Jan et Morrisson

Et soudain dans un éclair blanc, il m'est apparu de nouveau, il avait quelque chose de changé, il avait toujours son vieux jean d'avant qu'il avait porté le soir de l'accident, enfin du meurtre devrais-je dire. Meurtre ou accident, c'est du pareil au même, Jan était mort bêtement, fauché en pleine jeunesse par un chauffard ivre, Jim un jeune du coin que tout le monde a reconnu. Morrisson avança vers moi, l'air sûr de lui, comme toujours, il me dit:

"Jim a été condamné à deux ans de prison avec sursis. Son âge l'a sauvé, il n'est pas majeur. A la place il doit faire des travaux d'intérêt général pendant deux ans."

Je pensais à ce pauvre Jan renversé par ce sale type, lui si gentil, si brillant. Il voulait être avocat, il réussissait dans ses études. Mon coeur balançait entre ce garçon et Morrisson, depuis le meurtre (tout le monde avait vu Jim fonçait ver lui intentionnellement), je n'étais plus sortie le soir, j'étais comme en deuil. Tout le monde avait vécu dans l'attente du verdict du procès. C'était le mauvais feuilleton de l'été. Morrisson avait voulu me tenir au courant. Je ne sus quoi lui dire. La pluie commençait à tomber, je ne l'ai même pas fait entrer, j'ai dit merci et j'ai pensé que Jim allait se faire lyncher s'il restait dans la ville. Comme s'il avait lu dans mes pensées, Morrisson m'annonça:

- Il va dépendre d'un centre fermé. Vaut mieux pour lui.

- Oui, vaut mieux je réussis à dire. Pourquoi s'en est-il pris à lui?

- Lui ou un autre pour lui c'était pareil, tellement il était ivre.

- Ouais, est-ce qu'il s'est excusé au moins, est-ce qu'il a regretté son geste? j'ai demandé en m'agitant.

- J'espère, mais c'était un sale gosse tu sais bien.

- Un sale gosse, oui. Irresponsable et complètement dingue.

- Pas de pot pour Jan.

- Ouais, pas de pot comme tu dis j'ai affirmé amère.

- Tu devrais voir les copines un peu, sortir me dit Morrisson de sa voix protectrice qui me fit fondre.

- Non, pas pour l'instant, je n'ai pas le coeur à sortir.

- Le mien bat pour toi m'avoua-t-il dans un souffle.

J'ai baissé la tête et je ne sais pas pour qui j'ai pleuré.

(à suivre)