"Kaboul était un vaste jardin" de Qais Akbar Omar
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Pour nous occidentaux, quand on dit Kaboul, on pense talibans, attentats, bombes, victimes. Mais on oublie bien trop vite que derrière ces horreurs qui nous parviennent de nos petits écrans, se trouve des familles complètement détruites. Des hommes, des femmes, des enfants, des êtres humains qui n'ont rien demandé, et qui n'aspirent qu'à une seule chose : Vivre. En paix.
A 29 ans Qais Akbar Omar, un jeune kaboulien prend la plume pour nous raconter une histoire incroyable. Cette histoire c'est la sienne. Celle d'une famille afghane très unie autour de son patriarche véritable pilier, jusqu'où jour où la guerre civile éclate.
Qais a alors 8 ans, et plus de vingt ans plus tard, il n'a pas oublié. Comment le pourrait-il après avoir vu, vécu, subi lui-même, malgré son jeune âge, les pires atrocités que l'homme est capable d'affliger à un être humain ?
A travers son récit et ses yeux d'enfant, Qais nous montre à quel point l'homme est capable du meilleur comme du pire, lui qui en une nuit a laissé son enfance derrière lui pour être projeté dans le monde cruel des adultes.
En ouvrant ce livre, on entre dans la vie de cette famille afghane qui nous fait partager son quotidien. Celle d'avant, avec nostalgie et celle d'après, sans jamais baisser les bras : la fuite avec ses parents et ses soeurs et frère, l'envie d'exil, la prison, la vie dans les grottes des bouddhas de Bämyân, la vie avec les nomades et le retour à Kaboul. Car oui, en dépit de tout ce qui a pu se produire dans ce pays (et encore aujourd'hui), ils restent attachés à leur terre, leurs racines.
“Je pense que ce pays a un avenir mais c'est à nous d'y travailler, sinon qui le fera ? On doit avoir le courage d'agir.”
L'auteur nous raconte avec des mots simples les choses telles qu'il les a vécues, en y mettant ses tripes, et malgré toute cette violence que l'on est très loin d'imaginer, il y a aussi des rencontres exceptionnelles, riches d'expériences. On ne peut être que touché par cette rage de (sur)vivre.
Plus qu'un témoignage, c'est une véritable leçon de vie. D'une beauté aussi bien dans les paysages que dans les valeurs humaines. Une humanité qui nous fait cruellement défaut, nous occidentaux.
Si ce récit est aussi instructif que dur, il est également empreint de sagesse, souligne l'hospitalité et la bonté des afghans. Et le mot famille prend tout son sens tout au long de ces pages.
“Le passé, c'est comme l'eau qui coule dans une rivière. Tu ne peux pas la retenir avec une pelle. Laisse le passé là où il est et avance, tu ne perdras rien.”
Une sacrée claque qui nous ouvre les yeux et change notre vision du monde.
Quelques photos de Kaboul à la fin des années 60, avant l'invasion soviétique, bien loin de ce qui s'y passe aujourd'hui...
· Il y a plus de 7 ans ·http://dailygeekshow.com/afghanistan-annees-60/
Marcus Volk