Jardin punk..ouf!

Ce matin aux infos de la 2, j'entends qu'une nouvelle tendance émerge, celle du jardin punk, soit un espace sauvage du genre félin rayé à peine apprivoisé où il est question que l'homme intervienne le moins possible, cesse ce remue-ménage de tontes rase moquette, herbicides destructeurs de toute espèce sauvage, rangées d'arbres tirées au cordeau, arbres taillés avec une minutie d'horloger, arrosages intempestifs.

L'expert explique qu'il faut observer d'abord pour comprendre ce que la nature nous offre, comment elle s'organise.

J'ai poussé un ouf de soulagement au-dessus de mon bol de café. Enfin, ouf, chic, enfin une tendance de nature intelligente et à la portée de tous.

Vingt-huit ans que mes jardins poussent comme ça, tranquilles, pénards, sans aucun truc chimique, sans tailles particulières, sans arrosages sauf à la plantation et que tout s'épanouit pour former plusieurs espaces: le pré des ânes et sa source, le jardin des chiens ombragé, le verger fertile, celui qu'on appelle le cèdre complanté de cèdres centenaires et pins tarabiscotés, plus le nouveau jardin zen et sa mare sauvage abreuvant les hirondelles à bonne distance des chats du quartier. Hier soir c'est un petit renard qui est venu y boire à la tombée de la nuit.

Ce qui est drôle est que des voisins du lotissement d'en face, possédant ce charmant esprit de délation nous ont dénoncé au maire...il parait que nous construisions une piscine! Un engin de chantier et les esprits curieux s'enflamment et extrapolent. Ils doivent être surpris de voir que dans cette soi-disant piscine s'épanouissent de la menthe aquatique et d'autres copines aimant avoir les pieds dans l'eau.

Bref, ce qu'il faut retenir du bénéfice des jardins punk, c'est que la nature s'autogère, se pare au fil des années de zones d'ombre, de zones humides, que chaque graine semée par le vent ou les oiseaux se plante et grandit là où elle se sent bien. Mon bonheur depuis deux ans est de voir grandit un massif de fougères dans un coin ombragé. Il faut de la terre bien pure et vierge pour que cette espèce se plaise.

J'ai fait le pari il y a plus d'un quart de siècle à l'époque où ce n'était pas à la mode de laisser faire la nature et ne peux que m'en féliciter aujourd'hui. Quand on arrive de l'extérieur le contraste est flagrant: à 100 mètres tout est sec et jaune, quand on entre chez nous tout est vert et abondant, échevelé, hirsute, extravagant, tout embaume et les oiseaux chantent. Et quand le vent s'abat avec la grêle, les grands arbres protègent les petits, les haies mixtes, souples et folles font un écran aux pieds des grands sujets, le vent fait tomber les bois morts ce qui me fait des économies d'élagage.

Il y a une quinzaine 12 canetons sauvages sont nés sur la vieille mare. Dans le pré des ânes est née une forêt d'acacias qui alimentent les abeilles. Hier on a croisé un bébé couleuvre.

Tout va bien.

Quand la nature va, tout va mieux.