La Décroissance pour les Nuls
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Introduction
De décennie en décennie la décroissance est successivement passée de théorie économique dissidente à un mode de vie, de plus en plus pratiqué, fondé sur le principe de simplicité volontaire. Ses adeptes se font appeler décroissants volontaires ou objecteurs de croissance. La décroissance menace de bouleverser en profondeur les sociétés oligarchiques reposant sur une organisation capitaliste et libérale de l'économie (le « système »).
Autant chez les patrons que chez les travailleurs, l'idée de décroissance effraie et l'on ne sait pas trop par quel bout l'appréhender. Et voilà deux forces d'opposition inégales pourtant rassemblées sans qu'elles s'en doutent par l'avalanche de leurs peurs autour d'un feu bien mystérieux, à la fois prometteur et dévastateur. Le principe de décroissance n'est pas inconnu, mais jamais (ou très peu) utilisé comme modèle de société future possible dans les discours politiques.
Aussi, la plupart des objecteurs de croissance sortent du système pour se conformer à leur idée de simplicité volontaire, souvent de manière individuelle ; ce qui ne signifie nullement de façon « égoïste » ni sans considération pour les autres ou l'effort collectif, bien au contraire. Les partisans de la décroissance soutiennent l'entraide et les débats collectifs, pour le bien général et non celui d'une minorité, sans négliger personne. Leur action est généralement accompagnée d'un choix de consommation de nourriture locale, saisonnière et bio. Leur consommation de biens et d'énergie se limite à la stricte nécessité. Ce mode de vie favorise l'artisanat local et les sources d'énergie renouvelables. L'habitat est considéré avec parcimonie dans le souci d'une intégration saine avec la nature, limitant au maximum l'emprunte écologique.
La décroissance est généralement perçue comme un sheitan. C'est l'épouvantail à grands patrons et le terrain de jeu d'économistes décalés qu'on veut un peu fouineurs et provocants ; peut-être simplement visionnaires. La décroissance est plus généralement un ensemble d'idéologies que l'on rassemble sous une bannière effrayante, autant pour les patrons que pour les travailleurs : le changement. Le changement fait peur, surtout après 170 ans d'un système économique et social à bout de souffle. Le changement de plus d'un siècle et demi d'industrialisation dévastatrice pour envisager d'entrer dans un siècle neuf. C'est en tous cas la théorie, telle qu'elle put être élaborée, depuis la naissance du concept, de la fin du XIXe siècle sous forme de mouvements ouvriers aux années 1970 quand elle prend naissance sous forme académique. Nous le verrons, la décroissance est tout à la fois une solide théorie économique et un enjeu politique. C'est aussi une philosophie de vie pratiquée par un nombre surprenant de citoyens, la plupart silencieux - du moins inaudibles - et de plus en plus nombreux.
Pour tous ceux qui découvrent le mot, voici noir sur blanc l'occasion unique de se renseigner sur un avenir meilleur (meilleur dans le sens où l'on considère les conséquences de la pollution sur l'état de la planète et la santé de ses habitants ainsi que les inégalités sociales grandissantes comme un avenir moins bon). Cet avenir est probablement imparfait dans sa démonstration mais certainement pas utopique. Il fournit les bases de compréhension d'une solution - probablement la seule pratiquée - permettant de se libérer de l'angoisse provoquée par la menace dystopique d'une fin du monde longue, pénible, douloureuse et improbable. Oui, improbable ; car il est encore temps de changer les choses. Pourquoi les êtres humains voudraient continuer sans réagir positivement à faire « des boulots qu'on déteste pour se payer des merdes qui nous servent à rien » ? (Citation tirée du film « Fight Club »)
Le présent ouvrage est chapitré en suivant le principe intelligible de la décroissance. Nous allons démarrer très fort, avec de grandes idées rapportant des milliards, des gratte-ciels, des massacres, des guerres, des vies perdues, mais aussi des milliardaires, des millionnaires, des réussites spectaculaires, des montagnes d'hypocrisie, de mensonges et de corruption, de la pub, de la propagande, etc. Après avoir examiné les conséquences d'une industrialisation débridée, nous verrons où a pris naissance le principe, puis la théorie et comment la décroissance a progressivement trouvé son chemin jusque dans les plus hautes sphères de l'état. Nous verrons ses possibles applications au niveau mondial (ou global comme disent les Nord-Américains et les journalistes français paresseux). Puis nous nous intéresserons à ce qui se passe depuis un certain temps au niveau local à différentes échelles en suivant quelques exemples concrets. Enfin, nous défendrons le principe de décroissance avant de trouver, en guise de conclusion, les arguments pour le débarrasser de son image colorée venue d'un mélange d'anarchiste révolutionnaire hippie et, pourquoi pas aussi, pastafariste ou procrastinateur.
