Là-bas

Il se dresse. C’est l’heure. Il c’est lui, c’est moi, pas son chien, et pourtant. Ses chiens, il en a plein d’autres, en kaki, en mordoré, on appelle ça l’armée.

Aujourd’hui c’est le grand jour, mais pas pour tout le monde. D’abord, il faut se raser la moustache. Se rendre méconnaissable. Puis fuir. En calèche tel un ancien Français, ou en jet postmoderne. Quand on a l’un et l’autre, que choisir ?

L’urgence. Le souffle.

Courir.

Les opposants cernent l'Empire.

Il se ceint la tête d’un couvre-chef ridicule.

Courir.

Avec un couvre-chef.

Ce qu’il emportera dans la tombe.

Pas moi, qui aurai servi de mascotte.

Le Chat est mort ! Vive le Roi ! (Le Nouveau !)

Les gorilles hurlent. Les jaguars se préparent. Chacun choisit son camp.

Il doit faire confiance là où c’est impossible.

Il doit remettre sa vie entre des mains de paille là où tout prend feu.

Il court, il sort, il essuie un tir.

Il n’est pas touché, le tir se mêle aux barrissement général, à la fureur.

Il se plaint, il geint, et rage tout de même.

L’hélicoptère est proche.

Les hommes bariolés veillent.

Il grimpe.

Là-bas, ce sera différent.