Je t'ai trouvé beau.

Alexandra Bitouzet

Je t'ai trouvé beau, à peu près tout de suite. Beau. Brillant. Et par dessus le marché, foutrement sexy. J'ai rien dit à personne et en secret, je pensais à toi. Le matin, le midi, le soir et parfois même, la nuit. Je posais une main sur ma bouche, je mordais dedans, dans la chair, dans la peau, très fort et j'y laissais les crocs. Mon autre main, je la laissais faire et c'était comme si, oh oui, comme si, dans le lit, sous les draps, tu étais avec moi.

Je ne pensais qu'à ça, à peine rentrée du bureau, j'allais m'allonger et je mordais l'oreiller. Et jusqu'à quatre fois par jour, je pensais à toi. De plus en plus fort, jusqu'à ce que ça fasse mal à l'intérieur de mon corps. Je prononçais ton prénom et tu n'étais pas là. Je le chuchotais dans le creux dans ton absente oreille. Je nous ai imaginés dans toutes les positions de nos horizons plausibles.

Puis j'ai réalisé que tu ne pensais pas, toi, à moi. Même pas deux fois par jour. Même pas une fois. Même pas une fois par semaine. Peut-être même pas par mois. Alors j'ai commencé à te chercher des défauts. Et j'en ai vite trouvé. Finalement, t'es pas si beau. Sans aller jusqu'à dire que t'es moche. Mais bon, tu casses pas trois lattes sur un connard. Tes mains, j'osais pas te le dire, j'avais tout juste remarqué, mais tes mains, elles ont l'air d'être faites pour laver les assiettes. Pis t'es pas si carré, t'es plutôt dans le genre hexagonal ! Limite biscornue. Et tes yeux, bon, c'est vrai, y a le compte, ils sont deux, mais je sais pas, je les voyais plus parallèles que ça, non ? Je ne comprends pas ce qui m'a pris de penser à toi matin midi et soir et parfois même la nuit.

Parfois, on croit que. Et puis finalement non.

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