjà très bien. Je ne veux pas qu’elle me prenne pour un obsédé ou un affamé.
BATRASSANOUR. - Le plus simple serait de lui demander d’aller boire un verre ou manger quelque chose au resto. Une fois là-haut, il faut lui faire la conversation.
GUILLAUME. - La conversation ! Pfut ! Et lui dire quoi ?
BATRASSANOUR. - Lui demander ce qu’elle aime, la complimenter… sans être vulgaire ou trop entreprenant. Les bases de la drague quoi !
GUILLAUME. - C’est encore faisable, mais comment je vais lui demander de venir boire un verre ?
BATRASSANOUR. - Mais… Le plus simplement du monde ! « Mademoiselle, est-ce que ça te dirait d’aller boire un verre ce soir ? »
GUILLAUME retournant s’asseoir et le plombier retournant travailler. - Mademoiselle, c’est ringard.
BATRASSANOUR. - Evidemment. Il faudra l’appeler par son prénom. Mais moi, je ne peux pas me le permettre.
GUILLAUME. - En tout cas, ça l’air simple ! Mais faut-il encore qu’elle accepte.
BATRASSANOUR criant pour de faire entendre de Guillaume. - Si vous lui poser la question le plus simplement du monde, il n’y a pas de raison qu’elle refuse.
GUILLAUME. - Mouais… et ça marchait vraiment à votre époque ?
BATRASSANOUR se relevant et lui faisant face. - Ecoutez ! Je suis marié depuis 20 ans. Ce n’était pas la première femme que je courtisais. Et ma femme n’était et n’est pas la plus facile qui soit. Il a fallu que je la courtise pendant plusieurs semaines mais j’ai fini par l’avoir. Je vous le dis, les femmes, pour les conquérir, il n’y a que la flatterie et les petites attentions qui fonctionnent.
GUILLAUME repose son verre. - Elle ne sera pas dupe !
BATRASSANOUR. - Essayez quand même, avant qu’un autre plus courageux que vous, vous la chipe sous le nez. J’ai une idée ! Essayez tant que je suis là. Comme ça, si je vois que vous vous enfoncez, je vous ferai signe et vous indiquerai incognito comment vous rattrapez. Sauf si vous vous en sentez capable tout seul, bien sûr. Je ne suis qu’un vieux plombier après tout.
(Il repose également son verre)
ACTE II
SCENE 1 ALEXANDRA, GUILLAUME, BATRASSANOUR
(On entend la voix d’Alexandra dans le couloir qui revient. Elle téléphone)
ALEXANDRA voix off. - Non, je t’ai dit que c’était fini. Ce n’est pas la peine d’insister…
(les 2 hommes filent chacun de leur côté et reprenne leur place)
GUILLAUME. - Je suis d’accord avec vous. Il me faut juste un peu de temps pour rassembler mon courage et mes idées. Restez discret surtout.
BATRASSANOUR. - Bien entendu. Comme Cyrano a donné la réplique à Christian.
GUILLAUME. - Qui c’est ?
BATRASSANOUR. - Laissez tombé, ça vaut mieux.
ALEXANDRA voix off. - Mais tu ne veux rien comprendre ! Je t’ai déjà expliqué pourquoi. J’en ai assez, c’est tout !
(Elle raccroche et rentre)
GUILLAUME l’air de rien regarde Alexandra du coin de l’œil. - Alors, comment ça se fait que le cours de yoga ait été annulé, ton prof n’a pas pu venir ?
ALEXANDRA sans même le regarder, retourne à sa chambre. - Le prof était là, mais c’est un con, tout simplement.
(Elle claque la porte derrière elle)
GUILLAUME retourne s’asseoir au bar et chuchote. - Vous voyez ! Comment voulez-vous que je lui pose la question ?
BATRASSANOUR se relève, les bras sur les hanches. - Là, c’est de votre faute. Vous l’avez surprise au téléphone se disputant avec quelqu’un et que faites-vous en premier ? Vous la cherchez alors qu’elle vient juste de passer la porte ! Vous le faites exprès, c’est ça !
GUILLAUME vexé. - Mais non. Je n’y ai pas pensé, c’est tout. Et alors ?
BATRASSANOUR. - Et, oui. Vous n’y avez pas pensé. C’est le problème des jeunes de maintenant, vous ne pensez plus. Il fallait bien se douter qu’en l’attaquant dès l’arrivée, vous la mettriez de mauvais poils.
GUILLAUME. - Mais, je ne l’ai pas attaquée.
BATRASSANOUR. - Vous lui avez juste posé la seule question qu’il ne fallait pas !
GUILLAUME. - Qu’est ce que je fais alors, maintenant ?
BATRASSANOUR. - Attendez qu’elle se calme, déjà. Laissez moi réfléchir et arrêtez de pleurnicher. Et tant que vous y êtes cherchez un peu de votre côté, vous aussi. Ca ne vous fera pas de mal.
