Je veux un bébé toute seule
valjean
Je veux un bébé….toute seule
Anne Sophie grimace, les contractions la reprennent.
Elle voudrait s’aider de ses mains, s’éponger le front, mais ses mains attachées aux bords du lit accentuent sa douleur quand elle essaie de les remuer.
La femme qui lui fait face, comme si elle avait lu son regard, prend un mouchoir en papier, lui essuie le front.
« Détache moi, je te jure que je n’essaierai pas de m’enfuir ».
« Le bébé, d’abord le bébé, après on verra si tu te tiens sage ».
« J’ai mal, aide moi ».
L’autre se saisit d’une aiguille lui pose un garrot de fortune au dessus du coude gauche et lui fait une injection de morphine.
« C’est la dernière, il va falloir que tu tiennes jusqu’au bout, c’est tout ce que je peux faire pour toi; pousse, fais sortir le bébé, tu ne souffriras plus après ».
Anne Sophie, nue sur ce vieux lit, bras et jambes attachées se sent sale et humiliée devant cette femme ; comment a t’elle pu se laisser piéger ainsi ?
Je veux un bébé, un bébé à moi.
C’était il y a un an déjà, Anne Sophie était rentrée chez elle exceptionnellement tôt ce samedi soir, et pensait à toutes ses sorties en boite au Memphis avec ses collègues de bureau.
La drague douce, un peu d’alcool, on leur offrait toujours une bouteille, quelques cigarettes, parfois un joint, tiens çà lui ferait du bien un joint là.
Et le retour parfois accompagnée, avec les rendez vous d’un soir choisis et non subis, et jetés à la moindre contrariété. Anne Sophie et ses amies étaient belles et jeunes et voulaient s’éclater, elles s’étaient promis fidélité dans leur amitié et de ne jamais s’encombrer d’un mec à la maison.
Anne Sophie fut la seule à tenir sa promesse, les autres finirent par se « maquer » comme elles disaient avec un rien de résignation dans la voix : amour de vacances qui avait perduré, collègue masculin qui était pas si mal que cela une fois la veste tombée, ou rencontre à un mariage, toutes avaient trouvé une excuse.
Ce samedi soir là, Véro., oui la fidèle Véro. qui n’avait pas sacrifié leur amitié malgré son copain, lui annonça une nouvelle fatale au moment de se quitter
«Anne So., demain je ne peux pas venir bruncher avec toi au « Thé sur le toit », je suis enceinte de Jean Gab., j’ai plein de nausées, et une sciatique d’enfer.
Véro., la fidèle Véro. !
Anne-Sophie, désespérée réalise soudainement qu’elle a 37 ans, 37 ans et pas d’enfants.
Je veux un bébé, je veux pas m’encombrer d’un père à la maison, j’ai vu ce que cela a donné à la maison avec papa et maman, et de toutes façons j’ai trop d’habitudes pour me mettre en couple maintenant, je veux un petit être à papouiller pour ne plus jamais rentrer seule le soir.
Anne Sophie est une femme d’action : chef de produits senior dans son groupe elle a l’habitude de diriger d’une poignée de fer ses collaborateurs, de fixer et de se fixer des objectifs démesurés mais toujours atteints.
Alors la conception d’un bébé ne doit pas lui poser de problème.
Dés la semaine suivante, prenant pour la première fois de sa vie un jour de RTT, elle se rend à l’hôpital Tenon, et à son C.e.c.o.s. plus précisément, pensant repartir avec un rendez vous pour une insémination.
Sa joie est de très courte durée, quand la responsable du C.e.c.o.s., lui apprend que les célibataires ne peuvent bénéficier d’une insémination artificielle ; celle ci devant son désespoir lui glisse « allez en Belgique, là bas ils sont moins regardants ».
Ce que fait quasiment de suite Anne Sophie, mais a peine descendue du Thalys et arrivée au centre de consultation on lui répond qu’outre les frais il lui faudra revenir plusieurs fois, que cela peut s’étaler sur une année.
