Jean Marie Bigard.

J'ai appris que le comique Jean Marie Bigard allait tirer sa révérence dans un dernier spectacle et puis prendre une retraite bien méritée à 63 ans, après de nombreuses années de scènes et de sketches mémorables. J'ai pris cela en pleine gueule comprenant d'un coup que mes idoles vieillissaient en même temps que moi ! Il me reste encore la maigre consolation de constater que beaucoup d'autres comiques sont déjà morts.

Bigard, je l'ai découvert comme beaucoup d'entre nous, dans « La Classe » présenté par Fabrice de 87 à 94, au siècle dernier …

Pas envie de parler de la pépinière de comiques qu'avait engendrée cette modeste émission en son temps. J'ai plutôt envie de me demander « mais qu'en reste t il aujourd'hui ? ». Des artistes reconnus, certains ayant su rester forts et intelligents face à l'air du temps, d'autres ayant eu plus de mal. Bigard a toujours su assumer et revendiquer son « humour » situé entre l'héritage de Coluche (on peut tout dire et rire de tout), celui de la paillardise bien française et celui situé bien en dessous de la ceinture. Coluche, ça passe encore, mais la paillardise c'est quoi pour cette nouvelle génération qui ne jure que par les réseaux sociaux et cette culture amnésique qui perd la mémoire au bout de trois jours ? Pour ce qui est du « sous la ceinture », on n'en parle plus de peur des amalgames. Rien à voir ici avec un quelconque souci bucco-dentaire, je dis ça au cas où.

Je pense que l'artiste, … généreux, excessif et sincère aura tout donné à son époque. Il l'aura donné au grand jour alors que ses dignes héritiers et méritants d'aujourd'hui ne pourront s'exprimer qu'en des salles obscures et secrètes. Craignant la censure et d'autres muselières du nouveau bon sens et du nouveau monde revu et corrigé par la nouvelle raison humaine.

Merci Jean Marie pour tes bons mots, tes gros mots, tes mots de trop. Merci pour ton talent tout simplement. Merci d'avoir su exprimer le dernier, cet humour potache qui manquera cruellement aux générations futures sacrifiées au politiquement correct et qui vont être bien emmerdées de ne pouvoir comprendre le second degré et la gouaille du lâché de salopes ou de la chauve souris enragée. Car aucun sketch ne saura  plus désormais exprimer autant l'ampleur de la connerie humaine ! Je n'en oublierai pas pour autant Jean Yanne, Pierre Dac ou d'autres Fernand Raynaud, qui ont tenté bien avant toi d'effleurer la conscience bien pensante de l'humain grenouille de bénitier, étouffé par lui-même et son autocritique hypocrite.

Merci d'avoir su prendre le train en marche de ton époque, car les trains que nous aurions pu prendre aujourd'hui, sont ou en grève ou désespérément vides ou virtuellement hypocrites.  Merci aussi d'avoir su le quitter à temps, car ce n'est pas hélas donné à tout le monde. Je comprends également très bien que les rats veuillent quitter « ce » navire.

Il y aura d'autres comiques, J'en suis sur. Mais je serais fort étonné qu'ils arrivent encore à l'avenir, à remplir le stade de France avec les mêmes conneries que toi :o)

Bigard avait encore ce pouvoir d'appeler un chat un chat sans provoquer un tôlé sur les réseaux sociaux et faire une blague sans offusquer 50 millions de bien pensants amnésiques, mais ça c'était avant.

Lorsque l'on a tout donné, il vaut mieux je crois savoir tirer sa révérence plutôt que de se « suicider » tel l'exceptionnel Pierre Péchin, en se retirant discrètement pour retrouver ce qui compte vraiment, au-delà de cette jungle d'idées jugées mal placées par des incultes mal élevés qui évoluent dans un monde qui marche sur la tête.

Bien à vous !