LA DENTELLIÈRE D’YSBROUFFE
suemai
Au reflet de l'aube, quelques gouttes de soleil tentaient de se faufiler par une fenêtre entrouverte. Assise sur cette craquante chaise, aux bruissements légers et réguliers, cette tisserande, jeune femme enrobée de jasmin et de lilas, crochetait délicatement un fil de soie, suivant un ordre bien précis: celui du motif que sa mémoire conservait jalousement. Une nouvelle œuvre tissait le temps. Telle une araignée vertueuse, la dentellière d'Ysbrouffe ne travaillait qu'à la lumière du jour. Ses mailles s'additionnaient et surgissait alors, la beauté vêtue de soie. Tout doucement, elle soulevait le travail et l'examinait soigneusement. Elle y apportait quelques correctifs et déposait l'ouvrage sur une petite table attenante.
Les cloches de la petite église s'agitaient. Le jour du seigneur s'annonçait pavé d'arcs-en-ciel aux éclats aveuglants. « Que Dieu préserve cet Éden offert à ce petit bourg, perdu dans un nulle part, au creux d'un vallon cachottier. » Soudain, tout s'illuminait, comme astiquer par des mains à la magie divine. Les fidèles empruntaient de petits sentiers scintillant d'or et de saphirs. L'église se parait, fièrement, de son chatoyant châle aux si douces perles d'Asie. Une messe se célébrait, sous le charme mystique de chants enchantant l'ouïe du doux mystère des cieux.
Puis, comme il se devait et se pratiquait chaque mois, les hommes et les femmes se dirigeaient, avec dignité, vers la maison de la tisseuse. Elle ouvrait. Par groupe de dix, les villageois pouvaient contempler le trésor du village; toutes ces pièces uniques au monde. Les tissus de lin et de soie se suspendaient tel des angelots heureux. Les motifs se fixaient dans l'imaginaire de chacun. Il s'agissait bien d'un lieu fréquenté avec une passion peu commune. Puis, tous renouaient avec leurs tâches quotidiennes. La dame refermait. Elle s'asseyait en plein soleil, laissant rougir son regard sous le voile de sa chaude paupière. Après un certain temps, elle ouvrait doucement les yeux. Il s'y dessinait une forme, une image, ce qui deviendrait le centre de son prochain tissage.
Sous la fenêtre aux teintes changeantes, elle s'asseyait et reprenait le travail, conservant en elle le motif qu'on lui avait offert, cette offrande essentielle à la survie du petits pays d'Ysbrouffe.
Très beau texte, j'aime beaucoup ton style et je vois spontanément les images s'animer sous mes yeux. :)
· Il y a plus de 7 ans ·Sy Lou
voilà qui n'est pas sans capturer mon égo...^^ je suis heureuse pour le texte, je l'aime aussi. Bises, Sue
· Il y a plus de 7 ans ·suemai
Ta très belle plume sied parfaitement à ce texte apaisant sue. Une bouffée d'air dans notre monde perturbé. Bises
· Il y a plus de 7 ans ·nilo
alors dis-toi que je l'ai écrit pour toi^^ bisou
· Il y a plus de 7 ans ·suemai
Quelque soit le sujet que tu exploites, ta plume est toujours aussi magnifique, merci Suemai
· Il y a plus de 7 ans ·marielesmots
alô Marie, c'est un bien beau compliment que j'accepte volontiers. Curieux, ce texte ne semble plaire à certaines personnes que j'estime tout comme toi, Bises +++
· Il y a plus de 7 ans ·suemai
C'est agréable. Bravo.
· Il y a plus de 7 ans ·le-droit-dhauteur
un gros merci, cher monsieur^^, une lecture agréable que vous partagez avec moi, c'est plus qu'il n'en faut. +++
· Il y a plus de 7 ans ·suemai