« Ils ont essayé de nous enterrer.
Ils ne savaient pas que nous étions des graines. »
(Proverbe mexicain)
Chapitrage
1 Industrialisation débridée
2 Conséquences
- Surcapacité, surplus, surproduction et subventions
- Retour des grandes inégalités, instrumentalisation du mal-être et destruction de l'identité collective
- Changement d'époque géologique : nous avons provoqué l'anthropocène
3 Naissance chronologique du principe de décroissance
- Des révoltes de la fin du XIXe à la loi de Moore
- 1971-1979 : Nicholas Georgescu-Roegen, Ivan Illitch
- Activités humaines et changements climatiques
4 Applications mondiales
- L'erreur du développement durable et sa récupération : consommer moins pour polluer plus longtemps ou le « Greenwashing »
- Apprendre à désapprendre (Galilée, Descartes, Newton, etc.)
- Sortir du capitalisme et multiplier les modèles soutenables adaptés aux conditions locales
5 Démarrage local
- Habitat : « Tiny House » et robinsonnade
- Alimentation : Bio, jardins communautaires, AMAP, consommation locale et saisonnière
- Moyens de subsistance : économie participative et gratuité
6 La décroissance en principe de bien-être
- Principe de simplicité volontaire (en opposition à la soumission volontaire)
- La Dotation Inconditionnelle d'Autonomie (DIA) ou revenu pour tous avec revenu maximal autorisé
- Partager, échanger, donner, vivre ensemble et élever l'âme
7 Derrière le masque
1. Industrialisation débridée
Selon Werner Sombart la révolution industrielle naît à Florence au XIVe siècle. Quand se multiplient les machines à vapeur et se développent les voies ferrées au milieu du XIXe siècle, la révolution industrielle s'installe progressivement dans le monde, au Royaume-Uni, puis en France, en Allemagne, aux États-Unis, et enfin partout en Europe. Les usines textiles fleurissent les premières, puis la sidérurgie (pour fabriquer trains, voies ferrées et, petit à petit, tramways, autobus, automobile, camions, entrepôts, navires, ponts, gratte-ciels, etc.). En parallèle, le charbon étant la seule source d'énergie disponible capable de mouvoir les machines à vapeur, les charbonnages puis les houillères éclosent. Le nord de la Grande-Bretagne contient les plus grandes réserves de charbon d'Europe. Une période de relative stabilité sans guerre majeure favorise cette industrialisation. Plus tard, les trois grandes guerres européennes favoriseront le capitalisme industriel et les industries de l'armement (Eisenhower voulait l'éviter), du pétrole et de la chimie.
La condition ouvrière est infernale, insalubre et sous-payée. Avant la fin du XIXe l'ouvrier n'a aucun droit et travaille 15 heures par jour, qu'il soit homme, femme ou enfant. Malgré tout, le passage de sociétés agraires et artisanales à des sociétés industrielles est inéluctable. Un exode rural apparaît dès le milieu du XIXe siècle.
Livre essentiel
« Le Capitalisme moderne » de Werner Sombart.