GUILLAUME se levant et se dirigeant vers la porte. - Je vais prendre l’air. Vous lui direz que je reviens, si elle pose la question. Ce qui m’étonnerait fort.
BATRASSANOUR traverse la cuisine et le rattrape par le bras. - Ce n’est pas en prenant la fuite que vous y arriverez.
GUILLAUME se dégageant. - Ce n’est pas une fuite. C’est une retraite stratégique. Vous m’avez dit d’attendre qu’elle se calme. Je vais attendre dehors et en profiter pour lui acheter des fleurs. Vous aviez bien parlé de fleurs tout à l’heure, n’est-ce pas ?
BATRASSANOUR. - Oui, oui. Mais restez simple surtout ! Vous êtes quelqu’un d’assez naturel et timide alors achetez des fleurs qui vous correspondent.
GUILLAUME. - Je vais voir ce que je trouve, si je trouve un fleuriste déjà.
BATRASSANOUR. - Il y en a un, deux rues plus loin à droite. Vous ne connaissez même pas le quartier ? C’est pas bien ça ! Il faut au moins connaître 1 fleuriste, 1 boulanger-pâtissier et 1 bijoutier dans les environs pour parer à toutes éventualités.
GUILLAUME. - C’est une idée à retenir. Mais pourquoi un boulanger ?
BATRASSANOUR. - Même ça, vous ne le voyez pas. Les croissants, le dimanche matin, que vous allez chercher au réveil. La petite pâtisserie pour lui remonter le moral quand ça ne va pas. Ca ne vous dit rien ça ?
GUILLAUME. - A vrai dire, non. Mais si vous le dite, c’est que c’est vrai. Je m’en remets à vous. Bon, je reviens. A tout à l’heure.
(Il prend sa veste et sort.)
(Alexandra rentre dans la pièce, elle s’est changée en tenue sexy.)
ALEXANDRA. - Vous partez déjà ? Mais je ne vous ai pas encore payé !
BATRASSANOUR. - Non, c’est votre ami qui vient de sortir prendre l’air. Il était chagriné que vous rentriez fâchée. Il m’a dit qu’il n’en avait pas pour longtemps.
ALEXANDRA va vers la cuisine, Batrassanour n’a pas encore bougé. - Il a quitté le navire avant qu’il coule !
BATRASSANOUR. - Je pencherais plus pour un repli stratégique. Il est peut-être parti réfléchir à une solution pour vous faire plaisir et vous remonter le moral ?
ALEXANDRA. - Il est gentil mais je ne pense pas qu’il réfléchisse à me faire plaisir. Comme beaucoup d’homme, d’ailleurs. Mais, vous m’avez l’air bien renseigné !
BATRASSANOUR. - Il m’a juste dit qu’il sortait, c’est tout.
ALEXANDRA se retourne. - Mais, vous avez bien dû vous parlez pendant mon absence ? Sinon, je suppose que le travail serait déjà fini, n’est ce pas ?
BATRASSANOUR. – Non, il y a plus de travail que prévu. Et oui, on a discuté un peu. Nous en avons le droit !
ALEXANDRA. - Mais vous êtes payé à l’heure, si je ne m’abuse ?
BATRASSANOUR. - Je ne vous compterai pas la demi-heure où j’ai discuté avec le jeune homme.
ALEXANDRA. - Et de quoi avez-vous parlé si longtemps alors ?
BATRASSANOUR. - Je ne me permettrai pas de révéler le sujet de notre conversation sans son approbation.
ALEXANDRA. - C’est surtout parce que j’étais le sujet de la discussion. Avouez-le au moins.
BATRASSANOUR. - Pas de vous, à vrai dire, mais des femmes et de leurs relations avec les hommes. Cela déconcerte beaucoup le jeune homme. Moi, je dois dire que je suis marié depuis longtemps et je n’ai pas vraiment ressenti le changement mais il parait que vous les jeunes, cette égalité homme-femme, vous inquiète.
ALEXANDRA. - Pas nous inquiéter, nous perturber plutôt. Il faut que chacun trouve sa place. Les mœurs ont évoluées mais je ne suis pas sure que ce soit de la meilleure façon qui soit.
BATRASSANOUR. - Vous souhaiteriez surtout encore plus. Le beurre, l’argent du beurre et dans votre cas le sourire du crémier !
ALEXANDRA. - Non, ce sont surtout des mises au point qu’il faut. Mais en quoi les relations homme-femme intéresse Guillaume. Ce ne sont pas les femmes qui ont l’air de l’intéressé, lui !
BATRASSANOUR. - Là, il y a erreur sur la personne. Je peux vous affirmer qu’il est hétéro.
ALEXANDRA. - Vous plaisantez là ! Et moi qui me permet tout devant lui, je me promène à moitié nue devant régulièrement. Je dois passer mon temps à le mettre mal à l’aise.
BATRASSANOUR. - Peut être oui, remarquez, ça doit lui faire plaisir aussi. Mais il ne se doute certainement pas que vous pensez ça de lui. Ne lui en parler surtout pas sinon il serait certainement très déçu et inquiet. Et je peux le comprendre. Sa virilité en prendrait un sérieux coup.