Une année, pas possible de s’absenter aussi souvent, la campagne de produits de Noël débute à peine et c’est là qu’elle réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires, alors plusieurs jours d’absence, c’est inimaginable.
De retour en France, Anne Sophie se jette sur internet, tape sur son moteur de recherche « insémination » et tombe sur « insémination artisanale » : très simple, il suffit de trouver un donneur de sperme de s’assurer qu’il est séro négatif et dépourvu de maladies vénériennes ou infectieuses, qu’il ne porte pas en lui de maladie génétique rare, et en quelques rendez vous, il est possible de s’inséminer soi même le sperme du donneur pendant sa période féconde et le tour est joué.
Presque joué, oui, il ne manque plus qu’un donneur.
Anne Sophie consulte plusieurs sites, trouve plusieurs donneurs gays, les rencontre, les trouve sympathiques mais obtient à chaque fois la même réponse, d’accord je te donne mon sperme, mais tu fais la mère porteuse pour nous après.
Cela Anne Sophie, ne le supporte pas, s’absenter quelques semaines pour un bébé, d’accord, le sacrifice vaut la peine, elle peut être remplacé par Angèle, chef de produit junior qui lui rendra sa place dés son retour, mais 2 bébés, pas possible, et imaginons en plus qu’il ne le veulent plus, qu’est ce que j’en ferai du bébé ?
Anne Sophie renonce à cette idée et se rabat sur les fora spécialisés de bébé, passe une annonce « jeune femme, 37 ans, belle et stable, recherche donneur de sperme, le père pourra voir l’enfant et prendre de ses nouvelles, mais pas de coparentalité, c’est trop compliqué ».
Deux jours à peine se passent avant les premières réponses, qui affluent : plus de 100 en deux jours. Anne Sophie toute à sa consultation en néglige même ses statistiques.
Certaines annonces semblent sincères, d’autres sentent le « mâle solitaire à la recherche d’un rapport sexuel à bon compte », c’est ce que lui confirme d’ailleurs une intervenante du forum qui a été victime de cette pratique et la met en garde.
Pendant un mois, Anne Sophie, méfiante « auditionne » les candidats, fait lire leurs courriels à ses copines, puis précise, « insémination artisanale » ce qui élimine les 2/3 des réponses.
Enfin, elle tombe sur ce qu’elle croit être la perle rare «Je suis un homme jeune, 34 ans, marié, 1 enfant, donneur régulier au C.e.c.o.s, mon épouse est consentante pour cette démarche, et nous serions disposés à vous aider pour que vous ayez vous aussi la chance de profiter d’un bébé ».
Anne Sophie se souvient avoir foncé, à l’instinct, donné de suite son numéro de mobile professionnel. Le soir même elle rencontre le couple dans un bar à vins du côté de Bastille.
Elle, Birgit, fine et élancée, blonde aux yeux verts, un peu pale et semblant fatiguée. Elle l’explique d’ailleurs par la nuit de garde qu’elle vient de passer à l’hôpital. Anne Sophie apprendra plus tard que c’est la mort de leur enfant 2 jours auparavant, qui a creusé son regard.
Lui, Ludovico, grand homme encore jeune, brun aux yeux noirs (ses origines siciliennes) petit collier de barbe soigneusement taillé, costume kenzo foncé et élégant, souriant et déterminé.
Deux fonceurs comme Anne Sophie, chaleureux, désireux de l’aider, en règle..
Ludovico lui montre tout de suite les résultats de sa séronégativité. Il explique que, sa femme travaillant à l’hôpital, peut obtenir gratuitement tout ce qu’Anne Sophie peut avoir besoin pour l’insémination : pot d’analyse stérile pour le recueil du sperme, seringues pour l’insémination. Anne Sophie est heureuse, tout juste se montre t’elle un peu surprise que le beau bébé de quelques semaines dont Birgit vient de lui montrer la photo puisse rester si longtemps loin de sa maman, alors qu’il n’est pas sevré.
Anne Sophie hurle, une nouvelle série de contractions plus violentes la fait se cabrer sur le lit inconfortable, Ludovico qui s’est tenu jusqu’à présent dans la pièce d’à côté ouvre la porte, énervé : « alors qu’est ce qu’il y a encore !»