Si le capitalisme existait déjà dans les différentes formes de commerce mondial avant la révolution industrielle (chez les drapiers de Florence et dans le commerce au long cours notamment) il est exacerbé par des activités industrielles en pleine explosion dans tous les secteurs et métiers. La population ouvrière venue des campagnes est le plus souvent non qualifiée. Différents modèles de planification s'installent. Le Taylorisme produit, par exemple, le travail à la chaîne.
Les révoltes ouvrières s'intensifiant le syndicalisme est introduit. Dans les sociétés anglo-saxonnes (Grande-Bretagne, États-Unis) c'est un syndicalisme de contrôle qui ne remet pas en cause le système. En France, il est beaucoup moins conciliant, c'est un syndicalisme d'opposition. Né de l'apparition d'une classe ouvrière, le marxisme fait son chemin en parallèle, sous l'impulsion des travaux de Karl Marx et Friedrich Engels, jusqu'à s'octroyer le pouvoir en Russie avec le renversement de la monarchie en 1917. C'est un socialisme de lutte des classes, opposé au capitalisme, mais qui ne remet pas en cause la croissance. Il s'installe au niveau de la planification et donne tout pouvoir à l'état jusqu'à la dérive stalinienne proche du totalitarisme.
De 1851 aux années 1970, la croissance des pays industrialisés est brandie comme moteur de l'emploi, de l'amélioration des conditions de vie et de la société en général. Ses opposants sont confidentiels et l'on ne se soucie guerre des conséquences d'une industrialisation débridée sur l'environnement, la santé et le bien-être. Le rôle et le sens du travail sont transformés pour profiter au plus petit nombre situé au sommet de la pyramide économico-sociale (une seule classe sociale est à la direction de la société constate Rosa Luxembourg).
Portrait
Figure socialiste marxiste de l'internationale ouvrière, Rosa Luxemburg fut assassinée deux semaines après avoir co-fondé le Parti Communiste allemand, le 15 janvier 1919 à Berlin lors de la répression de la révolte spartakiste.
Afin de mieux faire passer la pilule vient s'installer la publicité. Elle permet de convaincre le travailleur qu'il sera heureux en touchant un salaire qui lui apportera le pouvoir d'achat (de consommer plus) et ainsi de suite de continuer à alimenter la machine de la croissance. De leur côté, les banques inventent le crédit pour pousser encore plus la consommation et donner l'illusion d'un pouvoir d'achat encore meilleur tout en dégageant un profit sur les intérêts de remboursement.
Les « Trente Glorieuses » d'après-guerre en France voient alors naître la société de consommation et la classe moyenne. Si le désir de richesse existe depuis bien longtemps, pour W. Sombart c'est l'esprit d'accumulation qui s'impose comme vecteur d'association sociale au sein des sociétés capitalistes. Le capitalisme cherche à s'affranchir de toute limite pour toujours plus accumuler de richesses.
Le savez-vous ?
Champion du crédit à la consommation, l'étasunien moyen a déjà touché en 2016 son salaire des cinq prochaines années en remboursements de crédits divers.
Florence au XIVe puis surtout Bruges au XVe connaissent leurs premières bourses. Dès le XVIe apparaissent de nouvelles théories laïques visant à renforcer le pouvoir de l'état : mercantilisme, colbertisme en France, commercialisme en Angleterre, bullionisme en Espagne. C'est la naissance de la science de l'économie. Au XVIIe la Hollande développe des comptoirs et la Compagnie des Indes orientales devient la première grande société par actions (les dividendes pouvaient aller de 15 à 25%). Les industries métallurgique, textile ou papier s'en inspireront.
Anecdote
La Hollande connut la toute première bulle spéculative dans les années 1630 lorsque le prix d'un oignon de tulipe atteignit celui d'une maison...
