La beauté
white-hunter
Sans doute le fait d'être un peu vide, et même vidé, vacant, un peu ravagé comme un champ de bataille. J'ai pris deux grandes claques de beauté, alors que je n'avais rien fait de bien pour mériter cela. Juste pris un abonnement avec des CD en cadeau, juste tendu le bras dans la médiathèque trois semaines avant.
Il y a longtemps que j'aimais son nom qui sonne si bien : Joyce Carol Oates. Elle se trouve sur un des rayons du haut, qui s'offrent toujours à mon œil. Mais elle a écrit des tartines, et les écrivains prolixes, ça finit souvent par faire de la merde qui fait du cash. Ou alors, il y a simplement une part de déchet en tout. Mais la Joyce, le premier bouquin d'elle que je lis tape dur. La fille du fossoyeur, un titre un peu … Bon ! La quatrième de couverture m'avait incité à garder celui-là quand même, et il m'a accompagné à la clinique, où j'en ai juste grapillé quelques pages, à toutes petites gorgées. J'avais à faire, notamment à souffrir. Le Paasilina passe mieux que la Oates, en début de convalescence, c'est évident. Comme le pantalon de survêtement, qui va mieux que le jean's qu'on ne pourrait fermer d'un seul un bras … Mais je m'égare. Pas de gare, ce roman : c'est un apprentissage, c'est plusieurs vies, c'est l'histoire au XX ème siècle, les vies brisées par l'émigration hors d'Allemagne ; c'est dense.
Bref, je l'ai terminé, mais il est à lire encore, par vous, si vous ne connaissez pas cette dame. Et pour me reposer de ma séance de paresse engagée depuis des semaines, j'ai regardé un film sur CD. Eh bien il ne s'y passe rien, avec une beauté, une lente beauté, une intense beauté qui émeut aux larmes même un vieillard aux yeux secs. In the Mood for Love doit vouloir dire "partants pour l'amour" ou un truc approchant. Mais ils ne partent pas vraiment, mais ils sont éblouissants, mais ils sont si beaux.
Terminer ce livre, voir ce film, cela fait beaucoup pour un convalescent, je trouve. Tant de beauté dans les livres, tant d'émotion dans les chefs-d'œuvre cinématographiques ... Heureux d'avoir si peu d'oreille, car ce sera déjà un crève-cœur que de mourir sans avoir lu tous les bons livres, et vu tous les bons films.
bien venu au pays des "hospitalisés". Moi c'est l’hôpital qui m'a réanimé pour la lecture rien d'autre à faire pas d'internet, pas de jeu hippique, rien que des livres. Et cela a été magique car chaque livre que l'on aime est comme une rencontre.
· Il y a plus de 9 ans ·elisabetha
"La longue route" de Bernard Moitessier, décrit son tour et demi du monde, qu'il fit un peu pour gagner une course, puis pour le voyage. Ayant fini son tour au 2/3, plutôt que de mettre le clignotant à gauche et remonter l'Atlantique pour venir chercher son globe en or, il continua, repassant Bonne Espérance.
· Il y a plus de 9 ans ·Son récit, que j'ai fini par connaitre presque par coeur, m'aidait incroyablement à sortir de ce lit, et de la peur qui me lâchait rarement. Je crois aussi ce qu'écrit lyselotte plus bas.
white-hunter
Peut-être la souffrance résiduelle laisse t-elle un limon de terreur qui nous rend plus sensible aux œuvres des hommes.
· Il y a plus de 9 ans ·La vie aussi et ses aléas.
M^me en 1000 ans, nous n'aurons pas le temps...
Partager ses émotions, c'est tout bon.
lyselotte