Le démon de midi ? Pour les femmes aussi

regissae

LE DEMON DE MIDI ? POUR LES FEMMES AUSSI

Elle ne se rappelait plus à quelle période de l’année, son arrivée coïncidait ? Ce

devait être au début du printemps, car elle se souvient de la clarté du soleil derrière la fenêtre de son bureau, les oiseaux qui piaillent et le stand-by des clients devant l’entrée du bâtiment, où se retrouvaient les fumeurs, ce qui avait le don de l’irriter, puisque du coup elle ne pouvait plus ouvrir sa fenêtre à cause de la fumée de la cigarette ! Elle se rappelait aussi que malgré le soleil, le fond de l’air était encore frais, parce que les gens portaient encore des vestes ou des manteaux chauds.

Cela lui paraissait si loin dans son esprit et pourtant cela ne faisait que quatre

semaines, un mois ! En refermant les yeux elle se rappelait la première fois qu’elle l’avait vu. Comment oublier le déferlement d’émotions qui s’abattit soudainement sur ses épaules ! Elle n’avait jamais vécu ce sentiment avant. Et c’est avec une grande culpabilité que Marjorie pensait à cet homme et non à son mari !

On leur avait présenté ce nouveau collègue, enfin collègue était un grand mot,

puisque Bastien travaillait en fait pour l’équipe de sécurité dans son groupe bancaire. Avec la crise financière, le siège avait connu quelques soucis avec des clients et l’enseigne avait étoffé son équipe de sécurité pour sécuriser les abords d de la banque, dans le but plus précisément de protéger l’accès aux distributeurs automatiques de billets, plus particulièrement pour les personnes âgées, fragilisées et plus exposées aux agressions.

Au départ, Marjorie avait eu l’occasion de croiser Bastian à la cantine et de

faire plus précisément sa connaissance, sans qu’il y ait de suite particulière. Les choses se précipitèrent lors de la  session de formation incendie, imposée à l’ensemble du personnel, pour des raisons évidentes de sécurité. C’était d’ailleurs la seule occasion où tous les salariés du groupe pouvaient se côtoyer sans distinction de grade, la femme de ménage pouvait être assise à côté du DRH, sans que cela ne choque personne.

Marjorie s’était rendu dans la salle de réunion, où les consignes de sécurité

étaient décortiquées, dans une ambiance bonne enfant, le formateur ayant le chic de dédramatiser par l’humour ! Rien que pour ça, Marjorie n’aurait loupé la séance pour rien au monde !

Elle n’avait pas remarqué que Bastian était assis derrière elle, et il se croisèrent

au moment de la pause. Marjorie se rendit aux toilettes, où sans qu’elle ne sache trop pourquoi, au moment où elle s’apprêtait à sortir, elle fantasmait que Bastian, entrait dans le cabinet avec elle, la collait contre le mur, l’embrassait sauvagement, tout en la caressant de ses mains agiles, et elle qui se laissait faire !!! Marjorie, secoua sa tête, en se disant « Mais je deviens folle ou quoi ? », elle ne se reconnaissait pas et culpabilisait à mort, elle qui n’avait connu aucun autre homme que son mari ! Le pauvre pensait-elle, s’il savait ! Heureusement que les pensées peuvent encore rester secrètes !

En voulant rejoindre le groupe, elle entendit qu’on l’interpellait, elle se retourna et

vit Bastian lui tendre un gobelet de café.

-         c’est gentil, mais je ne bois pas de café, jamais, je suis plutôt thé, désolée.

-         Ah, zut alors, moi qui pensais te faire plaisir. Alors je vais l’offrir au formateur.

Il s’en alla avec ses cafés et elle le regarda partir, ne comprenant toujours pas ses pensées plutôt déplacées !

La séance de formation repris et se termina à midi, comme prévue. En quittant

l’immeuble pour aller déjeuner, Marjorie croisa encore une fois Bastian à la sortie, qui l’attendait :

-         si on déjeunait ensemble, pour une fois, sans le reste du groupe ? On apprendrait à

mieux se connaître ?

            Alors que Marjorie avait prévu de répondre « Non merci », sa bouche s’ouvrit en cœur pour répondre :

-         oui ce serait un réel plaisirs.

Elle avait l’impression de se regarder dans un film.

Alors qu’ils auraient dû se rendre à la cantine, il s’enfermèrent dans le bureau

du responsable du courrier ; en tant qu’agent de sécurité Bastian avait tous les passe-partout de l’immeuble et il savait que le local serait tranquille jusqu’à quatorze heures.

Elle le suivait comme un petit chien qui suit son nouveau maître, et elle avait l’impression que l’ange, droit et juste lui criait à son oreille droite de s’enfuir immédiatement avant que l’irrémédiable ne serait consommé, pendant que le diable, sournois et enjôleur lui susurrait  de se laisser envahir par la montée du désir qui allait la submerger ! Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, elle ne se reconnaissait pas, elle se justifiait en se disant « ce n’est pas moi, ce n’est pas moi ! ».

