JE ME SOUVIENS (3)

seb365

Homme tu deviens...

Je déambule dans cette obscure essence du crépuscule, dans cette ville où les filles ne craignent rien. Libres, elles sont, de toute incommodité ; libres, elles sont, marchant avec deux aiguilles à leurs talons, piquant le bitume au rythme assuré et tranquille de leurs pas. Elles vont dans ces rues tracées au hasard, vous défient, vous cherchent du regard de leurs yeux clairs ou bruns, mélange cristallin à retourner le soleil dans votre tête. Elles sont belles ; terre métisse offre à ces dames un éclat pionnier, une vision de conquête, elles vous percent de leur regard certain. La liberté les étreint, c'est peut-être aussi pour cela qu'elles sont si belles.

Se perdre le jour ou la nuit ; cette ville et ce pays produisent quelque chose d'étrange. Un parfum subtile émane ; des émanations douces mais puissantes flirtent avec les couloirs du métro, les halls, les rues et les parcs.

Mon reflet dans ce miroir ; cette vitrine station Saint-Laurent, je me vois derrière la glace tel que je suis ; si loin pour savoir qui je suis et en savoir d'avantage sur l'être étrange qui se dessine et habite depuis si longtemps au fond de moi et que j'ignorais.

Sur cette place, je sors du métro et je suis là où il faut à cet instant, précisément. Sentiment de plénitude, de remplissage ; mes poumons s'engorgent de cette sensation de sérénité ; je suis au centre du monde, au centre de mon monde. Un déclic ; j'inspire sans retenue et viens l'apaisement d'une conquête solitaire de mon conscient sur mon inconscient ; cette putain de solitude intérieure devient ma bonne accompagnatrice ; enfin.   

Je suis autre, devenu transformation. J'aspire à retords des algues atlantiques, bientôt le grand saut, le retour vers la terre natale, vers Paris et puis la Normandie. Encore je dévale ce bitume craquelé, défoncé par l'hiver. Je trisse et deviens colocataire éternel de cette terre.

Mont-Royal ; l'horizon revit ; trente-deux kilomètres d'horizon parait-il. Qu'ont pu ressentir les pionniers ici si ce n'est que tout est possible ? Cette vision m'inspire et le soir allongé sur le lit, je pose un ressenti, déclic de mon retour à la vie, d'une nécessité enfouie six mètres sous terre ; j'écris, impression sensitive et transcription automatique :

L'horizon sans tâche d'une lune d'ocre,

Une image soleil un son inodore,

Des icebergs noires mes yeux verts,

La brume œil des larmes jaunes

Et la nuit orceïne comme un arbre mort,

Un grillage fade et une enveloppe mon corps,

Le jour massive d'une page pourpre,

Alors la brume opaque et l'horizon hoquette,

Puis, Mon Ange part et mon cœur ocre,

Le Soleil iceberg et la Lune inodore.  

  • Ce pays fut une double découverte, la plus essentielle, celle qui t'a permis d'être toi et cela n'est pas rien, toujours aussi joliment exprimé tous ces ressentis

    · Il y a presque 9 ans ·
    W

    marielesmots

  • ah je te suis dans ce voyage aux échos souterrains! le jaune emplit mon regard, comme les objets que j'ai posé sur ma table. Un hasard? Un mélange de tous les sens comme j'aime tenter. Jouer des mots qui sont des couleurs et des sons, de la terre et du ciel, de l'air et des larmes.
    Ton soleil iceberg éloignera t'-il la chaleur? Je vais me pendre au cou de ma clim, ce sera plus sur, si je veux vivre encore.

    · Il y a presque 9 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

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