Je dansais

Frédérike Clermont

J'suis loin.

Affreusement loin.

Mais c'est tant mieux, c'est ce que je voulais.

M'éloigner de lui, d'eux, de ma tête.

Des screwdrivers où la vodka domine et des joints mal roulés.

Pis des frenchs par ci et par là.

Sacrament que j'ai eu du fun.

Du gros fun sale.

Je dansais pis je sentais des regards me toucher, parfois des mains et d'autres fois on venait carrément poser ses lèvres sur moi.

J'ai rencontré tant de lèvres ce soir.

C'est parfait.

Pis je m'accrochais à un bras ou à une main lorsqu'on défilait de bar en bar.

Je dansais et chantais insupportablement sous la nuit pas étoilée pantoute.

Je ne me suis jamais sentie aussi sexy, autant désirée.

Même pas avec celui pour qui je me tuerais.

Après les bars on a cessé de danser.

On s'est trouvé un partenaire.

On est allé s'éffouarer sur un divan de cuir.

Se frotter et s'embrasser.

Pour finir dans le lit, les mains sur le corps de l'autre à simuler l'amour qui nous manque.

À s'endormir, encore bien saoul, le corps étendu près d'un autre.

Et sombrer bien loin dans le sommeil.


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