Juliette s'en fout

embey

Juliette elle, elle s'en fout.

De tout.

Enfin je crois.

Les choses lui tombent sur le coin de la tête depuis quelques années, et je pense qu'elle a dû élaborer une sorte d'abri "paragalères" à force, à un tel point que je ne la vois même plus sourciller quand les mauvaises nouvelles lui sont annoncées.

Elle reste là, à écouter avec cet air placide, qui ferait rougir le plus flegmatique des anglais.

Pas une réaction.

Le vide émotionnel.

Dans ces moments là j'aimerais graviter dans son cerveau et suivre les influx électriques neuronaux, que pense t'elle? Est ce vraiment vide dans ses pensées?! Impossible! Moi à sa place j'aurais le cortex en surchauffe à retourner les choses 100 fois,dans tous les sens, en alternance entre les nerfs, la panique, l'angoisse et la peur, en me bouffant les moignons de doigts (à sa place je n'aurais surement déjà plus d'ongles), à creuser des tranchées au sol à force de faire les dix milles pas (à ce niveau 100 ça suffit plus).

Mais rien.

Rien ne se voit.

Alors on se dit que finalement ça doit pas être si grave, si ça l'était elle réagirait pas vrai? C'est surement ça, on s'inquiète pour pas grand chose, elle sait mieux que nous ce qui doit attirer son attention après tout. Et puis on la voit rire et sourire et s'amuser de tout, tout semble toujours léger avec elle, c'est pour ça que j'aime être avec elle, Juliette c'est mon rayon de soleil. Elle donne confiance dans l'avenir. Elle me dit souvent que "rien n'est grave à part la mort... Et encore..", puis elle me fixe avec ses yeux pétillants et me fait un clin d'oeil malicieux.

Mais quand je la vois se perdre dans l'horizon, quand elle regarde par la fenêtre de son lit d'hopital en fixant les nuages qui défilent, alors je me tais et je me dis "oui, et encore..."

Signaler ce texte