La barrette bleue. Souvenirs d'outre-Espace, premier chapitre.

astrov

Science fiction ? Non. Je l'ai vécu en août 2019. J'étais averti, j'ai voulu parler, mais personne ne m' a cru. Des années après cette pandémie dévastatrice, je dois parler de Sophie des Etoiles.

Une date et un lieu pour ma rencontre avec une extraterrestre ? Facile, je ne risque pas de l'oublier: Le 24 août 2019, deux heures de l'après-midi, forêt d'Estreguelles, dans le sud de la France.

Envie d'une ballade seul, sur ces chemins qui me sont tous familiers. J'aime cette chaleur, un peu calmée par les arbres. Après une bonne heure de marche, je me vote une petite sieste, serviette posée au bord d'une grande clairière. Le Destin, c'est parfois affaire de dimension. Si il n'y avait pas eu ce vaste espace libre de végétation, La Visiteuse n'aurait pas pu venir.

Allongé en mode paix du corps et de l'âme, attention flottante avant le sommeil, mais il semble que je ne puisse pas dormir. Le son qui m'arrive, tout soudain, c'est une sorte de ronronnement  (aucun chat dans le coin) pas fort, mais dont on peut ressentir la puissance. Les oiseaux sont de cet avis, tous font silence. Je m'assieds, pas inquiet, mais ça vient d'où ?

Un choc lourd derrière moi. le ronronnement augmente, puis cesse. Le oiseaux, pas rancuniers, reprennent leurs discussions.

Là, tout de même, il convient de se retourner, voir la chose qui a ainsi cogné l'herbe. Allez gars, courage, va aux nouvelles !

Pas besoin. Les nouvelles viennent à moi, en fait. Voix jeune, féminine: "Je vous ai fait peur, si oui, toutes mes excuses." Courtoise mais réservée. La jeune fille qui apparait m'offre un sourire sincèrement désolé. Politesse, je me lève pour demander: "Bonjour, ce bruit et ce choc, c'était quoi, vous le savez ?"  Bon, ça la fait rire: "Ben oui ! C'est mon véhicule. Un peu grand pour ma petite personne, mais c'est plein d'instruments de mesures."  Enfin, je me retourne et je vois l'engin.

Ah tout de même, c'est pas rien, son véhicule. Il occupe toute la clairière. C'est une sorte de pyramide haute de dix mètres, au jugé. Gris clair, deux rangées de hublots, une porte qui se referme au moment où je regarde l'engin. Je suis calme, même pas peur. Ben oui, pourquoi serions nous seuls dans l'Univers ?

La conductrice  s'est approchée de moi. Plutôt menue, très attirante en courbes, vêtue d'un jean bleu et d'un polo blanc, cheveux roux mi-longs, retenus par une barrette bleue. Les yeux sont verts. Belle demoiselle, je me demande si elle est vraie, ou robot bien déguisé ? Elle doit sentir ma perplexité, car elle me tend une main que je serre avec empressement. Douce, la menotte, chaude, bien vivante. Ouf ! 

"Je suis bien vivante au sens que vous savez. Avant que vous les posiez, je vais répondre à vos questions, Edouard."

Ah bon, elle me connait ? Mais nous n'avons pourtant pas été présentés. 

"Et vous, Madame, Mademoiselle ?"

"Mon prénom ? C'est à vous de choisir, ce que vous souhaitez."

Elle veut que je la baptise, c'est ça ? D'accord.

"Un prénom féminin que j'aime tant, c'est Sophie"

Approbation souriante de la Visiteuse: "Donc, je suis Sophie"

"Vous venez de loin, Sophie. Votre engin de transport n'est pas du coin. D'où?"

"Dans les galaxies autour de votre Terre, Edouard, où êtes-vous de façon précise ?"

Là, je suis coincé. Aucune idée astronomique, ma culture est littéraire. J'avoue mon embarras à Sophie qui conclut: "Dans ce cas, aucun intérêt à ce que je vous localise ma planète" .

C'est juste ! Et je lui sors ma question à cent années-lumière:   "Pourquoi êtes-vous venue chez nous ?"

"Pour vous rencontrer, vous, Edouard." Elle éclate de rire et rectifie: "Non, je plaisante ! Mon arrivée dans cette clairière était programmée. Le fait que vous soyez là, en pleine sieste, quoique pas prévu, n'a rien changé. Mais vous serez mon contact sur votre planète. Je suis venue récupérer nos observateurs. Et vous présenter nos excuses à leur sujet, pour notre comportement intrusif."

Des observateurs ? Combien, où, qui sont ils, de quoi ont-ils l'air, en voilà des manières ... Je me prépare à lui balancer tout ça sans trop de douceur, mais pas le temps, elle s'y attendait:

Oui, Edouard, vous pourrez transmettre nos excuses aux Terriens: Nous avons observé vos vies, vos coutumes, bref tout ce qui vous concerne, grâce à un nombre sans limite de Lens."