La croissance doit être partout. De 1750 à 1850, la population britannique passe de 6 à 18 millions. Ce qui fait craindre le pire à Thomas Malthus qui se positionne contre l'explosion démographique. Les politiques malthusiennes causeront une sous-production en France, notamment de charbon. La croissance ne tolère pas le moindre ralentissement.
Si les Rothschild, d'origine allemande, se font fait une place dès le XVIIIe siècle dans la banque, la fin du XIXe siècle voit l'éclosion des fers de lance de la finance anglo-saxonne profitant du « Gilded Age » (L'âge doré) : J. P. Morgan, A. Carnegie, les Rockefeller, les Vanderbilt ou encore la famille Astor. Tous ont bâti des fortunes en investissant dans l'industrie, en la finançant ou en pratiquant divers « coups » profitables permis – plus ou moins légalement - par les opportunités offertes avec l'avènement du capitalisme...
2. Conséquences
Citation
« Et puis un jour elle a vu la complicité entre le patronat et le prolétariat.
Leur peur identique ;
leur but identique ;
leur même politique.
Retarder à l'infini toute révolution libre. »
(Marguerite Duras, dans le film « Le Camion » de 1977)
Politiquement, le discours dominant relayé par les médias est à la croissance sans aucune alternative et à l'austérité (notamment exigée par le FMI pour aider au remboursement de la dette). Face à cette réalité, le mouvement citoyen Podemos en Espagne a rapidement gagné en voix. C'est encore un laboratoire, mais pour la première fois en Europe des citoyens sans expérience de gestion ni formation politique gagnent la confiance des votants. L'Islande est également devenue un laboratoire de la décroissance et de l'état citoyen. Suite à la crise financière de 2008, l'Islande est le seul pays européen a avoir rejeté le sauvetage des banques privées (par référendum), laissant s'effondrer certaines d'entre elles et jugeant de nombreux banquiers pour crimes financiers. En 2010, le peuple souverain élit 25 citoyens sans filiation politique parmi les 522 qui se présentent aux candidatures (condition : être majeur et avoir recueilli le soutien d'au moins 30 personnes). À la clé : changement de constitution et une croissance trois fois plus élevée qu'en Europe. Il est régulièrement reproché aux grands médias européens de ne pas trop s'en faire l'écho pour protéger un système et ne pas admettre qu'un autre système est possible.
Anecdote
Un sondage de 2016 auprès des jeunes Islandais révèle que 0% d'entre eux admet croire en dieu.
Avec une participation de l'état toujours plus grande dans la promotion du capitalisme industriel, surcapacité, surplus, surproduction et subventions sont liés. Le phénomène des « Revolving Doors » permet aux grands patrons de s'immiscer au cœur de l'état et vice versa. Ils deviennent complices.
En France, la zone humide de Notre-Dame-des-Landes est devenue depuis 2012 un symbole de la lutte des objecteurs de croissance contre l'industrie du béton (la contestation dure depuis 1972). Tous les médias sont forcés d'admettre une mobilisation de masse fin février 2016 contre le projet d'aéroport du Grand Ouest et d'assèchement de la zone humide.
Un patron lambda vous dira systématiquement que oui, la décroissance c'est bien beau mais ce n'est pas ce qui créera des emplois ni ce qui lui ouvrira de nouveaux marchés. Et qui paiera les salaires ? Un militant zadiste vous martèlera qu'est pure folie toute poursuite aveugle d'une croissance exponentielle dans un monde fini. Fini au sens géométrique.
