La contrariante vendeuse de chez PICARD surgelés

Je n'étais pas bouillant pour sortir par un froid pareil.
Le contenu de mon réfrigérateur me laissa tiède à l'idée de cuisiner.
Je devais me rabattre sur un plat préparé.
C'est ainsi que j'enfilai mon Anorak pour me rendre chez " PICARD Surgelés ".
C'est de circonstance non ? Anorak / surgelés....

La tête rentrée dans le col de mon manteau, je poussais la porte du magasin. Dès l'entrée, j'eus juste le temps d'apercevoir la jolie vendeuse, avant que mes lunettes ne soient totalement embuées. Une beauté tropicale noire aux courbes avantageuses, la tête bien détachée du corps, et des yeux de biches papillonnant. Il n'y avait que l'uniforme bleu et blanc comme la banquise qui ne lui allait que très moyennement au teint, je m'attendais plutôt à du madras...

J'étais en train de me demander si la buée sur mes lunettes venait de la torride jeune femme ou de la différence de température entre dehors et dedans, et j'espérais, dans un silence honteux, affichant un sourire malicieux, avoir découvert la réponse.

Je restais là, quelques instants, niaisement, à attendre que la divine moiteur se dissipe, quand la jeune femme m'interpella d'une voix fluette et teintée d'un léger accent créole qui réchauffe les sens :

" Excusez-moi, Monsieur ! Pourriez-vous fermer la porte, il fait froid et la chaleur s'en va... "

Effectivement. Derrière moi, la porte d'entrée était restée grande ouverte, et ceci à cause du "groom" mal réglé. Mon esprit critique eut du mal à comprendre ce qu'il y avait de mal à voir la chaleur s'en aller d'un magasin de surgelés. En principe pour conserver la chaîne du froid, c'est plutôt bon signe.

J'obtempérai.

Cependant, je devais me rendre compte que la vendeuse avait raison. Il faisait une chaleur tropicale dans ce magasin et je n'eus pas à attendre longtemps pour me défaire de mon Anorak. Qu'allais-je choisir ?
Grande question quand il s'agit de manger.

Un plat surgelé chaud pour combattre le froid ?
Ou un plat surgelé froid qui donne chaud ?

J'étais frileux...

C'est ainsi que, penché dans un congélateur, la porte de celui-ci grande ouverte, je fouillais longuement sans trouver. La jolie jeune femme m'interpella une seconde fois avec sa voix d'oiseau, avec dans le ton, le piquant du piment du même nom.

" Excusez-moi, Monsieur, pourriez-vous fermer la porte, il fait chaud et le froid s'en va... "

Elles sont contrariantes les vendeuses de chez PICARD surgelés...