La Chandelle

Rodolphe Gayrard

La chandelle

On était deux beaux boutonneux

A la voix grêle et chevrotante

Un p’tit duo d’enfant de chœur

Avec circonstances aggravantes

Une seule idée pour deux pensées

Un seul avenir qui valait le coup

Toucher du doigt la panacée :

Embrasser les filles dans le cou

Mais sur les bancs de nos amours

C’est moi qui tenait la chandelle

Corrigez moi si je me goure

J’ai pas roulé tellement de pelles

Moi les galoches, moi les patins,

J’n’en ai qu’une science de surface

Mais j’ai bien connu l’air crétin

Qu’on a quand deux amants s’embrassent

Moi, mes mains moites dans les poches

Je caressais le rêve louche

D’avoir même avec une fille moche

Un rendez-vous avec sa bouche

Mais au lieu de ça j’tenais bien haut

Le chandelier de leurs émois

Et les passants un peu salauds

S’amusaient de moi en tapinois

C’était une spécialité

Et tout le monde me réclamait

Pour tenir le rôle du chevet

Dans leurs petits duos mouillés

Sauf les filles ça va de soi

Qui n’aiment pas les sentinelles

Et leur préfère au moins cent fois

Ceux qui savent rouler les gamelles

Depuis j’ai soufflé les bougies

De la chandelle et de mes années

Et si j’accompagne un ami

Ce n’est jamais pour l’éclairer

Rod

Signaler ce texte