Je me tiens
Ferdinand Legendre
Je me tiens
Je défends des positions, dos au mur, face aux embruns, face à ce qui veut nous éteindre. Je brise des couches de peinture aux poings, puis y laisse glisser mes doigts, l'enfonçant dans ce qui coule à présent. La gorge serrée, ma langue sur la tienne comme un pacte scellé, je déborde, ils vont et viennent ces chaperons d'or, à la lueur enflammée de ton regard, je brûle les livres qui racontent notre chute, torse nu, griffé par le silence, bâillonné par l'absence et ce que l'on a tort. Ces doutes amènent un léger goût de sève. Je recouvre d'essence le tapis boisé de nos égos détruits, je montre patte blanche, en sillon de confiance humide, où j'aime poser mes lèvres. Je nous imagine dans une forêt, main dans la main, marchant avec rien d'autre que le bruit des oiseaux et un souffle d'automne sur nos corps frissonnants. Je m'offre et je sais, et ce que tu renfermes, en coffre de cèdre, tout ce qui t'appartient et si parfois je cède, à la peur, ce n'est qu'errances mais il n'y a plus de pleurs car je nous fais confiance. Dois-je y croire pour deux? Et faut-il ainsi faire? Ma main entre tes cuisses, pour te sortir d'enfer, et te lover en moi, braver ce qui peut l'être, je te fournis des armes, je t'écrirai des lettres, les mots qui vont porter, les mots qui vont permettre, du moins vais-je tenter, frapper à ta fenêtre. Et si bien tu m'y laisses, dans ce froid extérieur, je peux tenir encore, notre feu intérieur, comme unique décor. Mais les traces témoignent, et même si tu t'éloignes, braver l'horloge enclave, me plonger dans la lave, frapper les cordes vives, vois je peux être brave, faire la grosse voix, si celle-ci te traverse, c'est que je suis en toi, et qu'il n'est nulle averse, qui puisse me détourner, longues sont les journées, et durs sont mes textes, tu lis entre les lignes, à la pointe d'un signe, tracé sur ta poitrine, cyprine gazoline, flammes et encre de chine, écrivent notre histoire, chantonnent des comptines, pour te bercer le soir quand la peine t'anime.
Tant qu'il me restera, de quoi souffler les cendres, tes doutes comme les miens, dos au mur, face aux embruns, ce qui veut nous éteindre, j'ai vu jusqu'où l'enfer peut descendre, et droit, debout, afin de mieux t'étreindre, dressé je ne crains rien, devant toi, je me tiens.
bien joli
· Il y a presque 7 ans ·Susanne Derève
merci!
· Il y a plus de 6 ans ·Ferdinand Legendre
belles images . merci
· Il y a presque 7 ans ·Cléa Mosaïque
merci beaucoup!
· Il y a presque 7 ans ·Ferdinand Legendre