La complaisance du rêveur

keilasilion

Á la cour des candides

- Quel ennui ce bal mes courtisanes manquaient singulièrement de conversations ce soir soupire Gérald .

Ajusté comme un pacha sur son siège il l'ouvre son registre où le jeune homme répertorie avec précision ses dernières conquêtes . Ses yeux s'attardent sur un nom dont l'effet le tétanise de bonheur . De nouveau le parfum d'une jeune fleur lui a encapuciné le cœur . Á côté de cette divinité visible il note un autre nom celui de sa rabatteuse favorite qui encore une fois marque des points pour lui avoir trouvé cette sublime plante . Un présent dès plus délicat sera adressé à cette demoiselle afin qu'il puisse lui témoigner son affection . Selon Gérald la fidélité doit toujours être récompensée . Tandis que les mauvaises filles jouant les rebelles sont châtiées sur le champ . Dans son monde d'amour il n'y a jamais de demies-mesures . La belle plante sur laquelle ses iris se sont plongés ne sera jamais son véritable nom . Mais aura eu la chance de converser avec lui .

- Je ne cherche pas l'amour , je veux simplement de l'amour . Il y a tant de beautés en ce monde . Pourquoi choisir ? Il est si divertissant de les voir s'agiter dans tous les sens quand je ne donne plus aucun signe de vie . Je ne les aime pas . Je m'aime mais au travers d'elles c'est un peu de moi  que je donne quand même . Elles devraient être heureuses , m'acclamer au lieu de jacasser comme des pies . Je m'attribue un lourd fardeau souvent je suis fatigué par mes longues nuits de conversations . Je suis trop gentil , elles ne se rendent pas compte . Alors je joue , je monte des montagnes de stratagèmes avec mes rabatteuses décidant d'une jeune fille qui est prise pour me divertir . Je reste à l'écart de la partie comme un souffleur glissé dans une ouverture , je donne le ton . Malheureusement , je me lasse très vite . J'happe leurs inspirations . Et en bon prince la belle est libérée . Avec tact ou pas tout dépend de mon humeur . De toute façon je ne me salis jamais les mains et mes rabatteuses triées sur le volet savent quoi faire pour cesser les conversations . Certains pourraient trouver étranges ce petit jeu où je ne m'approche jamais de ces femmes-là . Mais que j'observe en secret afin de voir leurs évolutions au sein de notre belle cour . Il est essentiel que je reste toujours invisible cela me permet ainsi lorsque l'envie me prend de leur rendre des visites vêtu simplement  d'autres apparats . J'ai plusieurs tours dans mon sac magique .

Mes rabatteuses doivent être loquaces , très souriantes et ne doivent en aucun cas avoir peur de conter des mensonges cela va de soit . Sans avoir de pensées confuses , et en se servant de ce qu'elles ont appris chez les autres , je les autorise à jouer les victimes . Pourquoi ? Pour le simple fait de savoir qui est un cœur assez tendre pour se complaire dans le malheur des autres . J'ose dire Trop gentille trop bonne . Qui par la suite devient pour elles trop gentille trop sotte . Ne me jugez pas ne me lancez pas vos niaiseries habituelles . Les routines sont faites pour les faibles . Moi je suis lâche ce qui est différent . Mais contrairement aux autres candides je suis le plus heureux des hommes car j'ai toujours avec moi une femme dans ma manche . Et je ne les collectionne pas . Voyez j'ai de la complaisance pour la gente féminine . Par contre je n'apprécie pas que certaines me tournent le dos ! Où qu'elles comprennent mes actions . Je suis un altruiste après tout .  L'effronterie est une des plus intolérables bassesses . Après tout ce que j'ai pu faire pour elles certaines se croyant plus savantes que les autres brandissent des reproches .

Quelle ingratitude ! J'entends parfois quelques bribes de discours  que certaines racontent , les galantes et leurs petites vertus m'écoeurent . Mais les beautés sont nombreuses et le monde est grand . Mon cœur est de pierre et mes oreilles n'entendent que ce qu'elle veulent bien écouter . Et je ne changerais jamais pour tout l'or du monde .

Plus légendaire que le roi lui-même car j'ai l'âme bien demeurée dans mes convictions .

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