Je hais les sorties d’école

Putain. Le réveil. 6H45. Je cogne maladroitement dessus. Ha merde, c'est mon téléphone. Et forcément, dans le noir, il ne se déverrouille pas. J'allume la lumière. Je coupe cette maudite sonnerie. Je me jette en dehors du lit et manque de m'écraser comme une bouse au sol.

Je commence à préparer les petits déj et réveille la marmaille. Ça grogne un peu mais ça passe. Nous déjeunons dans un silence de mort. Je les envoie se préparer. 10 minutes plus tard:

- Vous êtes prêtes?

- Oui Papa.

- Dents brossées, cheveux coiffés, cartable vérifié?

- OUI PAPA.

Bon, ok, je sens que je les saoule. Nous montons en voiture. 7H15. Je vais même être en avance au travail. Yes!! Ça ne m'empêche pas d'avoir la conduite sportive. Ça roule bien et je me prends même à chanter avec la radio, quand soudain, le drame...

Alors non, je n'ai pas vu un long tunnel avec une lumière au bout, ni un platane. Mais un putain de bouchon sur les deux dernières rues amenant à l'école, digne des heures de pointes sur le periph' parisien. C'est quoi ce bordel? Je croyais que la natalité était en baisse. Je vous spoile la fin, entre l'arrivée dans le bouchon et s'en extraire, ça m'a prit 35 minutes. Pour deux rues.

Déjà, au bout de deux minutes, je perdais patience. Et les jurons commençaient à fuser. La vieille peau devant moi tout d'abord, qui avait pris le 4x4 de Papa, alors qu'elle est habituée à rouler en Clio. 
- t'as pas un 38 tonnes, ça passe comme Papa dans Maman. Alors magne toi.

Puis, le mec qui a acheté un tank et qui essaie de faire un créneau dans une place où l'on ne rentre qu'un vélo.

- Putain, mais tu vois bien que ça ne rentre pas. T'es con ou quoi? Et ta bagnole, c'est un complexe pour ce qu'il y a dans le slip, connard!!!!

Enfin les retraités à vélo qui ont décidé de prendre CETTE rue pour aller faire leur marché, et qui roulent côte à côte.

- Attention les vieux je vais abréger les retraites. Et un coup de gasoil dans les bronches, un!!!

Ouf, j'aperçois l'école. Je commence à souffler. Sauf que j'assiste à une scène hallucinante: chaque parent s'arrête au milieu de la rue avec sa voiture, pour déposer sa progéniture, pendant que les autres attendent patiemment derrière. Et quand je dis déposer, ce n'est pas jeter comme dans « la cité de la peur ».

- À ce soir Kevin. Oui je t'aime. As tu pris ton masque? Attends, tu as ton compas dans le cartable? Quoi? Il y avait un mot à signer? Sors moi un stylo, je te fais ça tout de suite.

La rue est devenue une putain de place de livraison. Mais qu'ils meurent, qu'ils crèvent et qu'ils aillent s'acheter des médicaments. 

Tel un génie, j'ai l'idée très ingénieuse de demander aux enfants de sortir de la voiture pour aller à l'école. Après tout, je suis à 50m, à l'arrêt. Les autres parents vont m'imiter et faire la même, et le bordel sera fini en 2 minutes. Et non... Tout le monde attend patiemment la place de livraison, et le cérémonial reprend inéluctablement.

 Décidément, je hais les sorties d'école