« Emmenez moi à l’hôpital, j’ai mal, je ne dirai rien, je vous le promets »
Ludovico, furieux, bouscule sa femme, et secoue la parturiente : « jamais tu m’entends jamais, sauf si tu nous sors vite ce bébé, Birgit est là pour t’aider, alors pas d’entourloupes sinon… ».Ludovico passe la lame d’un couteau sous sa gorge, entame la peau fragile et tenue d’Anne Sophie qui sent le sang perler et hurle de peur et de douleur alors que Ludovico quitte la pièce.
Birgit, de plus en plus mal essaie de se remémorer ses connaissances médicales, regrette de ne pas avoir pu se spécialiser en anesthésie, elle aurait pu la soulager par une péridurale...
Elle lui tamponne le front avec un mouchoir humide « tu sais que je ne peux pas te donner à boire, écoute sois raisonnable, accouche, je te promets que je ferai tout pour que Ludovico te laisse le tenir dans tes bras ».
Birgit s’inquiète « et si le bébé sortait par le siège, s’il avait le cordon autour du cou, si Anne Sophie avait des complications ? »
De toutes façons, ils sont déjà passibles de la cour d’assises et rien ne dit, même si il l’a promis, que Ludovico laissera la vie sauve à Anne-Sophie.
Anne Sophie, haletante maintenant, se souvient de toutes les fois où ils sont venus dans son appartement, toujours bien habillés, élégants, courtois, ils venaient toujours à deux, pouvaient rester longtemps à discuter.
Ludovico s’isolait dans la salle de bain, pendant qu’Anne Sophie allait se coucher confortablement, un oreiller sous les fesses dans sa chambre, Birgit emmenait vite le récipient que s’injectait aussitôt Anne Sophie avant de rester allongée pour être sure que cela avait marché, Birgit restant lui parler, alors que Ludovico patientait dans le salon .
Cela ne marcha pas les premières semaines, l’insémination artificielle a ses limites mais comme les trois étaient fonceurs, c’est Birgit elle même qui proposa que Ludovico ait directement un rapport sexuel avec Anne Sophie pour accroître les chances de réussite.
Qu’avait Anne-Sophie à perdre ? Elle avait couché de nombreuses fois avec des inconnus, pour des rapports parfois non protégés, et là elle refuserait cette proposition à des gens qui étaient devenus ses amis ?
Elle dit oui, en s’excusant auprès de Birgit d’accepter une telle proposition, et le plus naturellement du monde, l’espace d’une semaine, le couple revint, les rapports eurent lieu (et ce n’était pas désagréable se remémore Anne-Sophie, même la présence de la douce Birgit dans ces moments ne la troublait pas).
Un mois plus tard, Anne Sophie eut un retard de règles. C’est Birgit, dévouée qui alla acheter un test à la pharmacie, Anne-Sophie de nouveau débordée la remercia, et le soir même, en présence de Birgit, elle essaya le test : positive. Même résultat le lendemain.
Anne Sophie grimace devant sa glace, contemple son ventre vide : 4 jours déjà, ses seins lui font mal, son ventre lui fait mal, son dos n’est que souffrance, mais tout cela n’est rien, rien à côté de la douleur d’avoir vendu cet enfant qu’elle a porté pendant 9 mois, tout cela pour quelques milliers d’euros.
Comment a t’elle pu se transformer malgré elle en mère porteuse, et pourquoi une telle aventure humaine a t’elle pu s’achever dans ces conditions aussi scabreuses ?
La lame qui s’est enfoncée dans la chair de son cou lui fait encore mal, oui elle a tout tenté pour le garder, jusqu’à en être marquée de façon indélébile; doucement elle se recroqueville sur son drap encore taché et pleure, pleure, les larmes se mêlent au sang pas encore sec.
