Je t'écris.
Maux Délaissés.
Je t'écris, aujourd'hui, parce que je suis seule. Je suis seule comme cette étoile qui apparaît à 20h, alors que les autres ne la rejoindront que tard, ou peut être jamais.
Parce que je suis seule et que je ne sais plus parler, je ne peux plus parler, alors je reprends ma plume.
Tu pourras me dire tout ce que tu voudras, je te regarderai toujours, sans jamais te répondre, car tu sais comme moi que toutes tes paroles ne sont que mensonges et rêveries, mais que je serais à jamais seule, celle qu'on regarde du coin de l'oeil, comme une âme ayant beaucoup trop vécu pour encore être aimée par quiconque dans ce monde.
Je ne suis plus grand chose, un corps, un corps qui bouge, une marionnette, dirigée par le peu d'esprit qu'il lui reste, la peur, la tristesse en sont désormais les seuls marionnettistes. Je suis ce corps sans âme, je crois que je l'ai vendu au diable.
Je t'écris, ce soir, parce que je suis sortie, un peu tard, enfin je crois, je suis sortie chercher un peu d'espoir au fond de ce verre de whisky. L'homme du bar, derrière son comptoir m'appelait, et me disait qu'ici on rentrait, mais qu'il restait sur l'trottoir, ce cafard qu'on portait tous, nous, femmes aux yeux rouges de larmes et d'épuisement, et hommes aux espoirs déchus, aux femmes perdues.
J'y croyais, et j'étais pas la seule, je t'assure. Il y avait celle à ma gauche, son amour avait fuit avec une autre, puis celle à ma droite, elle écrivait, un peu comme moi, qu'elle était sans doutes trop mélancolique, trop maladroite, trop chiante, puis trop conne, enfin trop tout quoi. Puis il y avait cet homme en face, qui hurlait qu'il ne plaisait même plus à une putain, qu'il l'avait fait fuir, qu'elle n'aimait pas son chagrin, ça le rendait hautain, disait-il.
Je t'écris, cette nuit, pour te dire que j'suis perforée d'part en part et que malgré tout j'suis pleine, trop pleine, ou peut être finalement bien trop vide. J'ai plus de quoi pleurer, c'est vrai, puisque logiquement quand on pleure c'est qu'on vient de perdre quelque chose, non ? Mais j'ai déjà tout perdu, moi. Enfin non, je crois que je pleure, parce que je viens de me perdre, j'viens d'perdre la tête, et mon cœur n'existe plus, je ne t'aime plus, je ne les aime plus. Je n'aime plus la vie, et pourtant je me force à vivre. Tu m'as forcé à vivre, tu m'as poussé, je suis tombée, et je n'sais plus me relever. Je rampe, je rampe et je pleure. Je tangue, je tangue et j'ai peur. Je sens ces regards qui pèsent sur moi, je le sais bien, je fais pitié, la solitude se lit sur mon visage, mais eux, ils ne savent pas ce que c'est, que d'être le pantin d'un espoir, rien qu'une bête de foire.
Je t'écris, à nouveau, pour te demander pardon, j'suis désolée pour tout ce que j'ai pu te faire, pour les soirées noires, pleine de désespoir, pour les nuits aux couleurs rouge sang, et les journées blanches, comme le plafond de cet hôpital. J'suis désolée, j'suis vraiment désolée pour tout ça, et j'ai besoin que tu reviennes, que tu renaisses, ou peut être tout simplement que tu naisses, une fois, rien qu'une, une petite journée dans cette éternité de jours. Et que tu me prennes et m'emmène, que tu me dises que la solitude n'est plus, et que ces trous dans mon cœur, ces trous qui transpercent mon esprit, ils se refermeront un jour, et que j'arrêterai de t'écrire, car tu seras là.
Je t'écris, à toi mon âme, qui s'est évadée au fil que ma plume glissait sur ce morceau de papier, pour te dire que c'est la fin, que je sais que tu ne reviendras pas et que je suis sans doutes dans mes dernières heures de combat, de vie, enfin pour le peu que je ne vivais.
Je regardais ce plafond, il était gris, gris comme le ciel à toujours été durant chaque secondes de mon existence, gris comme le fond de mes yeux, gris. Et chaque jour de plus en plus foncé, il ne restait plus que quelques minutes, et enfin ma solitude serait rompue, et enfin je partirai, et enfin je ne serais plus.
Je t'ai appelé mais tu ne m'as pas entendu, et moi j'étais étendue, dans ce bar, après ce dernier verre, je suis tombée et j'ai dis au revoir, dans ce bar, prêt du comptoir.
Mais je crois qu'on m'a relevé, j'erre dans les rues, j'ai froid, et j'ai peur.
Je t'écris pour te dire, que je retournerai m'allonger, et que je dirais au revoir, dans un bar, prêt d'un comptoir.
Je t'écris, parce que c'est tout ce qui me raccrochait à la vie, mais que ma plume, s'est brisée, au court de ce dernier récit.
Je t'écris, pour te dire merci, mais que mes maux resteront plus forts que tes mots.
beau et douloureux !!!
· Il y a presque 9 ans ·Patrick Gonzalez
Merci Patrick!
· Il y a presque 9 ans ·Maux Délaissés.
Sublime de tristesse. Doux et très rude à la fois.
· Il y a presque 9 ans ·Si tu ne peux te relever, arrange toi pour ramper, au moins tu avanceras, et tu progresseras. Le temps de te lever n'est peut-être pas encore venu. Mais tu le verras, tu le trouveras, tu reconnaîtras, et avant même de t'apercevoir que tu peux le faire, tu te seras déjà relevée. ;)
franekbalboa
Merci beaucoup!
· Il y a presque 9 ans ·J'apprécie ce genre de message.. :)
Maux Délaissés.
Avec plaisir. Je crois que je connais cette sensation. Ton texte est très réaliste. Et tu as une belle plume ;)
· Il y a presque 9 ans ·Je suis sur que tu te relèveras.
franekbalboa
C'est adorable!
· Il y a presque 9 ans ·Maux Délaissés.
En quoi l'est-ce? Ce n'est qu'un constat. En tous cas si tu vis ça, beaucoup de courage :)
· Il y a presque 9 ans ·franekbalboa
En tout! Je l'ai vécu, je me suis relevée, mais ça reste dur!
· Il y a presque 9 ans ·Maux Délaissés.
Rien de fou, qu'une simple constatation. Si c'est dur n'hésite pas, si je puis t'aider, j'en serai ravi ;)
· Il y a presque 9 ans ·franekbalboa
:))) !
· Il y a presque 9 ans ·Maux Délaissés.