Bastian fut à la hauteur de toutes ses craintes et de toutes ses espérances. Il la

déshabilla, tout en l’embrassant sur l’ensemble du corps avec une fougue peu commune, lui enlevant son chemisier et l’embrassant,  sur le cou et dans la nuque, respira tout son corps, elle se laissa faire, comme si de ne pas participer lui enlevait un peu de sa culpabilité à jouir de plaisir avec un autre ! Il l’a souleva contre lui et ils s’enfourchèrent au milieux des lettres et des paquets qui allaient être distribués  l’après midi même dans tous les étages. Leur plaisir fut bref et long à venir pourtant, Bastian tâchant de prolonger le moment fatidique de la « petite mort »,  ne sachant  pas encore pourtant qu’après, il la perdrait pour toujours.

Il restèrent un moment encore enlacés, et comme si elle se réveillait Marjorie le lâcha, se rhabilla et murmurait « mais qu’est-ce qui m’a pris ? mais qu’est-ce que j’ai fait ? »

-         Nous avons fait ça à deux Marjorie, lui répondit Bastian, et j’avais cru comprendre

que c’est ce que tu voulais aussi ?

-         Non, non, je ne voulais pas ça, je suis mariée, si mon époux l’apprend je suis foutue…

Marjorie quitta le local et retourna dans son bureau complètement abasourdie par les derniers événements au cœur desquels elle était un rouage non négligeable, mais pire que tout consentante !

L’après-midi se passa tant bien que mal et ce fût enfin l’heure de rentrer à la

maison. Etant rentrée plus tôt que d’habitude, elle décida de prendre un longue douche, bien chaude, qui la purifierait peut-être… Elle prépara le dîner, un bon plat de lasagne, le repas préféré de son mari. Les filles rentrèrent du collège, elle était maman de vraies jumelles, Linda et Sofia, âgées de 12 ans, elle les aiderait à réviser leurs leçons.

La soirée fut parfaite, et le dîner achevé, les filles couchées, elle s’accorda un moment de tendresse avec son mari. Les tracasseries du quotidien, avec les petits soucis financiers qu’ils avaient eu à cause de l’achat d’un second véhicule, avaient un peu terni leur relation de couple, mais Marjorie ne voulait pas se résoudre à la fin de leur histoire. Ce soir là, ce serait leur soir, que cela soit un moment intense ou que cela soit la fin !

Elle monta se préparer à l’étage, choisit des dessous coquins, comme son mari

les aimait bien et elle l’attendit sagement au lit, en bouquinant. Habituellement, leur règle était pas de sexe quand on bosse le lendemain. Ils bossaient tous les deux le lendemain mais il valait mieux un couple fatigué que séparé !

Lorsque son époux la rejoignit enfin, elle avait bien avancé dans son roman,

Les Ecureuils de Central Park sont Tristes le Lundi, de Katherine Pancol, et l’émission de catch était fini, ce fut un feu d’artifices dans la chambre parentale (elle adorait ce terme de chambre parentale, qui signifiait chambre plus salle de bain privative attenante !), son mari la combla au-delà de toutes ses espérances et elle oublia la faute de l’après-midi, une lamentable erreur de parcours, mais qui risquait de la suivre…

La nuit fut courte mais ce n’était pas fatiguée qu’elle était le lendemain matin, plutôt anxieuse de se rendre au bureau, retrouver ses collègues et malheureusement revoir Bastian, qui elle l’espérait ne lui courrait pas après ?

Il n’était pas dans le hall, il devait commençait son poste dans l’après midi

certainement. Avec de la chance, elle ne le verrait peut-être même pas ce jour là, et rien que cette idée lui mit du baume au cœur, et c’est avec entrain qu’elle se mit immédiatement au boulot !

Malheureusement, après le déjeuner, qui c’est qui déboule dans le bureau avec un

café dans chaque main ?

-         Salut Marjorie, je ne me suis pas trompé cette fois, je t’ai pris une tisane !

Je ne vous raconte pas les regards sidérés des collègues, regards interrogateurs « il

nous joue quoi lui ? », sans compter les ragots qui allaient faire le tour de la boîte en moins de temps qu’il n’en faut pour dire OUF ! Marjorie ne savait plus où se mettre…

Tout à coup une sonnerie se mit à retentir dans le lointain, Marjorie croyait d’abord que c’était l’alarme incendie...

BIP - BIP BIP – BIP BIP BIP – BIP BIP BIP BIP –

Encore endormie, les yeux fermés, machinalement, Marjorie éteignit le réveil.

Elle se mit assise sur le lit, alluma sa veilleuse et regarda l’heure: 6 h 25.

Son mari, lui demanda :

-         Mais quelle heure il est ? pourquoi t’as mis le réveil, on est dimanche quand même  !

Marjorie ne comprenait plus rien ! On était dimanche ? Mais alors cela voulait dire que c’était un rêve ! J’ai tout rêvé, il ne sait rien passé ! Je suis blanche comme neige !

-         j’ai fait un cauchemar, mais ça va mieux !

Elle éteignit sa lumière, se blottit contre sa moitié et lui fit l’amour comme jamais, lui qui adorait faire l’amour le matin, le midi et le soir, tous les jours, insatiable et amoureux de sa femme…

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