Jusqu'0ù va se nicher la cruauté humaine

Un soir d'été en Arles, certainement l'un des plus chauds de la saison, Manuella achève sa journée de travail. Le bar est rangé, les chaises alignées autour des tables sur la terrasse et les parasols refermés jusqu'au lendemain ont des allures de soldats au garde-à-vous. 
Un dernier coup d'œil circulaire pour vérifier, un doigt sur les interrupteurs pour éteindre la salle et elle saisit le sac poubelle. 
A cette heure-ci, le soleil est encore chaud et la piscine résonne de cris joyeux d'enfants heureux, les balles de tennis rebondissent et claquent sur les raquettes dans un bruit sec. 
La jeune femme regarde, nostalgique, tous ces gens en vacances et pousse un soupir mélancolique en ouvrant le container.
Soudain elle croit entendre miauler…
— Si vous croyez m'effrayer, c'est raté ! 
Ses amis, toujours prêts à lui faire des farces ne répondent pas.
Elle s'apprête à benner son énorme sac et tend à nouveau l'oreille plus attentivement cette fois, et perçois nettement ce petit cri étouffé.
Elle plonge la tête dans les profondeurs nauséabondes du container…
— beurk ! 
Et en extirpe le sac plastique suspect.
Un double nœud défait, elle extirpe un premier sac, un autre délié en libère un second. Et là… l'horreur : quatre petits corps ont été jetés vivants par un propriétaire peu scrupuleux. Elle extrait les corps des chatons. Trois d'entre eux sont morts, mais le quatrième respire encore. Une minuscule minette mouchetée, légère, hurlante et affamée !
Cette première nuit sera blanche pour la jeune femme. Un flacon de sérum physiologique fait office de biberon et toutes les heures elle nourrit la bête vorace. 
Mais les suivantes, la minette adopte le rythme de la maisonnée, respectant le sommeil des locataires fatiguées par leur saison ! Julie, allergique aux chats, prend elle aussi son tour de garde pendant les heures de travail de Manuella. 
Julie possède une très grande richesse : Mouzette, chienne croisée border colley, d'une très grande gentillesse… et serviabilité. Cette dernière prend le chaton "sous son aile" comme s'il s'agissait de son chiot. Plus de soucis de toilette, de pipis, au grand dégoût de Julie !,Même les jeux sont compris dans le forfait de l'adoption.
Un carton en guise de panière, un tigre-peluche pour câlins-copain-bouillotte et une couverture recouvrant le tout pour garder chaleur et obscurité… 
Notre rescapée reprend des forces. Vraiment minuscule, miss poubelle est surnommée Minimoï. Minuscule oui, mais cela ne l'empêche pas de se faire respecter par les autres félins lorsque qu'elle débarque chez la maman de sa maîtresse.
Comment une si petite chose qui tient dans la paume de la main peut hurler aussi fort ?
Aujourd'hui Minimoï est toujours mini, plutôt filiforme avec une très forte personnalité ! Si l'un de ses congénères approche de son assiette ou de son jouet ne serait-ce que l'ombre d'une moustache, elle gronde.
Amusant de constater ses trophées de chasse, aussi miniatures qu'elle !

En conclusion, la mère de cette Minimoï va refaire des chatons. Vont-ils eux aussi "passer" à la poubelle ? En campagne, il est interdit de mettre des animaux morts dans les containers d'ordures ménagères, et en ville alors ?