J'aime regarder

aile68

J'aime regarder les voitures partir je ne sais où le samedi matin quand j'ouvre grand mes fenêtres. J'imagine des pique-niques au bord d'un ruisseau où l'on a mis des bouteilles à tremper, des prairies de fleurs accueillantes, des arbres comme des ombrelles de dentelle blanche. On a fait du taboulé, de la salade de riz, une quiche, le repas sent bon l'été, toute la famille est en tee-shirt blanc, une sorte de code un peu marrant, les filles ont osé le short, les garçons sont partant pour une partie de foot l'après-midi. On remonte l'arbre généalogique en dégustant le gâteau de la mamie, elle le faisait avec huit oeufs, c'était son secret, cela dit tout le monde le savait dans la famille.

J'aime regarder les voitures partir je ne sais où le samedi matin quand j'ouvre grand mes fenêtres. J'imagine que je pars avec elles, en short et en tee-shirt blanc, avec le gâteau de la mamie dans mon panier et puis une bouteille enveloppée dans un torchon humide. J'imagine un immense saule pleureur, une rivière, une cascade, tout ce qui fait l'été en fait. C'est le temps des sorties scolaires, des fêtes de fin d'année, et de quartiers, on arbore son plus bel espoir en la vie, un de ces espoirs qui nous fait dire que la vie c'est beau. J'ai ma sortie de fin d'année moi aussi, mais moi c'est demain, un de ces dimanches de début d'été, où l'on a l'impression que tout reste à faire, la vie, le bonheur, une aventure personnelle dont on gardera des souvenirs et la lumière d'un soleil qui vibre dans une journée calme et sereine, dont on croit que c'est la vie entière. 

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