Joyeux Anniversaire

regissae

Joyeux Anniversaire !

 

Je ne sais pas si toutes les femmes vivent la même situation que Stella, au

moins les trois quart je dirai, même si il y a toujours des exceptions et que peut-être certains conjoints sont plus attentifs à leur moitié que d’autres ! Mais je ne pense pas qu’ attentif soit le terme exacte, je crois et je suis même sûre que le mot exact est sensible, oui certains conjoints doivent avoir plus de sensibilités que d’autres.

Voilà, on y est ! Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Stella ! Elle a quarante

ans ! Ce matin, pas de réveil, c’est dimanche. Premier cadeau, le droit de dormir tout son saoûl, après la nuit de folie sexuelle que lui avait réservée Jean-Pierre, son mari.

Dix-huit ans de vie commune, trois enfants, une maison, deux poissons rouges et un chat blanc (dans l’ordre d’apparition !).

Un mari, toujours fou amoureux et toujours désireux de lui faire plaisir, à son niveau à lui, avec son petit budget (il trouvait que pour un petit employé, il se débrouillait pas trop mal !).

Stella entendit les enfants galoper dans les escaliers, ils couraient après

Fripouille, le chat. Le temps d’émerger de ses nuages, de se demander quel jour on était, et de réaliser enfin, que c’était le jour de son anniversaire !

Je m’occupe de tout ! avait décrété son mari, et c’était bien ce que craignait le

plus Stella, car en dix-huit ans, il n’avait jamais réussi à la surprendre ! Elle se demandait bien pourquoi ? Si quelque part ce n’était pas de sa faute à elle, car elle attendait toujours quelque chose qui n’arrivait pas et au bout du compte elle était toujours déçue. Elle se demandait si son enfance y était pour quelque chose, pas de cadeau d’anniversaire, des cadeaux de Noël de l’usine de papa, en particulier un ours en peluche reçu pour ses quatre ou cinq ans qui lui faisait peur…

Arrête de psychoter lui disait Jean-Pierre ! Facile à dire ! Nous les femmes ont

réfléchi trop, on analyse, on pense tout le temps ! Les hommes eux, laissent couler, ne s’attardent sur rien, et donnent l’impression parfois d’être sourds, aveugles et muets !

Elle décida de se lever, alla prendre sa douche, et arriva dans la cuisine pour le

petit déjeuner.

SURPRISE ! La table est mise et c’est un petit déjeuner de roi ! Croissants, brioches, pain frais, tasse de thé déjà prête, jus d’orange pressée, et même un petit bouquet de fleur, miniature !

Bon Anniversaire ! maman, lancent en chœur les garçons, tout en me sautant

au cou pour m’embrasser ! Ces derniers temps, leurs bisous se font de plus en plus rares, ils se voient hommes et s’en vont petit à petit. J’en ai les larmes aux yeux ! Finalement, ils m’aiment quand même un peu, alors ? Oubliées toutes les petites broutilles du quotidien qui nous gâchent la vie, dorénavant ce sera anniversaire tous les jours ! YES !

Ils me sautent dessus tous les trois, avec leur cadeau et leur carte de vœux, et

chacun veut que j’ouvre son paquet en premier. Comme il faut bien un ordre, je décrète que je commence par celui  du plus grand au plus petit, même si tout le monde n’est pas content.

J’ouvre le paquet de mon aîné, un homme déjà, qui me regarde en biais, la

même tête de mule que moi, mais en plus effronté quand même, parce que trop gâté par la vie en général pour le moment et ses parents en particulier, surtout son père qui lui cède tout ! Il m’a offert le DVD du concert de Céline DION à LAS VEGAS, ah bon il connaît mes goûts ? Je l’embrasse pour le remercier et je lis sa carte, « ma maman que j’aime, bon anniversaire pour tes 40 ans ! », c’est écrit noir sur blanc, la prochaine fois qu’il me lancera que je le saoule, je ressortirai la carte et la lui mettrai sous son nez, regardes, c’est toi qui l’a écrit, « je t’aime » et toc !

Au cadeau de mon cadet, là je devine sous le papier d’emballage un livre. C’est

un petit clin d’œil entre nous, je l’ai inscrit à un club de lecture, qui lui envoie environ un livre par mois à lire en avant première et il doit donner son avis, comme un critique. Donc là, c’est comme si on inversait les rôles ! J’ouvre sa carte et là c’est l’adoration totale, tu es la plus gentille, la plus belle, je t’aime. Cette carte va être encadrée pour le lui rappeler, mais non, je rigole, mais ça fait tellement plaisir…

Enfin, le benjamin, avec son petit air malicieux. Il m’offre un sac bandoulière,

pour les sorties informelles, il est rigolo le sac, y a Betty Boop dessinée dessus. Sa carte me fait sourire, elle résume bien les idées des deux aînés dont il a dû s’inspirer.

On s’enlacent tous les trois à nouveaux, ces moments là sont décidément

beaucoup trop rares et il me faut faire des réserves si je dois attendre jusqu’à mes cinquante ans pour avoir encore des gros câlins et des déclarations comme ça !

