ISAAC DELUSION, SAUVAGE MAIS SENSIBLE (Bourg/Gironde)

14 juin. Ce soir, je chausse mes tongs, enfile un pantalon en lin et une petite tunique. Bohème chic, ça me semble adéquat pour définir ce concert…ou plutôt ce festival en général : Vie Sauvage.

L'arrivée sur la citadelle de Bourg sur Gironde est organisée en bateau depuis Bordeaux. Une pure merveille que ce bourg niché sur une falaise en bord de fleuve. Ambiance médiévale, romantique, cosy. Et l'entrée dans le parc ne me contredit pas. Jardin à la française,  bancs en fer forgé, lampions de toutes les couleurs, ballons de baudruche blancs, mur graphique à peindre de couleurs phosphorescentes. Classe et simplicité mêlés.

19h. Quelques personnes sont déjà assises en tailleur devant la scène, d'autres se pressent devant le stand de fromages du producteur voisin. Les jeunes viticulteurs des Côtes de Bourg font découvrir leur appellation et leur savoir-faire. Mes yeux de gourmande se posent sur les cœurs de canard et les frites à la graisse d'oie et mon cœur bascule. Musique, vin, bouffe…le trio parfait qui nourrira mon corps et mon âme. Babe se trémousse sur la scène. Ce petit groupe anglais est un parfait amuse-bouche.

Mais ceux que j'attends arrivent quelques minutes avant que le soleil ne se couche. Le parterre s'est garni. Des enfants, des papis et mamies qui se tiennent par la main et investissent les bancs,  et puis des trentenaires surtout, habillés chic mais décontract. Barbes taillées à la mode et pantalons de couleur pour eux, queues de cheval et  jambes à l'air pour elles. Il fait beau et bon. Les cigales ont capitulé face aux décibels. La scène s'embrase.

21h. Isaac Delusion et leur pop électro aux accents multiculturels, sauvages et sensibles. Loïc. Jules. Bastien. Nicolas. Quatre prénoms qui prennent toute leur dimension quand chacun commence à jouer. Mon cœur s'emballe quand la voix addictive de Loïc, mi ange mi démon, résonne dans l'air paisible de la cité, Land of gold. De premiers frissons parcourent mon corps. If I fall relevez-moi. Je vais défaillir. Depuis des mois, hormis celle d'Asaf Avidan, aucune voix n'a autant touché mon cœur. Je m'enferme dans ma bulle, assise en tailleur sur une palette, je ferme les yeux et me balance doucement, humant les effluves et les embruns. Mes doigts tapent la mesure. Je sens l'émotion autour de moi. Il y a tout. Le cadre, la musique, les amis, la poésie, la tendresse. De quoi ouvrir en moi la Pandora's Box.  Les couleurs se dévoilent. Fond orangé et rougeâtre accompagne Midnight sun  qui lui aussi doit s'incliner devant le groupe français. Le spectacle est mystique, proche du nirvana.

J'en ai vus des Muse, U2, Dépêche Mode, Noir Désir. Des Selah Sue, Skip the Use, Chris Isaak (oui, j'étais jeune, tout le monde a le droit de faire des erreurs dans sa vie). Mais rare sont ceux qui ont fait ressortir en moi une si grande palette de sensations. J'entrouvre les yeux. Mes amis sont autour de moi, un peu tous dans le même état. Children of the night. Marie a posé la tête sur l'épaule de son amoureux. Julie et Vali se sont couchées, des brins d'herbe dans les cheveux et des sourires sur les lèvres. L'électro pop d'Isaac Delusion a fait des siennes. Le synthé, la basse, l'électro…

22h. Fini. Pour la suite, Odezenne et Fakear pourront se rhabiller. Cette musique est un mélange d'enfance, de rêve, de voyage, de couleurs. Ce souvenir se sera ajouté à ma vie. Je pourrai le raconter à mes enfants, plus tard. A moins que ce moment, je ne le garde…comme un secret, au fond de mon cœur. Que je n'aurai partagé qu'avec vous !