Je ne suis pas Meryl Streep

Dispensaire. Ma vie ces dernières semaines. Oh, rien de plus que l'hiver qui traîne grandeur sa sale gueule dans mes sphères.

Il est malade, le genre "je dors avec un tracteur". Crache tousse broute. Dix jours et pas d'amélioration. C'est pire même. Il fait dans le cliché horripilant en plus. Je dois lui préparer son petit cachet, son petit sirop pour le jour, son petit sirop pour la nuit. Et il est où mon spray pour le nez (M'man) ? C'est pas comme si j'avais essuyé une attaque en règle d'une espèce de bronchite mutante chez mes enfants les quinze jours d'avant. Rechute en prime, sinon c'est pas drôle.

Non mais je m'inquiète, je suis passée du stade de l'agacement pas très sympa à celui de l'inquiétude sincère. Je commence à me ronger doucement.

Je suis sèche mais je tiens debout au milieu des blessés.

Alors, quand tu m'envoies que tu es malade et que tu n'appelleras pas, je crois que ça épuise mes dernières forces. Quelque chose s'effondre dedans. Quelque chose se met à pleurer, à rugir, à exiger de la chaleur. Ma peau réclame qu'on la touche.

Je n'oublie pas le sérum phy à la pharmacie.

Putain mais vole-moi. Désobéis-moi. Je te suivrai tu sais.

C'est quand même fou ces gens qui pensent que la meilleure manière de vous aimer c'est de penser à votre bien. La meilleure, la seule manière d'aimer, c'est d'écouter ce que tu sens dans ton ventre, dans ton sang, et d'obéir. Je voudrais qu'on m'aime comme ça. Instinctivement. Sauvagement. Egoïstement.

C'est pas la première fois que j'étouffe le volcan dans son lit, parce que... parce que. J'ai plein d'excuses et je n'en ai aucune.

Ne me laisse pas faire.

Vole-moi vole-moi vole-moi.