ALEXANDRA allant ranger les revues sur la table. – Déçu ! Peut-être. Mais je n’ai jamais insinué qu’il n’était pas viril mais qu’il l’était moins que les autres et que les hommes ne l’étaient avant en général. Ils sont plus soucieux de leur apparence, prennent moins de décision, sont plus émotifs, n’osent plus nous draguer… mais ils restent quand même des hommes. La preuve, ils refusent toujours de partager les tâches ménagères, qu’on gagne plus qu’eux ou qu’on conduise leur voiture. Des hommes quoi !
BATRASSANOUR se dirige vers la cuisine. - Pourquoi l’avez-vous pris pour un homo alors ?
ALEXANDRA. - Parce qu’il ne m’a jamais présenté de copine ou montrer d’intérêt pour une femme devant moi.
BATRASSANOUR à lui-même, en direction du public. - Etant donné que c’est toi l’objet de ses désirs, il ne risque pas de te présenter une copine ou de s’intéresser à une autre femme. Les pauvres, ils sont pas sauvés. Entre un muet et une aveugle, la communication est loin d’être idéale. Ils vont rester seuls encore longtemps à ce rythme-là.
SCENE 2 GUILLAUME, ALEXANDRA, BATRASSANOUR, ARTHUR
(Guillaume rentre avec un gros bouquet de fleurs des champs et un grand sourire, Alexandra se redresse)
GUILLAUME. - Regarde ce que j’ai trouvé pour égayer ton appartement. Je l’ai trouvé magnifique, je n’ai pas pu résister.
ALEXANDRA. - Pourquoi m’as-tu acheté un bouquet de fleur ?
GUILLAUME. - Bah ! Je l’ai trouvé beau et j’ai pensé qu’il irait bien dans l’appartement.
ALEXANDRA. - Merci. Donne-le-moi. Je vais le mettre dans un vase.
(Guillaume tend le bouquet à Alexandra qui va à la cuisine et se dirige vers l’évier. Guillaume s’assoit dans le fauteuil et cherche sa revue)
ALEXANDRA s’adressant au plombier en chuchotant. - Voilà pourquoi je pensais qu’il était… Un gros bouquet de fleurs des champs. Quelle idée !
BATRASSANOUR. - C’est une gentille attention et les fleurs sont originales. Il serait revenu avec des roses ou des orchidées, vous n’auriez pas plus apprécié. C’est l’intention qui compte de toute façon. Il tenait à vous faire plaisir. La seule chose que vous savez faire, c’est rester sur la réserve. Vous pouvez dire des hommes. A mon époque, un bouquet comme celui-là était une déclaration, presque une demande en mariage et je peux vous dire que les femmes aimaient en recevoir. Même encore maintenant, je ramène des bouquets de fleurs à ma femme pour lui montrer que je l’aime. Et, je peux vous garantir qu’elle aime vu les remerciements auxquels j’ai droit.
ALEXANDRA lui coupant la parole. - Parce que vous avez quelque chose à vous faire pardonner. Réflexe conditionner : faute = bouquet de fleur, la grosseur du bouquet est fonction de celle de la faute, bien entendu.
BATRASSANOUR. - Non, c’est parce que je l’aime et j’adore voir son visage s’illuminer quand je rentre avec de belles fleurs.
(vers le public, à lui-même)
Même en leur expliquant tout et en leur mâchant le travail, je ne sais pas s’ils comprendront ce qu’ils ne veulent pas entendre.
ALEXANDRA. - C’est étonnant. Je ne pensais pas que c’était possible.
BATRASSANOUR. - Les hommes ne sont pas tous mauvais. J’ai l’impression que vous nous mettez tous dans le même panier et c’est bien ça votre problème. Ce n’est pas parce que vous avez été déçue une ou plusieurs fois que vous ne tomberez jamais sur quelqu’un de bien. Vous avez là un jeune homme qui vous aime… (Il redresse la tête surpris parce qu’il vient de dire)… bien. Qui vous aime bien.
(Il regarde le public, secoue la main)
Ouch ! Ca m’a échappé ! Là, si elle n’a pas compris je peux me faire curé parce qu’il faudrait un miracle pour les réunir dans ces conditions.
ALEXANDRA se retourne pour regarder Guillaume qui chantonne en lisant sa revue assis la tête en bas. - Qui m’aime bien. Oui, ça fait 5 ans qu’on se connaît. S’il n’avait pas quelques sentiments pour moi, il serait déjà parti depuis longtemps, surtout vu comme je suis.
BATRASSANOUR au public. - Elle le fait exprès ou elle est vraiment stupide ! Je ne vais quand même pas être obligé de changer de vocation !
(à Alexandra, vexé)
Pas seulement comme ami. Mais vous vous en foutez comme de votre première chemise. Vous êtes tellement obnubilée par vos préjugés envers les hommes que vous vous moquez des gens qui vivent autour de vous.
