La Catin qui ne se donnait à personne

sadnezz

J'ai connu une catin. Une catin qui ne se donnait à personne. Je l'ai vue souvent grignoter des matins, s'échapper avant que l'aube ne sonne. Les hommes la voulaient pour eux, pas tous pour les mêmes raisons. Pas tous de la même manière. C'est ainsi que certains, l'aimaient mieux au fil de ses vers. Elle leur vendait sa poésie, chaude et sensorielle, occupant leurs longues nuits et leur regard adultère. A d'autres elle monnayait le cinglant d'une badine et d'une laisse. Des échanges parfois dénués de tendresse pour égayer leur ivresse, et mettre à nu le licencieux causant leurs tourments. Elle disait je me souviens:

" Les hommes sont à part, il faut les aimer comme des enfants, et les traiter par l'autorité ou la caresse. Mais jamais par le boniment."

Cette catin avait du tempérament. Tout ce qu'elle vendait appelait à l'épanchement. Les femmes aussi, venaient la voir. Cherchant dans leur moment une sorte de satisfaction fraternelle. Pute, et maternelle. Lorsqu'elle accueillait quelqu'un, c'était toujours pour lui-même. Elle écoutait, satisfaisait, et jamais non jamais ne se donnait. Barricadée. Une sorte de " regarde, touche, mais ne prends rien.", une sorte de relation qui s'égrène sans jamais toucher à sa fin.

Cette catin aimait les autres, autant que leur argent. Personne ne payait pour son corps, qu'elle offrait à ses amants. Chacun y trouvait son compte, écrasé sous son talon, bercé par ses érotiques romans, accepté tout entier, avec son lot d'indicible. Et ce qui est risible, à bien y repenser, c'est qu'elle touchait l'âme, sans jamais se laisser toucher.

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