J'ai eu les boules.

oriana

Un petit texte avant de partir pendant une semaine à Grenoble...

Depuis toute petite j'ai le vertige.

Il y a des personnes pires que moi, je le sais... Car moi j'ai pris les boules et j'ai regardé en bas.

Je crois que l'innocence et la folie aident, parfois!

***

" - Mimi j'veux paaas!

- Oh, ça suffit Oriana, c'est toi qui m'as dis que tu voulais monter! On a fait la queue! Maintenant c'est trop tard!

- Mais Mimi j'veux paaas!

- M'en fous!

- Pas moi!

- Hé tu reviens ici! "

Voilà comment j'embarquais, tremblante, dans une des boules, à Grenoble, celle qui grinçait en plus -formidable!- , coincée avec ma grand-mère et un couple de jeunes amoureux.

On étaient suspendus dans les airs, tous les quatre.

Moi je rigolais, je faisais bouger la boule.

La dame, une jolie brune, devint pâle. 

J'ai dis : 

" - Vous n'aimez pas?

- J'ai le vertige!

- Moi aussi! Ça tombe bien!

- Hein? Pourquoi?

- Bah ça doit bien tomber, les boules, à cette hauteur! On sentira rien! Rassurez vous! " Dis-je tout sourire.

Son mari rigola. Nous passions sur l'Isere et une complicité s'installa entre nous quatre. - Entre-nous, si je dois choisir quelqu'un avec qui survivre, ce sera l'homme car il me fais rire à chanter la musique de Titanic et à faire trembler la boule grinçante avec moi! De plus, Mimi avait refusé de me payer une glace avant de monter! -

J'avais six-sept ans. Mes petits yeux s'agrandirent quand les boules s'arrêtèrent en plein milieu du circuit. Juste au dessus de l'Isere.

Je rigolais :

" - Ah, Mimi, si ça se trouve on va rester coincer et on va faire de l'hélico! Trop bieeen!! En plus, on devra se jeter dans les bras du monsieur qui se trouve dans le vide! "

Elle pâlit et la madame s'accrocha à son mari qui lui chuchota à l'oreille que les boules s'arrêtaient juste pour les photos.

J'étais trop déçue.

Bref, pour m'occuper, je recommençais à danser pour faire trembler notre wagon flottant, et je demandais au monsieur de chanter Titanic.

Le pire, c'est que me trouver dans le vide et peut-être avoir la possibilité de me crasher au sol me faisait marrer.

Finalement, nous rimes tous un bon coup et notre boule grinçante reprit son chemin.

J'étais ravie de cette rencontre et ma grand-mère aussi.

- Je crois que Mimi et la madame étaient complices désormais! -

Je regardais partout à travers la boulette transparente.

Au début, on semblait voler au dessus de la route, puis l'Isere s'imposait. On s'étaient arrêtés quelques minutes, puis on continuait, on gravait la montagne.

Une magnifique végétation et et quelques maisons s'imposaient.

C'était si beau, avec le soleil! Et la nuit, ça devait être splendide avec toutes ces lumières!...

Puis, j'aperçu le filet.

C'est le filet qui annonce la fin, comme le gros grincement de la boulette et on ne dirait plus qu'elle vole, mais qu'on lui met des coups de pieds aux fesses. Comme Mimi avec moi! - Je grince, aussi, oui! -

Bref, nous arrivâmes à la plateforme finale. Le filet est là pour les suicidaires du bord et pour assurer, je crois.

J'étais si heureuse!

Nous achetâmes quelques souvenirs, dont un hibou, mais je le perdit en redescendant par les marches.

Oui, car ma grand-mère refusa de faire le trajet inverse, donc nous empruntâmes toutes ces marches! Il y en a plus de milles! Oui, ça fait maigrir de passer par là, je vous l'assure!

J'ai comme-même eu ma glace!

***

" - Mimi, on refait les boules?! 

- Je crois pas, non! J'ai appris qu'en plus il n'y a pas longtemps des gens sont restés coincés dedans pendant trois heures et ont dû descendre en hélicoptère. Jamais.

- En hélico?! Trooop bieeen!!

- T'iras toute seule! Moi je saute pas dans le vide, t'es pas bien ou quoi?!

- Allez Mimi!!

- Non Oriana. Non.

- Booon, ok... Une prochaine fois! "

J'ai hâte de passer ma semaine à Grenoble avec ma Grand-mère!

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