« J’ai encore la chance d’être en vie ».Elle ferme les yeux, revit la scène de l’accouchement, l’humanité qui s’est peu à peu instillée dans les yeux de sa ravisseuse, le bébé qui s’est finalement bien présenté, elle le sent encore sur sa poitrine, pendant ces quelques instants de bonheur, elle revoit Ludovico transfiguré à la vue du bébé renoncer à la tuer et qui lui coupe un lien, avant de fuir avec le nourrisson, en jetant une enveloppe pleine de billets, et Birgit, alors qu’à demi inconsciente, l’effet des injections, elle ne tente pas ne serait ce qu’un cri....
Elle reste là, prostrée, sans manger, quelques jours encore, puis se décide à sortir, enveloppée dans son seul drap tâché
C’est là qu’elle se rend compte qu’elle se trouve dans les sous sols de l’ancien hôpital Broussais, en plein Paris. L’hôpital Broussais, à quelques rues de chez elle ! !.
« Heureusement », pensera t’elle plus tard, « je suis même rentrée à pieds, et je n’ai pas rencontré trop de passants, juste cette vieille femme qui m’a proposé de m’aider, alors que je m’appuyais quelques instants à une voiture et qui s’est étonnée de me voir marcher pieds nus.
Je suis rentrée, j’ai toujours une clef sous le paillasson, et me voilà, seule, humiliée, mon bébé, je veux mon bébé ».
Birgit serre le petit corps chaud contre elle.
C’est bon de retrouver de l’amour dans les bras. Elle regarde Ludovico, paisible, endormi à côté d’elle.
«Josefa, nous l’appellerons Josefa, comme.... » Ses joues redeviennent humides, elle revoit leur merveilleux bébé, leurs 12 mois de bonheur absolu à 3, Ludovico transfiguré, comme débarrassé de tous ses mauvais instincts et totalement sobre, Ludovico se levant inlassablement la nuit, dés les premiers pleurs de leur « première » Josefa ». Ludovico changeant la petite, donnant les bains, endormant patiemment leur bébé. Et quelques mois après, 12 petits mois, de retour du cinéma, le petit corps déjà froid de Josefa, la baby sitter paniquée, Ludovico qui blémit et soudain se met à frapper très violemment la jeune fille, le sang qui coule, les hurlements.
« moi qui m’interpose qui prend des coups, la jeune fille qui fuit, le visage tuméfié dans l’escalier.
Dans ma tête tout se brouille, je revois la police qui entraîne Ludovico, le médecin qui me regarde avec un air suspect, notre pauvre Josefa qui est emmené puis l'enterrement dans ce minuscule cercueil blanc, Ludovico à côté de moi et menotté entre 2 policiers, et ce vide, ce grand vide, cette envie aussi au cimetière d’ouvrir la tombe pour récupérer mon bébé, j’y ai laissé mon énergie et mes ongles ».
Des mois ont passé, Ludovico est sorti de prison, en conditionnelle, la jeune fille s’étant remise de ses fractures du nez et des pommettes.
Nous avons refait l’amour, nous voulions tout oublier, repartir avec un nouveau bébé, mais rien, rien à faire, mon corps ne répond plus.
J’ai réussi à me faire affecter à la maternité, je ne pouvais plus travailler en gérontologie, je pensais que le contact avec tous ces bébés réveillerait mes ovaires, me rendrait de nouveau fertile ».
Quand la tête du bébé s’est présentée, Birgit a tout de suite retrouvé les gestes, d’accord elle n’a jamais pratiqué seule d’accouchement mais elle ne compte pas le nombre de fois où elle a assisté la sage femme.
Tout s’est très bien passé, elle a même pu le mettre, avant de l’essuyer et de l’envelopper dans un lange, sur la poitrine d’Anne Sophie, de lui glisser « c’est une fille » puis de partir, entraînée par Ludovico.
« Qu’est ce qu’elle doit souffrir, mais qu’est ce que j’ai souffert moi aussi » se remémore t’elle, en pensant à Anne Sophie.
Birgit geint quand Anne So. la sort du coffre du véhicule.
Il fait nuit, il fait froid, et le trajet en voiture, ballottée dans cet étroit habitacle l’a engourdi.