"Lens, c'est quoi Lens ?" Un peu ronchon, l'Edouard. Mon extraterrestre fraîchement baptisée ne s'en formalise pas:

"Lens. Ce sont des êtres vivants et intelligents qui peuvent observer et enregistrer tout leur environnement. Précieux, grâce à leur très petite taille."

Là, je commence à me faire du souci. "Très petite taille. Vous pouvez préciser, chiffrer ?"

Début d'embarras chez Sophie: "Minuscules, nos Lens." Elle respire un grand coup et se lance: "Invisibles à l'oeil nu. Plus petits que vos bactéries. Les mots dans vos langages, ce sont microbes ou..."

Elle s'arrête, me regarde, attendant que je l'aide. Allons-y, malgré mon inquiétude.  Brutalement, je dis: "Virus ?"

Elle retire le point d'interrogation et confirme: "Virus. Mais totalement inoffensifs pour vous tous, humains, animaux, végétaux. Les Lens enregistrent, sans intervenir. "

"Ben voyons, Sophie, prenez-moi pour un idiot. Vos Lens sont des espions"

"Non, Edouard, le mot espion a un sens guerrier, agressif. Rien de tel chez moi. Votre planète est intéressante, nous cherchons..."

"Vous cherchez à la comprendre, c'est gentil. Il ne vous vient pas à l'idée que vous introduisez dans notre atmosphère, dans nos corps, des virus dangereux ?"

"Je vous le redis: Nos Lens ne représentent aucun danger en quoi que ce soit"

Un peu égoïste, je demande: "Il y en a, dans mon corps ?"

Elle pose ses doigts sur mes tempes. Je n'en mène pas large. Puis elle sort de sa poche une sorte de stylo, le pointe vers ma bouche. Le truc s'éclaire, elle rit franchement (pas moi !) et affirme: "Ouh là oui, il y en a ! Quand ils nous restitueront leurs infos, je vous connaitrai à fond, c'est chouette, hein !"

Elle me crispe, la demoiselle à barrette bleue. Et son intuition (féminine, allons-y pour le cliché.) l'avertit qu'elle pousse un peu. Elle se fait conciliante:  "Bon, je vais accomplir ma mission. Récupérer les Lens sur toute votre planète."

Affolé, je crie presque: " Mais c'est un travail immense, si ils sont partout, dans notre air, dans nos corps. Cela fait un nombre de Lens..."

"Un nombre que vous ne pouvez pas imaginer ni envisager, Edouard, alors ne tentez pas de le faire. Moi, je peux. Je vais appeler les Lens qui vont tous venir immédiatement, de toute votre Terre, quittant les corps, les lieux. Ils se rassembleront là."

Elle pose sur l'herbe une sorte de petite bille translucide, recule et m'avertit:  "C'est fait. L'appel est lancé. Ne touchez à rien, ils s'agglutineront autour de la bille jusqu'au dernier"

Une sorte de bourdonnement doux, léger, se fait entendre, elle me rassure: "Il n'y a plus qu'à patienter, regardez, voilà les premiers."

Autour de la bille,  une pellicule rose commence à se former, qui augmente petit à petit, à chaque seconde. C'est maintenant une boule de la taille d'une balle de golf, d'un rose façon sucrerie, pas très attirant. Je pense à de la barbe à papa !

" Au final, Sophie, elle aura quelle taille, la boule ?"

"Environ huit mètres de diamètre. Mais ça va prendre du temps, je dirais une bonne douzaine d'heures.  Et il n'y aura plus aucun Lens sur votre Terre. Attendons tous les deux, tranquilles".

Et elle me demande avec simplicité: "Je vous plais ? Ma personne vous attire, mon corps,  vous me désirez ? Venez dans ma cabine, je serai volontiers à vous,  pour passer joliment les heures d'attente !" Hop, comme ça !

Je dois avoir l'air ébahi, pris au dépourvu, déstabilisé, quoi ! Et consulte vite fait ma libido, qui est aussi paumée que moi, n'ayant jamais géré ce genre de rencontre amoureuse. N'oublions pas qu'à côté de nous la boule rose grossit, le bourdonnement toujours présent. Cupidon, je voudrais bien t'y voir !

La rousse Visiteuse n'est pas du tout vexée de mon hésitation, elle s'en amuse: "Prenez votre temps, mon offre tient toujours. Je vais dans ma cabine, venez me rejoindre dès que vous le souhaiterez. Je vous dois bien ça !" Tendre, elle effleure mon visage de ses lèvres et, souple, dansante, entre  dans le vaisseau. Je reste seul, comme un benêt, à contempler la boule  de mousse rose qui prend du volume,  doucettement.

                         La suite ? Elle arrive,  au chapitre suivant ! 












  • Vite la suite ! Très bon choix de prénom ;-)

    · Il y a presque 2 ans ·
    389154 10150965509169069 1530709672 n

    sophiea

    • Merci ! Ben, la suite, elle est là, au 2e chapitre ! Attention aux Lens qui rôdent...

      · Il y a presque 2 ans ·
      Oiseau... 300

      astrov

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