La DDE IV
Thomas Toledo
Jacques était content. Bernard Joulon venait tout juste de le déposer sur son lieu de travail, et déjà il s'adonnait à une bonne partie de DDE. Pour le moment, lui et son équipe avaient réussi à faire craquer environs vingt-six personnes. Il y avait au moins :
- quinze ronchonneurs ;
- cinq personnes qui les avaient injurié, dont deux leur avaient balancé des petits cailloux, et ce dans une ridicule tentative de les intimider ;
- trois autres personnes avaient brusquement tourné et, dans un excès d'angoisse, s'étaient jetés en hurlant du haut d'un pont. Les embouteillages ainsi causés avaient entraînés une autre partie de DDE tellement ardue que les chars d'assaut avaient été autorisés ;
- pour finir, les trois personnes restantes s'étaient défenestrées de leur voitures avant de s'enfuir en hurlant que jamais, non jamais ils n'avaient vu d'aussi grands malades que la DDE.
Jacques pouvait être très fier de lui. Mais bon, maintenant que la partie était finie, il devait se remettre au travail -bien que cette notion soit très différente chez eux que chez nous. En effet, il devait s'assurer que les lignes hautes tensions pour lesquelles ils étaient venus étaient assez hautes pour ne pas risquer d'accident. La logique étant ce qu'elle est, et celle de la DDE n'étant pas la même, l'équipe d'ouvriers avait dû détacher les lignes pour mieux les observer. Ils en avaient conclu, après une première observation, que les gants en caoutchouc n'étaient pas là pour décorer. Puis après une deuxième observation que “non, vraiment, ils ne sont pas là pour décorer : et si on les mettait?”. Au moment de remettre les lignes à leur place, un petit bonhomme était sortit de l'une d'entre elles et avait interpellé Jacques. C'est là que nous assistons au choc des cultures de deux entités inter-dimensionnelles, Dieu que c'est beau. Faisons preuve de sagesse devant tant de poésie, et surtout vous : fermez là.
-Hey toi l'espèce de grande gigue, je peux savoir ce que tu fiches à me tripoter la ligne à haute tension ?
-Hé bien je… Enfin, je fais mon boulot vous savez.
-C'est ça ! En attendant le téléphone il marche plus, et moi je peux plus prendre les messages !
-Je suis désolé, vraiment… Mais qui êtes vous petit bonhomme ?
-Ha oui, c'est vrai…
M. Répondeur venait tout juste de réaliser que non, Jacques ne pouvait pas connaître l'existence des huclains. Après lui avoir expliqué qui il était, d'où il venait et pourquoi il en venait, M. Répondeur failli sombrer dans un profond désespoir lorsque, finissant pour la troisième fois ses explications, Jacques ne trouva rien d'autre à faire que d'enduire de concombre un plot de signalétique.
En réalité, Jacques méditait : l'huclain venait de lui dire qu'il fallait à tout prix remettre la ligne haute tension comme elle était, seulement il fallait pour cela des attaches qu'il pensait avoir. Or il n'en avait pas, et ces attaches étaient rares et ne se trouvaient que dans un seul endroit au monde : Nulle-Part. Eh oui, cette espèce de ville située approximativement à côté de Là était la seule qui fournissait ce matériel.
“En fait, c'est logique” se dit Jacques, “Nulle-Part est le carrefour inter-dimensionnel de toutes les entités existantes.”. En effet, Nulle-Part était la seule ville dans tout l'univers d'où provenaient de nombreux objets. C'était entre autre là-bas qu'était né le stylo Bic, suite à l'entreprise florissante de M. Bic, un ambitieux huclain qui, à force de persévérance, avait réussi dans la vie. Voyant que Jacques avait fini d'enduire son plot de concombre, M. Répondeur prit la parole.
-Bon alors, comment vous comptez me réparer tout ça maintenant ?
-Je suis désolé monsieur, seulement il nous faut des attaches spéciales. Or ces attaches, on ne les trouve guère qu'à Nulle-Part.
-Comment ? Il n'y a pas d'autre endroit ?
-Hélas non… Et pour trouver Nulle-Part, bon courage.
-Bon hé bien nous n'avons plus qu'à chercher. Vous voulez bien m'aider ?
-Ho bien sûr, je n'ai jamais refusé mon aide à plus petit que moi.
Sur ces mots, Jacques et M. Répondeur se mirent en quête de Nulle-Part…
À seuhühivreu.
Ah en effet, des cousins éloignés ! dont le seul point commun serait la propension à se promener au-dessus de nos têtes...oh ça ça sent la récidive, et d'une les faire travailller, et de deux les faire parler, c'est bien tentant !
· Il y a environ 9 ans ·fionavanessa
Ce qu'il y a de merveilleux avec l'écriture, c'est quand même la capacité qu'elle donne à étendre tout un monde.
· Il y a environ 9 ans ·Thomas Toledo