Anne So la soutient plutôt qu’elle ne la pousse en lui tenant l’épaule sur un chemin irrégulier, pendant quelques dizaines de mètres et l’appuie sur ce qui semble être un muret de pierre, qui érafle ses cuisses.
Puis Anne So. détache le baillon qui empêchait Birgit d’appeler à l’aide même si elle l’aurait voulu.
« Nous voilà arrivées, tu as le choix, moi vous ne me l’avez pas laissé Birgit, de me dire où se trouve l’enfant, mon enfant ».
« Mais... »
« Laisse moi finir, soit tu parles, et tu repars vivante, soit tu meurs très doucement, j’ai tout mon temps tu sais, et tu finis dans ce puit »
Anne So. joignant le geste à la parole, fait pivoter Birgit et pencher tête en avant par dessus ce qu’elle pensait être un mur.
Birgit, encore toute nauséeuse du cocktail ingurgité, sent un grand bol d’air frais lui monter à la tête de dessous, accompagné d’un clapotis d’eau profond.
Son corps, sa tête l’entraînent dans ce néant d’où Anne Sophie l’extrait brutalement par les cheveux.
« Celà sera de la douceur pour toi ma belle, comparé à ce que tu vas subir si tu ne me dis pas où se trouve mon bébé.
Attends que je te prépare à parler.
Tu te rappelles cet opinel ? »
Birgit acquiesce.
« Regarde, j’ai encore la cicatrice sur mon cou. Lève les yeux au lieu de pleurer .
Je l’ai précieusement gardé et aiguisé pour le jour où je vous retrouverais»
« Je ne voulais pas, Anne So., Ludovico était fou.. »
« Moi aussi, je suis folle, de rage, tais toi pour l’instant, il faut que je t’aide à te souvenir de tout »
« Anne So, livide, tâte les liens qui enserrent les mains fines de Birgit dans son dos, les resserre, attirant un gémissement de sa victime »
« Moi aussi j’ai eu mal tu sais, tu ne m’as pas beaucoup aidé »
Elle déplie tout en parlant la lame du couteau sous les yeux de sa victime, de moins en moins à l’aise, le promène pointe vers l’ avant sur le corps de Birgit, qui n’ose plus respirer, puis tournoie autour d’un premier bouton du chemisier qu’elle fait sauter, lentement, tout en ajoutant
« Je vais t’aider Birgit, à retrouver la mémoire,»
Puis elle continue à couper, doucement les boutons du vêtement.
Birgit est terrorisée, ses mains serrées derrière son dos lui font mal.
Pourquoi a t’elle accepter de boire ce verre avec Anne-Sophie ? Peut être parce que cette dernière l’a menacé de la dénoncer tout simplement.
Mais comment a t’elle pu la retrouver si loin de Paris dans cette clinique privée du Sud de la France.
Ils avaient pourtant pris toutes leurs précautions quand ils s’étaient enfuis avec la petite, de Paris.
« Aie » la pointe de l’opinel en découpant sa chemise, lui entaille la peau du ventre.
« Oh pardon, s’exclame faussement gênée Anne-Sophie, je ne t’ai pas fait mal au moins, continue t’elle aiguillonnée à la vue du sang.
Le couteau s’affaire, trace des arabesques sur le chemisier qui n’est plus qu’un lambeau, qu’Anne Sophie se décide à arracher, provoquant un long frisson à Birgit.
J’ai froid, j’ai mal le couteau m’a piqué à plusieurs endroits, je sens que je saigne. Surtout ne rien lui montrer, ça l’excite encore plus. Ludovico, par pitié viens me sauver.
Le soutien gorge découpé rejoint à son tour le chemisier à terre.
« Encore un peu de patience ma belle, tu es presque en tenue »
Anne Sophie, passe l’opinel, aiguisé à vif, sur le pantalon, l’air froid loin de la calmer décuple sa fureur.
La ceinture de tissu saute, le bouton métallique résonne sur les pierres, et l’opinel, agaçant ici et là la peau, découpe le jean, s’affaire sur une jambe puis une autre, arrachant des geignements de sa victime, lorsque le couteau glisse et marque la chair.