ALEXANDRA indignée. - Ce n’est pas vrai, je n’ai pas de préjugé mais c’est une constatation. J’ai déjà assez de problèmes à régler pour m’occuper de ceux de mes amis surtout. Et puis vous êtes plombier, qu’est ce que vous connaissez des femmes ?
BATRASSANOUR fâché. - Ca commence à bien faire vos histoires. Je vous signale quand même, que contrairement à vous deux, je suis marié et heureux en amour, malgré le fait que je ne sois qu’un plombier comme vous dites. Je n’ai pas eu besoin d’en discuter avec un étranger pour régler mes problèmes de cœur. A votre niveau à tous les deux, ce n’est pas un conseiller conjugal qu’il vous faut mais un exorciste. Vous avez été envoûtés ma parole !
ALEXANDRA exaspérée. - Ouuuuuh ! Retournez au travail, que ce soit réparé avant ce soir.
(Elle repart au salon avec son bouquet de fleur dans un vase et le pose sur la table basse)
ALEXANDRA se forçant un peu à sourire. - Merci beaucoup Guillaume, il est très joli ce bouquet. Il sent bon… l’air frais de la campagne. Mais, réellement, pourquoi me l’as-tu offert ?
GUILLAUME se remet assis correctement. - Je pensais pouvoir te redonner le sourire. Tu avais l’air fâchée qu’il n’y ait pas de yoga et je n’ai pas été sympa quand tu es rentré.
BATRASSANOUR à part au public. - Et de une. Il va en faire combien comme ça des bourdes. Qu’ils se débrouillent tous les deux, de toute façon ils ne comprennent rien.
ALEXANDRA perdant son faux sourire et parlant fort en regardant la cuisine. - C’était donc pour te faire pardonner. Il y avait bien une arrière pensée.
BATRASSANOUR se redresse et regarde par-dessus le comptoir en criant. - Ce n’est pas de ma faute s’il ne sait pas s’exprimer sans faire de gaffe.
GUILLAUME bouche-bée. - Non, mais dite donc, je cherche à te faire plaisir d’abord ! Et vous n’avez pas à parler de moi comme si j’étais absent. Et qu’est ce que j’ai dit de mal encore ?
BATRASSANOUR. - Vous avez insinué que vous avez offert les fleurs pour vous faire pardonner.
GUILLAUME fâché. - Je n’ai pas besoin de me faire pardonner. Je n’ai jamais vu de bouquet de fleur chez toi, j’ai donc supposé que les hommes ne t’en avaient jamais offert auparavant ! Je pense que ce n’est même pas la peine de te demander de venir boire un verre, tu le prendrais mal aussi ?
(On sonne à la porte et Alexandra va ouvrir)
(Le prof de yoga rentre en trombe, suivi d’Alexandra)
ARTHUR arrive dans le salon, voit Guillaume et le pointe du doigt. - Ah ! Je savais bien que tu m’avais quitté pour quelqu’un d’autre.
ALEXANDRA en colère. - C’est Guillaume, l’ami dont je t’ai parlé. Et je t’ai déjà donné les raisons de la rupture. Rentre chez toi, tu n’as rien à faire ici.
ARTHUR s’assoit en face de Guillaume qui reste étonné. - C’est ton copain homo ! Oui, je m’en souviens. Tu m’en as souvent parlé. Et l’autre au fond, c’est qui ?
ALEXANDRA rouge de colère. - Tu vois bien que c’est le plombier…
GUILLAUME se relève, les bras au ciel. - … Mais je ne suis pas homosexuel. Qu’est-ce qui peut vous faire croire cela ?
ALEXANDRA se dirige vers la porte et indiquant à Arthur de sortir. - Tu vois bien qu’il dit ça parce qu’il est en colère et qu’il veut se venger de moi.
ARTHUR a un rire pincé. - Ah non ! Je te signale que c’est toi-même qui me l’a dit. Tu m’as même dit qu’au moins avec lui tu pouvais être vraiment toi-même parce qu’il ne risquait pas d’arriver quelque chose entre vous deux.
ALEXANDRA hurle maintenant. - Mais tais-toi donc et rentre chez toi ?
GUILLAUME. - Alors tu as toujours cru que j’étais… (il se rassoit) mais… Oh !!!!
ALEXANDRA. - Bah !!! Oui. Tu ne parlais jamais de femme, je ne t’ai jamais vu avec une petite amie. Et tu es si…
ARTHUR qui retient un fou rire et croise les jambes. - Efféminé.
ALEXANDRA ouvre la porte. - Rentre chez toi.
GUILLAUME. - Tu ne vas pas encore me sortir que les hommes sont des femmes. Il est loin d’être précieux, lui.
ALEXANDRA claque la porte. - Oui, mais il est venu me relancer jusqu’à la maison comme une hystérique qui veut savoir pourquoi elle a été larguée.
ARTHUR. - Eh, de quel droit ! Et puis quoi encore !
ALEXANDRA revient au centre de la pièce. - Et alors, c’est vrai !
