J’aurais voulu être Hervé Lénervé.
Hervé Lénervé
- Bonjour, Hervé ! Je voudrais être toi.
- Pardon ?
- Oui ! J'aime bien ce que tu fais, alors j'aimerais prendre ta place.
- Tu veux écrire ?
- Oui ! Pourquoi pas ? Mais tu ne fais que ça ?
- Non ! Je me brosse les dents, aussi.
- D'accord, mais tout le monde fait cela.
- C'est pas sûr à 100 %, puis il y a la façon de le faire, c'est très important.
- Non ! Ça je m'en fous ! Moi, je veux être toi, c'est tout !
- Ok ! Je vois que ton choix est bien arrêté, mais il va y avoir un petit problème parce que j'y suis déjà, moi, là.
- Si peu !
- Quand même, un peu, quand même !
- Admettons, mais sans vouloir te vexer, t'es plus tout jeune mon vieux et un accident est vite arrivé.
- Tu ne voudrais pas le provoquer, j'espère ?
- J'sais pas ? Faut voir !
- Soie raisonnable, il y a un second obstacle.
- Ah bon ! Lequel ?
- Ben, tu es une fille ! Une fort jolie fille d'ailleurs, mais une fille, quand même… hélas !
- Qu'est-ce que tu peux être conventionnel et misogyne, là, tu me déçois !
- Tu vois bien, je suis loin d'être parfait et encore tu ne sais pas tout.
- Quoi d'autre ?
- Quoi d'autre ? Quoi d'autre ? Ben, je ronfle… voilà et hop là !
- Bof ! C'est tout, je mettrais des boules Quiès pour ne pas m'entendre. Facile !
- Attends, j'ai souvent de mauvaises pensées.
- Genre ?
- Genre… genre… tu vois, je te vois et je pense à des trucs pas très jolis, jolis.
- Tu veux me baiser, c'est ça !
- Mais non, voyons, je suis un gentleman.
- Dommage !
- Tu vois, tu serais déçue d'être moi. Cherche-toi un mec plus connu et plus respectable.
- Je cherche un réceptacle, pas un respectable et nobody is perfect, tu me vas encore. A quoi penses-tu, alors, quand tu me regardes ?
- A des couteaux et du sang.
- Ah, bon, des couteaux, curieux, ça, non ?
- Oui, je sais ce n'est pas normal. Mais je te vois avec plein de couteaux plantés un peu partout comme un hérisson hérissé de lames.
- Eh, bé, t'y vas pas de mains mortes, mon gars, mais j'aime bien. De toute façon, comme je veux me tuer pour être toi, cela ne me dérange pas du tout.
- Attend, encore un truc. J'ai une femme.
- Pas grave, je prendrai bien soin d'elle, elle ne te regrettera pas, je t'assure.
- Merci ! Tu me sembles être une personne de confiance. Mais j'hésite encore à te laisser ma place. Et comme tu sembles te croire supérieure à moi, pourquoi ne resterais-tu pas toi, tout simplement ? Ce serait plus facile.
- Attends ! Qu'est-ce que tu crois ? Je ne suis pas une fille facile !
- Certes ! je n'en doute pas, je doute seulement que tu sois la personne la mieux placée pour me remplacer.
- Tu as eu d'autres propositions ?
- Pour être tout à fait honnête. Oui !
- Beaucoup ?
- Pas mal !
- Et ton choix est déjà fait ?
- Presque !
- Mais qu'a-t-elle de plus que moi, l'autre ?
- Rien, rien, bien-sûr, tu es parfaite ! Mais je ne te connais pas tellement, c'est tout.
- On s'en fout, s'il fallait connaître avant de savoir tout irait à vélo.
- A vau-l'eau.
- Moi, tu sais, la géographie ! Je n'ai pas beaucoup voyagé. Alors, c'est bon, tu me prends à l'essai et on n'en parle plus.
- Tu me donnes combien pour être moi ?
- Attend, je ne marchande pas, moi je prends ! Allez hop ! Top-là ! cochon, qui sent mauvais ! Je commence demain, car maintenant, il est l'heure que je rentre où se sera fermé.
- Chez toi ?
- Oui !
- Tu n'as pas les clés ?
- Tu crois qu'ils donnent les clés à tout le monde ?
- J'sais pas ?
- Eh, bé, non, vois-tu ! Les hôpitaux ne sont pas des moulins à vent ouvert à tous les vents.
- Tu es malade ?
- Pas plus que le moulin et moins que toi !
- Moi, je ne vais pas à l'hôpital !
- C'est ton choix, mais tu devrais, ça ne te ferait pas de mal.
- Tu crois ? Tu penses que je suis un peu dérangé.
- Dérangé, non ! Pas rangé du tout, oui ! A ton point on appelle cela, attend, comment ils disent…déjà… les psychiatres ? « Fou à lier », c'est ça, c'est ça, le terme médical scientifique idoine.
- Ouui… c'est c'la même… ouui !
- Bon, on se dit à demain, alors ! Moi je m'en retourne. Allez, on s'embrasse !
- Si tu y tiens, deux tu l'auras.
- Non, pas comme ça, pas sur les joues, nous, on s'embrasse sur le nez, c'est plus sain.
- A moins d'être enrhumé.
- Quand on est enrhumé, on peut s'embrasser sur le cul.
- Alors, disons que je suis enrhumé.
- T'as un certificat ?
- Il faut un certificat médical pour s'embrasser maintenant ?
- Bien-sûr, allons ! ce serait trop facile.
- Attends ! Qu'est-ce que tu crois ? Je ne suis pas un garçon facile !
J'aime bien la répartie de ce texte.
· Il y a plus de 7 ans ·julien-greco
merci pour l'esprit. Cela le touche
· Il y a plus de 7 ans ·Hervé Lénervé
excellent ! des gens plus qu'intéressants et lucides ça fait du bien ... on est nombreux à être plusieurs ;-)
· Il y a plus de 7 ans ·Marie Guzman
Des gens intéressants et lucides ? Où ça ? Où ça ?
· Il y a plus de 7 ans ·Hervé Lénervé
Apparemment tu en fais partie, mec...
· Il y a plus de 7 ans ·Marcus Volk
Ha, ha ! Très drôle ! Mais c’est vrai, sans fausse modestie, je ne pense pas faire partie de ces gens-là. Merci pour ta clairvoyance, mon pote !
· Il y a plus de 7 ans ·Hervé Lénervé
Excuse-moi, je lis trop vite, j’étais persuadé que tu avais écrit « Apparemment tu n’en fait pas partie, mec ! » Cela me paraissait tellement plus logique avec le « Où ça ? Où ça ? ». Désolé !
· Il y a plus de 7 ans ·Hervé Lénervé
Ha ha ! Le certificat.
· Il y a plus de 7 ans ·Choix difficile ! Perso, j'ai assez de place pour plusieurs... on compartimente, on se serre un peu.
le-droit-dhauteur
J’aime bien avoir mes aises, être tassé, ça me lasse. Mais j’admire ton hospitalité.
· Il y a plus de 7 ans ·Hervé Lénervé