Je n'aime plus le train de 6h!

elisabeth-coquelicot

Voilà c’est arrivé ce matin.

Je ne sais pas bien comment.

Cela m’est tombé dessus comme cela sans crier gare.

Je n’aime plus le train de 6h !

Voilà cinq ans qu’il rythme ma vie.

Cinq années qu’il m’emporte chaque semaine vers mes dossiers.

Cela faisait quelques temps que je ne me sentais pas bien.

La routine, la lassitude s’étaient installées.

La séduction n’opérait plus. Je ne ressentais plus aucun émoi.

Je le regarde maintenant arriver au quai sans surprise ;

Ouvrir ses portes automatiques sans admiration.

Marcher sur la moquette rouge ne me procure plus aucun plaisir.

Je sentais bien que quelque chose avait changé ;

Que quelque chose s’était brisée.

Sans pouvoir la nommer.

On s’était fait les yeux doux ;

On s’était fait des serments fous ;

Des promesses de prendre soin l’un de l’autre.

Mais voilà c’est arrivé.

On n’y peut rien.

Finis les levers à 4h30 du matin.

Terminé les fins de nuit blottie dans ses accoudoirs confortables.

La rupture est consommée, la séparation est là.

Il va falloir que je lui dise ;

Sans le froisser, sans le fâcher.

Il va falloir trouver les mots justes,

« Les mots bleus qu’on dit avec les yeux ».

Ou bien que je sois plus directe :

Je vais te quitter !

Je change de crèmerie restons bons amis.

Je pourrai lui dire que de temps en temps pour le travail ou les vacances,

J’irai le voir.

En même temps, je ne peux pas lui donner de faux espoirs.

Adieu compagnon de fortune.

Adieu compagnon de route.

Prends bien soin des personnes que tu amènes chaque jour au travail.

Ils comptent sur toi comme j’ai compté pour toi.

Elisabeth FREUND-CAZAUBON

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