Anne Sophie, le sourire livide, arrache ce qui reste du pantalon, le jette sauvagement à terre, puis ne fait qu’une bouchée de la fine culotte de coton.
« Moi aussi, j’étais nue, tu te souviens
Mais toi, tu as de la chance, je te laisse tes sandales.
« Birgit glacée, embarrassée voit Anne-Sophie lui attraper un sein, puis l’autre, les pincer.
« Tu sais Birgit, ce qui est dur c’est la lactation, tu sais le désir d’allaitement du bébé que tu ne peux combler, ta poitrine frémit, demande la petite bouche qui quelque part implore en pleurant.
Et toi comment lui donnais tu à manger, à mon bébé »
Sans attendre la réponse de Birgit, elle la pince sauvagement lui provoquant des larmes qui forment comme un rideau sur ses yeux.
Oui cela a été dur, Joséfa criait tout le temps, j’avais déjà donné le biberon à notre premier enfant je ne voulais pas allaiter, et à mes nièces, mais là, rien ne pouvait la calmer, rien, Ludovico recommençait à s’énerver, j’ai cru qu’il allait la secouer, comme dans les faits divers...
Une douleur fulgurante fait sortir Birgit de ses pensées.
La pointe du couteau sur son sein, le sang qui coule.
« Alors tu rêves ma belle, je te parle, et toi tu somnoles, allez concentre toi. Je te parle de ma poitrine qui attend ce bébé qui ne vient pas, que je sens quémander et moi mes seins s’engorgent me font hurler, tu imagines la scène, hein Birgit ?
Et je dois repartir, prendre des médicaments pour arrêter la poussée du lait travailler sans ce bébé que j’ai porté, dans les larmes et le désespoir...
Oh Birgit tu t’endors, redresse toi »
Comment lui dire que sa boisson était trop dosée que mon corps s’endort, que je ne peux le maîtriser. A t’elle utilisé ce GHB qui anéantit toute volonté.
« Aaaah » Le seau d’eau froide, s’abat sur les épaules de Birgit, puis s’écoule lentement dans la nuit fraîche, apaisant les éraflures qui parsèment son corps ensanglanté.
« C’est de l’eau pure, tu sais ma Birgit, si tu es gentille, tu pourras même y nager tout à l’heure mais, je ne te garantis pas de pouvoir te remonter, les rebords de la piscine sont hauts, et avec les mains dans le dos, c’est pas facile, mais les difficultés, cela ne te fait pas peur, je crois.
Allez couche toi sur la pierre, et vite »
Birgit s’étend, apeurée sur la margelle.
Les pierres froides sur sa peau la font frissonner, elle sent le contact de plaques de mousse sèche sur son épiderme.
« Ne bouge surtout pas ou je caresserai ton cou avec l’autre côté de la lame, s’exclame Anne-Sophie, en promenant le dos de l’opinel sous le menton de Birgit ».
Birgit sent le couteau qui remonte sur ses épaules bascule derrière son dos, Anne Sophie la fait basculer sur le côté, pense un moment la jeter dans le puit pour qu’elle paie de suite.
Elle coupe les liens, qui serrent ses poignets zébrés.
« Mains sur la tête » hurle t’elle.
Birgit docile remonte ses mains, Anne Sophie, le couteau entre les dents ne lui laisse même pas le temps de se ressaisir, lui empoigne les poignets, Birgit sent le contact de la ficelle qui de nouveau enlace ses poignets, vite liés cette fois ci au dessus de sa tête à la barre en arc de cercle du puit.
« Tes jambes, laisse les pendre »
Birgit s’exécute, au dessus d’elle le ciel est étoilé, quasi lacté, mais elle n’ose s’y attarder de peur de mettre en rage son bourreau.
« Voilà nous sommes à égalité, tu te rappelles ma petite Birgit, moi aussi j’étais attachée, impudique, et je ne pouvais pas me défendre »
« Anne Sophie »
« Tais toi, ou plutôt accouche, si j’ose dire, ricane Anne So dans un râle sépulcral.
