Je suis si jeune pour être triste. Trop jeune. Vingt ans. Mais c'est comme si j'en avais cent tellement ma vie est lourde à traîner.

Je m'étais levée deux heures plus tard que d'habitude. Pourtant j'avais dormi Huit heure de moins. Durant ces huit heures, j'avais réfléchis, passant par beaucoup d'émotions différentes. Pour apaiser mon stress j'avais bu du vin, et préparé une énorme casserole de lait très sucré avec deux paquets de biscuits. J'avais réussi : mon ventre me faisait à présent plus mal que mon âme. Ma honte était de moins en moins grande, la boulimie était ici depuis trop longtemps; je ne savais même plus si je devais la remercier de m'apaiser à court terme ou la détester de ne plus vouloir me lâcher. J'avais choisi de lui donner cette place aussi importante dans mon quotidien. 

Le matin, je fus réveillée par cette brûlure dans mon ventre, comme si quelqu'un s'amusait à tordre mon estomac. Décidément même après l'avoir satisfaite durant la nuit, elle n'en avait pas assez. Elle était comme moi, égoïste, elle voulait toujours être là, qu'on la remarque, qu'on s'occupe seulement d'elle. 

Je me devais au maximum de me tenir distante au monde, je n'arrêtais pas de répéter ces mêmes phrases en boucle toute la journée : Je sais ce qui va se passer. Je sais que si je laisse les gens avoir de l'impact sur moi, ils vont me détruire. Je sais que si je laisse la porte même s'entrouvrir, je m'accrocherais à vous excessivement, vous vidant de votre énergie en retournant votre cerveau, je serais dépendante de vous comme je suis dépendante de tout ce qui m'entoure. 

On m'a dit que les boulimiques mangeaient leurs émotions. Qui a dit que les boulimiques vomissaient forcément ? Non, moi, je gardais tout au fond de moi. Parfois j'aimerais pourtant vomir cette colère, cette peur, ce stress, cette insatisfaction, cette solitude.

J'aimerais qu'on me laisse tranquille mais en même temps, j'aime me laisser envahir. Je pense que le vide qui m'habite parfois, celui qui fait que je m'éloigne soudainement de vous, mes seuls amis, mon amour virtuel. "tu t'en fiches de ce que je te dis ou quoi" "pourquoi tu réponds plus" "pourquoi tu veux pas qu'on se parle, qu'on rigole de tout ensembles" "Je sens que tu peux disparaître à tout moment."

Tu n'es pas stable.