Komboloï

Yeza Ahem

De la multiplicité des origines et de ses possibles...

Komboloï : n, m (vient du grec ancien « kóbos » signifiant « nœud » et « -logio » signifiant « collection » ou du latin « cum » signifiant « avec » et « bolus » signifiant « coup de dés ») objet ressemblant à un petit chapelet, composé de perles (en os, ambre, argent, verre, bois...) enfilées sur un cordon fermé par un nœud. Utilisation (surtout masculine) : égrenage des perles avec les doigts ou circonvolutions autour des doigts étendus (Grèce) ; pour se détendre et se divertir.

L'arrivée du Komboloï dans les mœurs grecs remonterait à la toute fin du XIIIe siècle. Marco Polo, lors de son voyage en Chine, fut enthousiaste à la découverte des bouliers qui remplaçaient les abaques grecs (dessin sur des tablettes recouvertes de sable) ou romains (placement de galets sur des colonnes symbolisées sur une table) qu'il connaissait. Il ne se lassait pas de voir les commerçants les manipuler, plus rapides lui semblait-il que ce que son œil pouvait percevoir. Un vieil homme, amusé par l'enthousiasme de Marco Polo, lui offrit un boulier rudimentaire : un cadre en bois, une cordelette tendue de part et d'autre et traversant 13 fois le cadre, et des boules en terre cuite (7 boules par « étage » de corde : 5 d'un côté d'une baguette et 2 de l'autre).

Marco Polo emporta avec lui ce drôle d'objet. Il le garda pendant tout son voyage de retour. Malheureusement, alors qu'il naviguait sur la mer de Chine, une tempête le surprit et le boulier, projeté au sol, se brisa. Déçu et un peu triste, il décida de garder ce qui pouvait l'être pour en refaire un à l'identique une fois de retour chez lui. Il prit la cordelette sur laquelle restaient intactes 25 boules, et noua celle-ci de telle sorte que 21 soient sur une même longueur de corde, alors que 4 boules étaient disposées après le nœud (2 par bout fermé par un nouveau nœud). La cordelette était suffisamment longue pour pouvoir faire aller et venir les boules. Marco Polo, voulant ne plus prendre de risques avec les reliquats de son boulier, le gardait dans sa poche, et s'amusait à égrener les boules pour évacuer son stress lors de rencontres diplomatiques importantes ou lors de moments de rêverie.

Lorsque Marco Polo traversa l'Empire de Constantinople, en plein éclatement, il rencontra nombre de marchands et armateurs pour qui le commerce restait fleurissant. Il leur montra et expliqua ce système de boulier, venu tout droit de l'Empire mongole. Mais rares furent ceux qui s'intéressèrent vraiment à cet objet. Il eut plus de chance dans ses pérégrinations dans les quartiers plus sombres, là où ceux qui aimaient jouer avec le hasard se retrouvaient. Tenir des comptes tout en ayant les mains dans ses poches, cela pouvait s'avérer intéressant, voire utile... Et si l'on devait partir en vitesse ou montrer le contenu de ses poches, la confusion possible avec un chapelet était suffisante pour détourner les soupçons.

Marco Polo poursuivit son voyage, et pu fabriquer un nouveau boulier à partir ce qui restait du cadeau du vieux marchand, complété par des matériaux nobles. L'Empire de Constantinople s'est effondré un siècle et demi plus tard, la Grèce a perduré et a conservé, faiblement modifié, ce drôle d'objet arrivé d'Asie et aujourd'hui nommé komboloï. Il continue à être surtout utilisé par les hommes, égrené ou manipulé adroitement, mais à seule fin de divertissement et relaxation. Enfin... c'est ce qui se dit...

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