J'ai des souvenirs plein le crâne. Des souvenirs qui m'obligent à penser que je suis, quand même, quelque chose pour toi.

Anthony Vauvert

Il y a des jours où le soleil brille de mille feux, des jours où le ciel perle, des jours où quelqu’un souffle sur la terre, et des jours si froids que les arbres pourraient se décrocher. Il y a des jours où je me demande s’il croit en moi, et d’autre où je ne cesse de revenir sur notre premier – et dernier – entretient. Ce sont les jours où je m’interroge… Pourquoi avait-il agit ainsi ? Pourquoi avait-il été si ambigu, ce jour-là ? J’ai longtemps voulu savoir. J’ai longtemps voulu comprendre ce qu’il avait ressenti, ce qui lui été passé par la tête, quand il m’avait arraché de ma chaise, de mon petit confort, pour me plaquer vulgairement au sol. J’ai longtemps voulu savoir pourquoi son corps avait appelé le mien, alors que ses yeux étaient injectés de haine. Ses mains aussi, avaient été étranges. L’une m’avait maintenu allongé, broyant presque mon épaule. L’autre, plus douce, avait glissé le long de mon dos, et avait caressé mes reins. Je me souviens de la violence de ses caresses, certainement moins importante que celle du fracas de mon corps sur le sol, mais importante à cause de ses ongles qui s’enfonçaient dans ma chair. Comme s’il avait voulu ne faire plus qu’un avec mon corps, avec mon âme. Je n’ai jamais su ce qu’il avait voulu faire. Ce qu’il avait attendu de moi non plus, d’ailleurs. Je me souviens avoir eu peur. De lui. De moi. De ne pas le comprendre. Et, c’est ce qu’il s’était passé. Je ne l’avais pas compris. Il avait été danseur, et j’avais été statue. Il m’avait désiré, et je l’avais aimé.

Je sais qu’il m’avait désiré, qu’il m’avait voulu. Il m’aurait gardé pour toujours, s’il avait pu. J’avais été tout ce qu’il souhaitait, sur le moment. J’avais été son dieu. C’est ce qui l’avait énervé : il n’avait pu accepter d’être séduit par un homme, et il n’avait eu la foi de taire cette pulsion animale qui le rongeait. C’est pour cela qu’il ne m’a plus jamais adressé la parole… Il avait eu ce qu’il avait voulu. Il avait été incapable de se contrôler. Et, aussi, il regrettait de m’avoir utilisé, comme un simple jouet.

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