Je t'ai regardé dormir

fefe

Toi-même, sous cette épaisse parure en coton. La tête nichée dans le polochon, moi, con, à côté.

J'étais là même quand les moineaux se sont mis timidement à chanter, quelques part autour de cinq heure vingt. L'effet a provoqué chez moi un arrêt de la sécrétion d'endorphine, et j'avais plus sommeil.

Et toi-même t'as passé la nuit à te retourner doucement. C'est étrange, j'aurai cru qu'on bougeait de manière plus décidé en dormant. Un moment, t'as eu la tête en l'air, le menton relevé. Comme je t'ai touché t'as eu un soupir et t'as remué la mâchoire comme pour changer de salive.

Tu sembles avoir bien dormis et dans ton lourd sommeil, tes rêves on fait transpirer ton corps et tu t'es mise a coller. Ta respiration a beaucoup changé aussi. Mais t'en n'a pas rajouté. La nuit était lourde, pesante de platitude et toi, t'étais plaisante de tranquillité. J'ai passé du temps à te masser la tête à travers tes cheveux jusqu'à ce que la raideur de mon bras me pousse à te tourner le dos.

Toi qui dormais si bien, j'ai tenté de t'imiter; renifler le draps, baisser la tête, et soupirer. La paix qui régnait sur toi était aussi visible que le doute qui m'habitait alors, sur ma performance productive du lendemain. Je ne sais pas combien de temps j'ai tenu comme ça, ni même si je ne me suis quand même pas un peu assoupi, je diras que non.


Et j'ai eu un mal de tête soudain lorsque le camion poubelle a percé le silence de la rue. Après l'avoir entendu, il a changé l'ombre de la lumière que le rideau laissait passé. Ensuite les premiers levés se sont vite tous enchaînés et tout le monde a semblé se précipiter d'aller travailler. C'est le son strident des freins des voitures au stop sous ta fenêtre qui m'ont fait penser ça. Ca, et aussi les cascades de mamans stressées accompagnées d'enfants perdus qui fonçaient droit sur l'école. J'ai tellement été habitué au silence cette nuit-là, que j'ai même pu entendre la voisine se sécher les cheveux.

C'était noir dehors et j'ten ai voulu pendant ce temps-là. Toi tu dormais moi pas. Tu laissais aller tes pensées quand moi j'étais bien obligé de les choisir. Après des souvenirs en flash qu'on avale et qu'on digère comme on boit des shots de vodka sans choisir, j'ai fini par t'écouter respirer, et je t'ai suivi.

j'tai regardé dormir toute la nuit.

Signaler ce texte