La Belinda. (2)

Durant tout le week-end j'avais essuyé la poussière et les verres, aussi ouvert la moitié du chat et poussé la caisse à pinard au fond du couloir (ou peut-être était-ce l'inverse). J'étais saoul comme un tapis et doux comme un coing (ça j'en suis sûr). J'attendais ma conseillère clientèle en me lavant les dents et en frottant deux fois plus sur la langue, lorsque dans la cour:

- Houhou je suis là ! Houhou... vous m'entendez ?

- Ouiouijouarrive ! Je donnamouanger ochat et jouarrive !

...

A la Belinda, il y avait autant de portes que de passages forts secrets. La maison était chaude et sentait bon les fleurs et les biscuits mélangés. Au fond du jardin, des Chefs Indiens dans des tipis et des Chefs Inuits dans des yourtes, s'occupaient de logistique et de moeurs:

Métamorphose, chef Kafka et grand voyageur, prenait soin de Lycra, une jeune fille à l'esprit vif et soyeux, folle de poêles à fond inox, moins lourdes que celles à fond fonte.

Karkasonne, femme au regard violet et éprise du Duc du même nom, cousait des logos sur des fesses en jeans et enfilait des pièges à souris sur des pattes d'éléphants pour oublier la couleur du masque sous celui de l'étain.

Duc térrorisait les esprits des 2 clans. Duc avait une bite à la place du cerveau et une queue aussi longue que celle d'un diable en vinyle sur CDiscount dans l'onglet 'Tout pour faire la fête'. On le surnommait Lucifer et habitait la maison voisine, la maison Alighieri, maison fondée en 1307  et à l' humeur parfois Javanaise plutôt qu'alligator.

Karaoké, fils méconnu de Cybelle et d'Acouphène, chantait à tue-tête des airs de merde sur des vieux 45 tours aux couvertures yéyé, pendant que Kaouète, fille de Pastis et d'Anisette, fleurtait avec Acqua, petit-fils de Giò le parfumeur et de Gaïa la terre cuite, en lui roulant des patins sur  fond de glace pilée en dessous du mojito.

On disait d'Acqua, qu'il habitait une maison qui puait le chien en ouvrant la porte et le cul en fermant les fenêtres. Acqua avait des liaisons nocturnes et des détecteurs de fumée à tous ses plafonds...