Irlande 1

Ici la vie semble avoir tout son sens. Comme si les dieux avaient bénie cette terre et qu’en même temps ils lui imposaient les pires souffrances aux yeux de ce mérite.

Il y a bientôt trois semaines que je suis arrivée ici et je continue encore de me laisser surprendre par ce pays.

Des grandes étendues verdoyantes, parfois parsemées de petites boules blanches qui paisiblement se nourrissent de la richesse de ces prairies. Au détour de mes visites et des routes sinueuses je découvre des paysages qui semblent proches du désert, aucun arbre n’aura eu la chance d’affronter les tempêtes de vent, et seul quelques pierres blanches et des torrents de boues viennent couper avec la couleur ocre de ces montagnes. On est pris au ventre submergé par un sentiment d’impuissance, je me sens si fragile là au milieu de nul part avec la pluie qui vient battre mon visage.

Alors après avoir continué ma route, je retrouve la tranquillité de ces plaines, on se surprend l’air un peu hébété à découvrir la sensation du calme, ici il n’y a pas un bruit qui vient rompre le silence de la nature.

C’est un peu comme si chaque arbre, chaque brin d’herbe pouvait vivre à son rythme.

Je me surprends à imaginer ma vie, dans l’une de ces maisons isolée avec pour seul voisin l’immensité de la nature, je pourrais alors chaque matin me nourrir de la beauté du paysage, reprendre mon souffle. Je pourrais m’abriter auprès d’un feu et attendre sagement le retour du soleil.

Je sens l’herbe humide qui s’écrase sous le poids de mon corps, chaque pas que je fais est magique, je m’enfonce un peu plus dans une vie où le temps semble vraiment s’être arrêté.