Dis moi où est mon bébé, et vite »
Birgit, se désespère, comment expliquer que Ludovico est partie avec la petite il y a quelques semaines, probablement en Italie, quand il ont été alertés par le voisinage des recherches d’Anne-Sophie, comment lui faire comprendre que pour protéger Birgit, il ne lui a pas dit où ils seraient, ni comment la joindre ?
« Alors où se trouve mon bébé, s’emporte de nouveau Anne-Sophie, promenant de plus en plus nerveusement la lame de son couteau sur Birgit figée ?
Comment tu l’as appelé au fait, ma petite ? Tu sais moi, je n’ai même pas pu lui donner de petit nom ».
« C’est Jo… »
« Jo… »
“Josèfa”
“Josèfa, comme c’est mignon”.
Anne-Sophie faussement attendrie s’attarde sur le ventre de Birgit le palpe comme pour estimer l’épaisseur de l’épiderme, puis y lisse comme si elle était en recherche d’inspiration.
« Quel beau ventre tu as, souple et ferme à la fois, on voit que tu n’as pas connu l’enfantement ».
Si elle savait soupire Birgit dans un rictus muet.
« Dommage, ce joli ventre, je vais y graver le nom que tu as donné à mon bébé pour que tu n’oublies jamais ce que tu m’as fait. »
Joignant le geste à la parole, Anne Sophie se couche sur les jambes de Birgit pour l’empêcher de se débattre, pince l’abdomen, et commence à l’érafler en articulant à voix haute « J »
« Anne-So., je suis enceinte ! » hurle dans un cri primal Birgit.
Anne Sophie lâche brutalement son arme, qui ricoche sur une pierre, contemple muette, le filet de sang qui suite sur Birgit.
« Enceinte, mon dieu »
Elle détache les liens de Birgit, lui prend les poignets, rougis d’avoir été trop serrés, la redresse et s’écroule en gros hoquêtements sur les cuisses de sa victime.
Birgit, sauvée, jusqu’à quand, caresse les cheveux d’Anne Sophie qui sanglote tout en se demandant comment faire pour récupérer le couteau.
(A suivre ?)
Mon dieu, je suis toute chamboulée ... Très violent mais très bien rédigé, je trouve.
· Il y a plus de 10 ans ·Mathilde En Soir
C'est en fait, le début d'un roman...en gestation si j'ose écrire...
· Il y a plus de 10 ans ·valjean
Merci Mathilde, pour votre commentaire, oui c'est très noir, la suite existe mais je n'ai pas encore osé la publier !
· Il y a plus de 10 ans ·valjean
Je peux comprendre, mais je suis curieuse de lire votre suite.
· Il y a plus de 10 ans ·Mathilde En Soir
Je la publierai d'ici la fin de l'été, il faut pour cela que je la rende publiable ;-)
· Il y a plus de 10 ans ·valjean
Oui c'est vrai c'est oppressant, angoissant, mais çà se lit bien ! Je crois que le format de la nouvelle est à adopter en allégeant certaines parties ! Une ligne noire, vive et courte comme l'opinel, voilà comme je le vois ! Comme je ferais !
· Il y a presque 12 ans ·theoreme
Bonjour Théorème, j'ai pas encore ou si peu repris la plume, d'oû le temps mis à vous répondre. Vous avez certainement raison, quand l'inspiration m'accompagnera de nouveau, je retravaillerai ce texte.
· Il y a presque 9 ans ·valjean
C'est très violent ... peut-être trop ? Trop de folies en même temps et pas assez de normalité. C'est bien écrit (un peu de confusion parfois) mais c'est lourd à lire, oppressant. Ceci pour répondre à ta question ... veux-tu vraiment en faire plus, en faire un roman qui te prendrait du temps, des heures à écrire sur un sujet aussi cruel et sombre, sans espoir !
· Il y a presque 12 ans ·fuko-san
La question reste posée, 3 ans après ton message.
· Il y a presque 9 ans ·valjean