BATRASSANOUR au public. - Elle dit ça avec un naturel ! Cette femme est en infériorité numérique et elle ose nous traiter comme une race inférieur. Je me demande comment elle va s’en sortir pour les calmer ces deux-là.
ARTHUR la montre du doigt. - Et tu te crois au-dessus de tout le monde. Regarde-toi, tu n’es pas fichu de garder un homme parce que tu veux à tout prix nous être supérieur et tu ne supportes pas non plus d’y arriver. Est-ce que c’est nous qui devons changer ? Moi je ne crois pas, c’est plutôt toi qui devrait te faire soigner.
GUILLAUME se retourne vers Arthur. - Eh là ! Je sais que tu as raison, mais tu pourrais le lui dire plus délicatement.
ARTHUR. - C’est pour ça qu’elle croyait qu’il n’y aurait jamais rien entre vous. Ce sont les femmes qui annoncent les choses délicatement. Nous, les hommes on fonce, on ne prend pas de gant, aux dernières nouvelles.
BATRASSANOUR se tape le front de la main. - Là, c’est carrément la foire. Il faut que je m’en mêle pour de bon.
ACTE III
SCENE 1 BATRASSANOUR, ALEXANDRA, ARTHUR, GUILLAUME
BATRASSANOUR allant au salon. - Hum ! Hum ! S’il vous plait ! Je sais que ça ne me regarde pas mais…
ALEXANDRA lui coupe la parole. - En effet, il n’y a pas besoin de le préciser.
BATRASSANOUR. - Oui… mais je vais quand même intervenir. Tout le monde s’assoit. (il indique le canapé à Alexandra avec autorité)
Premièrement, vous avez tous tort. Alexandra, comme je l’ai dit tout à l’heure, ce n’est pas parce que vous avez déjà été blessée qu’il faut croire que vous le serez automatiquement. Nous ne sommes pas des monstres.
ALEXANDRA. - Mais ce n’est pas ça le problème. Ce sont les hommes qui…
BATRASSANOUR. - Non, c’est vous qui les voyez ainsi pour vous donner une excuse de ne pas être satisfaite. Vous voulez toujours tout diriger et maîtriser par peur de souffrir pour au final ne plus supporter le manque de spontanéité de votre entourage. Et en plus, vous ne comprenez pas quand quelqu’un fait preuve d’imagination envers vous. La preuve avec le bouquet de fleurs tout à l’heure. Qu’est-ce qu’il a fait ou pas fait le yogi pour se faire éjecter ? Il vous a fait une surprise ou c’est le fait qu’il ne vous en fasse jamais ?
ALEXANDRA. - Arthur ? Il ne me plait plus, c’est tout. Comme ça peut arriver !
ARTHUR. - Moi, je suis sûr que tu vois quelqu’un d’autre. C’est pas possible autrement.
ALEXANDRA. - Tu veux réellement savoir. Bon, je vais te dire.
(Elle lève une main)
Euh…
(Elle repose la main)
GUILLAUME il pouffe. - Elle ne sait même plus pourquoi elle l’a largué celui-là. Trop fort.
ALEXANDRA. - Oui, ben ça va, hin ! Je n’ai pas de raison à donner lorsque quelqu’un ne me plait pas.
BATRASSANOUR. - C’est surtout le principe de le faire avant que l’autre n’en prenne l’initiative. Comme ça, il n’y a pas d’abandon, ni de peine.
(Il regarde Alexandra)
ALEXANDRA baisse la tête. - Oui, peut-être. Mais on peut quand même dire qu’ils ne sont plus aussi virils qu’avant, les hommes de maintenant. Regardez-les, tous les 2.
GUILLAUME. - Parce que tu es féminine toi ? Tu prends toutes les décisions, tu aimes les sports d’hommes, excepté le yoga. Tu fais la plupart du bricolage dans l’appartement, sauf la plomberie et l’électricité.
BATRASSANOUR. - Sinon, je ne serai pas là au milieu d’une guerre des sexes. Eh !
(Il lève les 2 mains et les repose sur le comptoir.)
ALEXANDRA. - Il faut bien que quelqu’un le fasse, je n’ai pas d’homme dans ma vie.
GUILLAUME. - Je pourrai t’aider, je suis un homme et je suis dans ta vie.
ALEXANDRA. - Parce que tu sais bricoler toi ?
GUILLAUME se gratte la tête. - Euh, non… pas vraiment.
BATRASSANOUR. - Vous tendez toujours le bâton pour vous faire battre, vous ! Et justement, à propos de vous. Les garçons, vous ne valez pas mieux que la demoiselle.
(Il entend un drôle de bruit à la cuisine et va voir)
Attendez je reviens.
ALEXANDRA. - Vous allez en prendre pour votre grade aussi.
BATRASSANOUR rouspète sous l’évier. Et, merde. Ca fuit de nouveau. Il faut que je recommence.
(Tout le monde se retourne pour le regarder)
ARTHUR. - Et moi alors ? Je suis un homme et je sais bricoler. Il te faut quoi de plus ?