Citation
« Seulement après que le dernier arbre aura été coupé,
seulement après que la dernière rivière aura été empoisonnée,
seulement après que le dernier poisson aura été pêché,
seulement alors tu découvriras que l'argent ne pourra pas être mangé. »
(Prophétie des Autochtones Cree)
On ne les rassemblera pas et, pourtant, le patron et le zadiste s'accorderont à dire que ce monde est fini ; au sens temporel. Qu'un nouveau monde post-industriel replaçant l'humain au centre du système doit voir le jour pour remplacer l'ancien qui marque ses limites. Mais rien ne les rassemble sur leurs visions respectives de ce futur nouveau monde. Un patron ne veut pas changer le monde, il veut pérenniser son entreprise. Si le monde change, il s'adaptera. Si ce monde est « fini », il en viendra bien un autre. L'objecteur de croissance souhaiterait qu'on mette un frein au système tant qu'il reste encore de la terre à cultiver et du bétail à élever plutôt que d'attendre la disparition de toute ressource comme on laisse s'éteindre une histoire d'amour dont on a consommé toute la flamme. Les objecteurs de croissance veulent croire à une autre histoire d'amour et chantent (Gainsbourg) « Rien c'est bien mieux que tout ».
En attendant, les conséquences de l'industrialisation du monde avec la complicité de la finance sont complexes. Si l'industrialisation et le capitalisme ont permis, d'après leurs partisans, une amélioration rapide des conditions de vie, de salubrité, de santé, de développement des populations mondiales, le bilan n'est pas si positif et les acquis sociaux n'ont pas été obtenus de facto ni offerts avec bonne volonté. Les incessantes luttes ouvrières ou prolétariennes et les mouvements sociaux en sont les véritables déclencheurs. Les richesses se déplacent en proportions inégales vers une seule classe de population : les plus riches.
Dossier (OXFAM)
Janvier 2016 les médias du monde entier s'alarment : les 62 personnes les plus riches du monde possèdent autant que les 3,5 milliards les plus pauvres, soit la moitié de la planète ! Le patrimoine cumulé des 1% les plus riches a dépassé celui des 99% restants.
L'une des conséquences les moins négligeables d'une industrialisation capitaliste débridée, qui s'est répandue, après l'Europe et les États-Unis, en Russie à la chute de l'URSS, au Brésil, en Chine et en Inde pour ne citer que les pays les plus peuplés, est la pollution généralisée de la planète. Pollution de l'air, des forêts (quand elles ne disparaissent pas), des cours d'eau, pollution visuelle et sonore des villes, jusque sur les sommets immaculés des grands massifs montagneux, les catastrophes écologiques provoquent de massives disparitions d'espèces végétales et animales ainsi que des bouleversements climatiques irréversibles. La planète se réchauffe, les océans s'acidifient, les glaces fondent à un rythme alarmant. Nous ne connaissons qu'une infime partie des conséquences qui viendront bouleverser nos modes de vie : montée des eaux, phénomènes climatiques catastrophiques à répétition, conflits de l'eau, etc.
Dossier (CNRS)
« L'eau, une source de conflits entre nations »
L'homme a ainsi provoqué le passage de la planète dans une nouvelle ère géologique (encore en discussion pour son officialisation) : l'anthropocène, nouvelle période où l'activité humaine est devenue la contrainte géologique dominante, touchant jusqu'à la lithosphère.
(à suivre...)
S'il est certainement possible de critiquer dans les sociétés post-industrielles le mode de vie d'hyperconsommation qui est certainement plus aliénant que libérateur, il faut faire attention car avec une croissance démographique en France de 0.4% et une croissance nulle, nous sommes d'ores et déjà en décroissance. Si le concept est clair pour beaucoup d'Européens fatigués du tout productivisme esclavisant et aliénant, il ne faudra pas se surprendre non plus de s'apercevoir qu'il a des relents de néo-colonialisme pour certains citoyens et analystes du sud, qui y voient une manière de bloquer le développement des pays en question. La décroissance peut avoir du sens à Paris, Londres ou New-York pour redonner du sens à sa vie. C'est parfois aux yeux de populations qui vivent dans la misère depuis des siècles et qui n'ont jamais été encore touchés par les "travers" du capitalisme, et qui aimeraient l'être un peu, un concept de riche qui fait rire ou enrager.
· Il y a presque 9 ans ·Lyonel Scapino