La DDE II

Thomas Toledo

Jacques travaillait à la DDE depuis trente ans.

Jacques travaillait à la DDE depuis trente ans. Il était tracto-piqueur municipal et, en trente années de service, Jacques avait toujours été un ouvrier qualifié.

Ses talents étaient nombreux et utiles : il savait entre autres lacer deux en deux et compter ses chaussures, enduire de concombre un marteau-piqueur et se coiffer avec un plot de signalétique. Mais ce que Jacques préférait faire, c'était mettre des panneaux et des banderoles partout pour gêner les gens.

Oui, Jacques était un peu foufou dans sa tête; et dans le lobe droit de son oreille gauche aussi. Aujourd'hui pourtant, un incident allait bouleverser la vie de Jacques. Cela faisait déjà trois heures qu'il était en pleine partie de DDE, lorsqu'un conducteur était arrivé. Jacques n'y avait tout d'abord pas prêté une grande attention. Soudain, la voiture avait accéléré en marche arrière : Jacques n'avait tellement pas bougé que le bolide ne l'avait pas touché d'un poil. Encore sous le choc, notre brave ouvrier se remettait à peine de ses émotions qu'il couru pour rattraper la voiture qui s'éloignait de plus en plus. Et c'est sur la route nationale de Berlu-les-Oisillons que nous observons maintenant une course-poursuite incroyable.



Jacques est après lui depuis maintenant une demi-heure. En bon agent de la DDE qu'il est, il en profite pour poser des plots et des banderoles un peu partout, histoire d'emmerder son monde.
Soudain, le conducteur tourne à droite pour feinter Jacques, qui ne se laisse pas faire : au lieu de cela, il saute dans l'espoir d'atterrir sur la voiture. Il rate. Bon, tant pis; il continue quand même de pourchasser son agresseur, qui roule désormais dans les champs environnant. C'est une magnifique course-poursuite parmi les navets, les tournesols et les agriculteurs : ces derniers se mettant eux aussi à pourchasser les deux couillons qui massacrent leur gagne-pain.

Bien entendu, Jacques n'est pas homme à abandonner : alors que le conducteur se cache derrière un tournesol, il se camoufle sous un plot pour tromper l'ennemi. Ce que Jacques a apparemment oublié, c'est qu'un plot de signalétique en plein milieu d'un champ de tournesols, c'est stupide comme idée. 
Évidemment, ce qui doit se produire ne se produit pas, comme ça vous savez pas ce qui doit se produire et vous l'avez profond. Dans le nez. En revanche, pendant que l'auteur tape cette phrase, les agriculteurs et les paysans capturent Jacques et le conducteur.



Cela faisait presque cinq minutes que nos deux hommes étaient retenus prisonniers par des danseuses à tutu - nan je déconne c'était juste pour pas dire “leurs ravisseurs” et écrire une évidence - quand un délégué syndical du Comité des Paysans à Pompon et des Agriculteurs au Beurre était venu les interroger puis les interrobert.
Il avait commencé par Jacques qui, hurlant dans son plot parce que “c'est rigolo ça fait du bruit”, mettait à rude épreuve la patience du délégué. L'ouvrier s'était finalement pris trois mandales et avait arrêté de faire le gogol. Son tortionnaire était reparti avant d'avoir interrogé le conducteur et après avoir introduit dans la région post-dorsale de Jacques son plot, avec lequel il s'était remis à jouer.

À suivre en rouge.

  • Qu'est-ce que je dis moi ?
    Génial. Une suite délirante, qui tient la route !
    Je lirai la suite demain, merci pour ces bons moments.

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    Sylvie Loy

  • Tes textes me font penser aux "Chiches Capon", c'est une troupe de théâtre absolument déjantée. Si tu ne les connais pas, va sur You Tube, je crois qu'il y a des vidéos d'eux...

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    arthur-roubignolle

    • Je ne connais pas mais j'y jetterai un coup d'oeil !

      · Il y a plus de 8 ans ·
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      Thomas Toledo

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