BATRASSANOUR qui revient. - Des sentiments. Elle vous a déjà dit plusieurs fois que vous ne lui plaisiez plus. Foutez-lui la paix.
(Prenant un ton supérieur)
Et là, je peux dire deuxièmement.
GUILLAUME. – Pourquoi, deuxièmement ?
BATRASSANOUR. - Deuxièmement, parce qu’il n’y a pas que la demoiselle qui ait tort. Vous aussi, vous vous trompez, la plupart des hommes en tout cas. Regardez-vous un peu ! Entre le yogi qui se prend pour une adolescente et qui va relancer son ex jusque chez elle et le timide qui préfère vivre son amour caché plutôt que de le lui avouer, la pauvre n’est pas gâtée.
ALEXANDRA. - Quoi ?
GUILLAUME. - C’était un secret ! De quel droit ?
BATRASSANOUR. - Si je n’interviens pas vous serez dans la même situation dans 10 ans quand elle vivra avec un autre homme.
(Se retourne vers Alexandra.)
Je ne sais pas si vous vous en êtes rendu compte mais, lui est resté, pas les autres.
ARTHUR. - Oh, ça va. Il est resté parce qu’il est stupide et incapable de draguer. Sinon, il aurait déjà essayé avec Alexandra. Ou alors, il est réellement homosexuel.
GUILLAUME. - Mais ça ne va pas recommencer. J’aime les femmes, voilà. Et je l’aime, elle. (Il montre Alexandra du tout.)
ALEXANDRA qui ne bouge toujours pas. - Aime ?
BATRASSANOUR se gratte la tête. - La voilà qui bloque. Eh, oh, mademoiselle. Il faut réagir, c’est pas la fin du monde. Ca ne va pas vous tuer. Même si j’avais raison quand je vous ai dit que vous étiez incapable de regarder autour de vous correctement.
ALEXANDRA réagit et va chercher un verre d’eau à la cuisine sans rien dire. - Ouh !!!
BATRASSANOUR regarde Alexandra partir puis se retourne vers les 2 hommes. - Je disais donc. Messieurs, il va falloir vous remuer là. Vous vous conduisez en mauviettes. Un homme n’a pas peur de draguer, de parler. Un homme ne rampe pas comme un ver de terre devant une femme. Qu’est-ce qui vous fait tant peur chez elle ?
GUILLAUME ET ARTHUR en cœur, la montrant du doigt. - Elle, tout simplement.
BATRASSANOUR les bras sur les hanches. - Elle vous fait peur parce que vous le voulez bien. Tout comme Alexandra préfère éloigner les hommes pour ne pas souffrir, vous préférez aussi les tenir à distance. Mais là, je ne suis pas certain de comprendre pourquoi. Ou vous êtes des gosses et vous voulez continuer à jouer avec les femmes le plus longtemps possible ou vous êtes devenus de vraies femmes qui ont peur de souffrir comme Alexandra.
ALEXANDRA crie depuis la cuisine. - Les deux. Ils se disent que d’une manière ou d’une autre, une femme prendra les choses en main et réparera les choses cassées ou fera tout à leur place.
BATRASSANOUR. - Messieurs, qu’avez-vous à redire à cela ?
GUILLAUME. - C’est pas faux. J’ai tellement eu l’habitude que ma mère, ma sœur ou mes copines prennent tout en main que je m’y suis habitué.
ARTHUR se lève et le pointe du doigt. - Parles pour toi !
GUILLAUME. - Parce que c’est viril de pleurnicher parce qu’une femme t’a largué.
ALEXANDRA qui revient. - Là, ils deviennent intéressant, mais ils pourraient faire mieux quand même.
(Les 3 hommes se retournent vers elle.)
Eh bien oui, ils se battent… pour savoir lequel est le plus stupide certes mais là, ils fonctionnent presque comme des hommes. (Temps de silence ou tout le monde se regarde) Ne vous arrêtez pas, j’aime ça.
ARTHUR se dirige vers la porte. - Je commence à me demander si elle n’est pas cinglée. De toute façon, je ne vois pas ce que je viens foutre-là pour me faire traiter de gonzesse par une hystérique en soif de sexe.
GUILLAUME se lève aussi pour aller lui ouvrir la porte avec un grand sourire. - Vas-y, part. Ca m’arrange.
(Arthur se retourne vers Alexandra qui ne bouge pas)
ALEXANDRA. - Je ne te retiendrai pas, je voulais que tu partes dès le début. C’est toi qui as insisté pour rester. Tu as eu ce que tu mérites.
ARTHUR en colère. - Au revoir, alors. Et bon débarras.
(Arthur claque la porte)
SCENE 2 GUILLAUME, ALEXANDRA, BATRASSANOUR, MARC
GUILLAUME retourne s’asseoir, l’air ravi. - Nous en voilà débarrassé ! Retournons à nos moutons maintenant.
(Il se retourne vers Alexandra)
Tu veux aller boire un verre ce soir ?
