Je suis fou !

antares

Je regarde le ciel depuis trop de nuits. Les astres redeviennent muets après tant de cris. L'horizon ne vibre plus et la mécanique instrumentale des atomes se dissipe dans un silence englué et obscur. Les cordes symphoniques freinent leur parade sismique. La glace recommence à couvrir les sources lumineuses : des étoiles géantes s'éteignent sans heurt ni feu. Mes sens engourdis peinent à desceller les notes hémisphériques des galaxies lointaines. La création de planètes nouvelles ralentit sur le même thème, rythme lent et monodique. Quelques siciliennes lumineuses et perçantes se fraient un chemin sensoriel vers le réceptacle cognitif de mon ainsité permanente. Je les redécouvre dans mes songes oniriques cependant que des traînées de poussières célestes délimitent les contours de la carte des cieux. C'est les yeux clos que les couloirs diaphanes apparaissent aux initiés des temps perlés. Les cycles perturbés ondulent en ellipses insaisissables. L'instinct guide le chemin dans l'espace sans temps : la lumière conduit l'esprit vers le temps sans espace. Craquelures et crépitements soupirent en s'étirant. Seuls quelques jets de pourpre, d'azur et d'or perturbent l'équilibre de ce qui dort. La matière souveraine refuse tout amendement : elle repose, silhouette fière et franche, dans son écrin dardé de zébrures fixes et pourtant interminables pour la mesure de la raison. Limites et aspérités s'entrecoupent sur son impérieux paradoxe. Le multiple ne se conçoit plus que dans l'unicité. L'entropie universelle démasquée dévoile son éternelle impermanence que l'esprit projeté fait circuler dans ses éclats de tonnerre assiégés. Sphères elliptiques en devenir : création sans commencement et sans finir. L'espace et ses entrefaites confondent ses tenants et aboutissants desquels jaillirent illusions et ternissures, reflets dévoyés de vérités inaccessibles. Le regard doit se poursuivre, incorruptiblement libre d'errer et de s'épandre à l'infini vers les encres de toutes ondes telluriques et extra-telluriques. Seule doit demeurer l'envie...

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