Je n'oublie pas

Djamel Rouai

Je n'oublie pas ces randonnées printanières,
Dans nos forêts disparues ;
Ni les noms plaisants,
Que nous donnions aux fleurs abondantes,
Je n'oublie pas cette rivière,
Qui chante l'été comme l'hiver,
Le souvenir du vieux camp décimé,
Ni ce port qui voit débarquer
Un par un les gens de la nuit,
Je n'oublie pas non plus ma dernière étoile
Chassée par l'aube jalouse,
Ni même l'angoisse de cette femme,
Attendant au jardin se montrer la lune,
Et ce conte que mon père raconte,
Qui le tient de grand-père qui le tient de son père,
Je n'oublie pas l'odeur âpre des champs,
Ramenés dans leurs habits les moissonneurs,
Ni le pain d'adieu pétri aux larmes,
Que cuisait la femme au dernier guerrier,
Et ce sommeil qui dormait ailleurs
Que dans les prunelles de nos mères,
Je n'oublie pas ce sourire figé de l'enfant
Qu'on venait de décevoir,
Ni la promesse des lâches,
Donnée aux hommes dans la clairière,
Dans tout cela je n'oublie rien,
Mais j'attends encore.
Rouai Djamel:31/5/2015

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