ALEXANDRA croise les bras et les jambes. - Désolée Guillaume, mais je dois refuser.
GUILLAUME. - Mais pourquoi ?
(Il regarde Batrassanour)
Vous m’aviez dit qu’en lui demandant simplement, il n’y avait aucune raison qu’elle refuse !
BATRASSANOUR. - Elle a peut être une raison à laquelle on n’aurait jamais pensé.
ALEXANDRA va s’asseoir à côté de Guillaume et lui prend les mains. - Ecoute Guillaume. Je sais que tu vas être déçu quand je vais te le dire, mais tant pis. Tu es mon meilleur ami, tu le sais ?
GUILLAUME. - Ah bon ? Euh… Oui et alors ?
ALEXANDRA. - Alors… C’est plus difficile de trouver un meilleur ami, qu’un petit ami. Je ne veux pas gâcher la relation que l’on a.
BATRASSANOUR, au public. – Ouh ! Le coup du meilleur copain. Dur là.
GUILLAUME. - Je croyais qu’il n’y avait pas d’amitié possible entre les hommes et les femmes !
BATRASSANOUR. - Là, c’est une autre histoire, on ne va jamais s’en sortir si on commence à philosopher.
GUILLAUME. - J’ai fait tout ça pour rien alors ! Oh ! C’est pas vrai.
BATRASSANOUR amusé. - Vous n’avez pas fait tout ça pour rien, voyons. On peut dire que c’est une répétition pour draguer une femme. Elle pourra même vous donner des conseils.
(Il se retourne vers Alexandra)
N’est-ce pas ?
ALEXANDRA. - Ca sert à ça les amis. Je peux même te présenter des amies, maintenant que je sais que ce sont les femmes qui t’intéresse.
GUILLAUME l’air pincé. - Merci.
ALEXANDRA regarde Batrassanour et lui indique la cuisine. - Vous pourriez peut être finir votre travail maintenant ?
BATRASSANOUR. - Il faut juste que j’appelle un collègue qui doit me rejoindre pour déjeuner. Je sors 5 minutes pour téléphoner et je m’y mets tout de suite après.
(Batrassanour sort)
ALEXANDRA. - Il est quand même bizarre ce plombier. Tu ne trouves pas ?
GUILLAUME. - Oui, mais il m’a bien aidé et je trouve qu’il est de bon conseil.
ALEXANDRA. - Je ne crois pas. Il m’a pour ainsi dire dit que j’étais imbue de ma personne et égoïste.
GUILLAUME. - Tu sais, il n’a pas tout à fait tort. Tu te conduis parfois comme s’il n’y avait que toi qui avait des problèmes.
ALEXANDRA. - Merci, c’est sympa.
GUILLAUME. - Mais les amis sont là pour s’aider, n’est-ce pas ?
(Batrassanour rentre avec un grand sourire, regarde les 2 autres qui se dévisagent et perd son sourire)
ALEXANDRA sans détourner son regard. - Alors, vous allez le finir ce travail ?
BATRASSANOUR. - Oui, oui. Je ne suis pas mécontent de vous quitter. Si quelqu’un frappe à la porte, ce sera certainement mon collègue. Il doit passer me prendre pour manger et arrive dans 10 minutes.
(Batrassanour retourne à la cuisine sous l’évier.)
GUILLAUME se lève. - Tu te conduis comme une gamine Alexandra. Toute la matinée, tu m’as traité de femme, d’homosexuel et je ne fais pas la tête pour autant.
ALEXANDRA. - Je suis désolée. Je n’ai pas l’habitude de me faire remettre en place, c’est tout. Tu veux qu’on aille déjeuner dehors quand il aura fini ?
GUILLAUME avec un grand sourire. - D’accord. Et tu me donneras des conseils de drague.
ALEXANDRA avec un petit rire. - Si tu le veux. Je vais me rafraîchir, je reviens tout de suite.
(Alexandra va à la salle de bain. Guillaume va s’asseoir au bar.)
GUILLAUME. - Ca ne va pas être facile de ne plus penser à elle mais je me sens plus léger. Merci quand même.
BATRASSANOUR. - De rien jeune homme. Si j’ai pu aider, c’est déjà bien.
(Il se retourne vers le public)
Tu parles d’une catastrophe, au lieu d’être ensemble, ils vont s’aider mutuellement à trouver quelqu’un. Ils courent au désastre. Mais, cette fois, tant pis pour eux. Je ne pense pas que cela puisse être pire de toute façon. Et moi, tant que j’ai ma femme et que je n’ai plus à repasser par les rencontres et tout ce que cela implique. Je m’en contrefiche.
(On sonne à la porte)
BATRASSANOUR. - Ce doit être mon collègue qui est arrivé.
GUILLAUME crie vers la salle de bain. - Je vais ouvrir.
MARC voix off. - Bonjour, je viens chercher mon collègue pour déjeuner.
GUILLAUME. - Ce n’est pas lui qui est au menu au moins ?