Pendant tout ce temps, Jean Pierre, silencieux, comme cela ne lui ressemble

pas !, a tout filmé avec la caméra. L’autre jour je me suis surprise à me demander si ce n’était pas mieux de ne pas avoir de trace de soi sur vidéo, comme ça on ne pourra pas nous dire tu vois, t’as tout eu et pourtant tu n’étais pas plus heureuse ! La caméra passa dans les mains de mon aîné et pendant que je réclamais mon cadeau de mes quarante ans à mon époux, il me dit qu’il me le donnerait cet après midi, quand toute la famille sera réunie autour du gâteau… Mon stress montait et l’attente allait être insoutenable !

Nous fûmes interrompu par la sonnerie du téléphone, qui logiquement devrait

sonner un peu tout de même aujourd’hui, puisque les quelques amies que j’ai devaient penser à moi, au moins une fois dans l’année et puis j’étais la dernière de l’année à célébrer donc, elles avaient toutes eu leurs cartes d’anniversaire personnalisée avec un cadeau spécial pour leur quarante ans à elles, si elles m’oubliaient ma déception serait terrible… Déjà que c’était dur ce jour là de ne pas avoir de nouvelle de sa propre famille, parce qu’elle avait choisit de ne pas fêter les anniversaires, mais on ne choisit pas sa famille, tandis que ses amies si et si elles vous oublient c’est qu’elles ne vous aiment pas !

 Ah !  Stella, arrêtes de psychoter me dirait Jean pierre !

La famille devait arriver pour midi. Apéro, déjeuner, puis goûter, on traînerait à table tout l’après midi. Heureusement que j’ai pris RTT demain, pour me remettre de mes émotions !

Les beaux-parents nous avaient déjà donné leur cadeau, un cadeau commun à Jean Pierre et moi. Comme leur fils a eu quarante ans un an avant moi, la surprise n’est plus d’actualité ! Ils nous avaient offert un bon pour un voyage, on avait réservé une location à Paris, où nous avons emmené les enfants l’été dernier. Quand à ma belle-sœur et son mari, j’en attendais rien en particulier, plutôt le pire, vu que pour mes trente ans ils m’avait offert le balai serpillière qu’elle avait offert pour les cinquante ans de ma belle mère (et dont celle-ci a dit qu’elle n’en voulait pas !). Au cas où elles se reconnaîtraient, si, si, je n’ai pas oublié !

Finalement la seule surprise viendrait de Jean Pierre !

Je lui avais dis que le plus beau cadeau serait d’être réunis, quelque part, juste nous cinq, ensemble, mais non, il fallait toujours qu’il rattache sa famille avec, son leitmotiv « je n’ai qu’une soeur donc… », ouais t’as qu’une soeur, mais qu’est-ce qu’elle nous fait chier ! 

Faut quand même dire que Stella avait mis elle la barre très haute avec le

SUPER MEGA CADEAU qu’elle avait fait à Jean Pierre pour ses quarante ans ! Et  même si mère nature s’y était mêlée, si on peut dire : son papa à Jean Pierre avait été hospitalisé, donc la fête est un peu tombée en FLOP ! Pour en revenir au cadeau de Stella pour son mari, elle lui avait offert un baptême en FERRARI et LAMBORGHINI, avec un WE en famille, pour se retrouver entre eux cinq, ailleurs, ensemble !

Elle allait quand même devoir travailler un peu aujourd’hui, même s’ils avaient

fait appel à un traiteur, il fallait quand même dresser la table pour douze personnes, six adultes et six enfants.

La veille elle était allée chez le coiffeur pour rafraîchir sa coupe et se faire faire

une couleur, et tout à l’heure l’esthéticienne devait passer pour lui concocter un maquillage de STAR ! Ce n’est pas tous les jours qu’on a quarante ans non ?

Il était onze heure quarante cinq, et tout était en ordre. Les enfants étaient

excités eux aussi de devoir attendre l’arrivée imminente de leurs cousins.

Finalement on sonna à la porte.

Ding Dong…

Stella était au petit coin et elle n’entendait plus aucun bruit de l’intérieur de sa

maison.

Ding Dong…

-         Allez ouvrir, les enfants, j’arrive !

Ding, Dong…

Mais y a personne dans cette maison ou quoi, se disait Stella !

Ding, Dong…

C’était le traiteur, mes ses hommes avaient disparus !

Stella s’installa dans le salon et attendit la surprise, car elle savait maintenant

que tout était en place et que quoique Jean-Pierre avait préparé, imaginé, il fallait faire bonne figure, accueillir la famille, sourire, allez ce n’était pas comme si c’était un mauvais moment à passer !

Elle était toute seule, assise sur son canapé, elle avait quarante ans, et elle se

voyait seule, les larmes lui montèrent aux yeux, quand on sonna encore une fois.

C’étaient eux ! Ses garçons, son mari, ils étaient là, ils étaient revenus, ils

avaient les bras remplis de paquets, la fête n’était pas finie et les surprises non plus ! Jean-Pierre avait fait des folies, ses parents suivaient la marche, les cousins étaient là aussi, la fête allait pouvoir commencer, on allait bien s’amuser !

Stella avait quarante ans et se retrouvait entourée des gens qu’elle aimait ! JOYEUX ANNIVERSAIRE !  criaient tous les invités.

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