MARC. - Je vous demande pardon ?
GUILLAUME. - C’est pas grave, j’essayais de plaisanter. Mais même ça, je n’y arrive pas. Entrez, il n’a pas fini son travail encore. Vous pourrez lui donner un coup de main, comme ça.
(Il indique la cuisine où Batrassanour l’attend)
MARC se dirige vers la cuisine. - Qu’est-ce que tu as encore foutu pour ne pas avoir fini de réparer une simple fuite.
BATRASSANOUR lui serrant la main. - Figure-toi, qu’il a fallu que je joue les entremetteurs pour les 2 jeunes.
MARC. - Et ça a réussi ?
BATRASSANOUR. - Non, elle veut le garder comme meilleur ami.
MARC. – Comme meilleur ami ? Ca existe vraiment ?
BATRASSANOUR. – Elle a l’air d’y croire en tout cas.
MARC. - Et, elle est comment ? Parce que je suis célibataire, moi. N’oublie pas que ma femme est partie avec les 2 enfants et le chien.
BATRASSANOUR. - Ce n’est pas la peine d’espérer, elle est moitié givrée. Elle cherche un homme, un vrai.
MARC. - Comment ?
BATRASSANOUR. - Ce serait trop long à t’expliquer. Mais en résumé, les hommes de maintenant ne sont plus des hommes.
(Alexandra rentre au salon)
Attention, la voilà. Tu vas voir la tornade en action.
MARC se dirige vers elle en lui tendant la main. - Bonjour mademoiselle. Je suis Marc, le collègue de Denis. Je vais lui donner un coup de main pour qu’il finisse plus vite.
ALEXANDRA avec un grand sourire enjôleur. - Je vous remercie, Marc. Vous êtes bien aimable.
MARC. - C’est surtout parce que j’ai faim. Mais de vous à moi, je vous trouve ravissante, habillée de la sorte. Je préfèrerais déjeuner avec une jolie jeune femme comme vous.
BATRASSANOUR ET GUILLAUME en même temps, face au public. - C’est pas vrai qu’il va essayer quand même.
ALEXANDRA minaude. - C’est gentil, merci. C’est vrai que vous ne m’êtes pas désagréable non plus.
MARC lui prenant la deuxième main. - Alors, on va déjeuner ensemble ?
ALEXANDRA. - D’accord. Juste le temps de prendre ma veste et mon sac.
BATRASSANOUR au public. - Ca pouvait être pire !
(Marc et Alexandra sortent, les 2 hommes restent interloqués.)
GUILLAUME. - J’en reviens pas. Il viens de me souffler ma copine et un déjeuner avec elle en 2 secondes !
BATRASSANOUR. - Ce n’est pas votre copine. Mais il est fort quand même. En plus, il m’a oublié et je n’ai plus personne pour aller déjeuner. Les dindons, voilà ce que nous sommes.
GUILLAUME. - Pourquoi, elle veut bien avec lui et pas avec moi ?
BATRASSANOUR. - C’est peut-être une question d’âge après tout. Elle souhaite quelqu’un de plus mûr. Allez savoir, les femmes sont tellement compliquées.
GUILLAUME fâché. - Elle n’avait qu’à le dire alors.
BATRASSANOUR. - Elle ne doit même pas s’en douter, va. Je finirai le travail cet après-midi. Vous voulez déjeuner avec moi ? Je vous donnerai des conseils pour draguer.
GUILLAUME. - Oui. Ca me changera les idées. Mais là, quand même, c’est un peu fort.
BATRASSANOUR. - Essayer de passer à autre chose. Ca vaudra mieux pour vous, va.
GUILLAUME. - C’est plus facile à dire qu’à faire. Qu’est-ce que je vais faire maintenant ?
BATRASSANOUR. - Vous prendre en main et grandir un peu.
(Guillaume hausse les épaules)
BATRASSANOUR. - Je range un peu et on pourra y aller. (Il va ranger ses affaires)
GUILLAUME. - Vous pourrez même draguer à ma place.
BATRASSANOUR retourne au salon agitant un doigt réprobateur. - Ah non. Premièrement, je suis marié. Et deuxièmement, c’est à vous de vous débrouiller. Je ne serai pas là éternellement. Je ne suis pas votre pote Christian qui fait la cour à Roxane non plus.
GUILLAUME. - Qui ça ?
BATRASSANOUR. - Oh ! Mais vous êtes vraiment inculte, vous n’avez jamais entendu parler de Cyrano de Bergerac ?
GUILLAUME. - Vaguement.
BATRASSANOUR. - Je vais vous expliquer. Cyrano était amoureux de Roxane mais n’osait pas lui avouer ses sentiments. Alors, il a demandé à Christian de le faire pour lui. C’est la scène sous le balcon.
GUILLAUME. - Ca a donné quoi ?
BATRASSANOUR en sortant de scène tous les 2. - Vous ne connaissez vraiment pas l’histoire alors ? Votre éducation est totalement à refaire. Il va vraiment falloir que je m’en occupe.